La cour d'assises spéciale qui juge les complices présumés de Mohamed Merah a examiné ce mardi après-midi des fichiers retrouvés sur un Ipod saisi chez Abdelkader Merah. "Le jihad pour les nuls" selon l'accusation et les parties civiles.
C'est un simple lecteur audio numérique, de type Ipod, saisi au domicile d'Abdelkader Merah à Auterive (Haute-Garonne) durant une perquisition. Mais son contenu pose question.
La Cour d'assises spéciale de Paris a examiné ce mardi les fichiers partiellement traduits. Il s'agit de fichiers audio enregistrés par un cadre de l'organisation terroriste Al Qaida, à laquelle le frère de l'accusé, Mohamed Merah, a fait allégeance en mars 2012 avant sa mort. Toute la question est donc de savoir pour quelle raison Abdelkader Merah les avait sur son ipod, qui les lui a transmis et s'il s'agit d'une preuve de son implication dans la préparation des crimes terroristes de son frère.
Comme lors de son interrogatoire sur son parcours religieux vendredi dernier, le principal accusé a répondu longuement mais certaines de ses réponses se rapprochent de l'esquive.
Que contiennent ces fichiers ? Il s'agit d'une sorte de manuel du parfait terroriste salafiste. Une somme de petits conseils opérationnels : comment passer inaperçu, ne pas habiter des endroits exposés, raser sa barbe, porter des chaussures confortables, ne pas fréquenter des lieux de cultes, etc.
Abdelkader Merah a d'abord indiqué à l'audience qu'il avait récupéré ses fichiers car il s'intéressait à l'arabe littéraire qu'il avait commencé à apprendre dès ses premiers voyages en Egypte. Ces fichiers audio lui auraient donc permis de réviser l'arabe lorsqu'il travaillait sur les chantiers en tant que peintre en bâtiment. Ce qui a provoqué la colère de certaines parties civiles :
On ne lit pas Mein Kampf quand on veut apprendre l'allemand ! (Maître Mouhou)
L'accusé a finalement expliqué qu'il voulait "connaître les arguments d'Al Qaida". "Pour les combattre ?" lui a demandé le président. "Non, pour savoir".
Quant à d'éventuels échanges à ce sujet avec son frère Mohamed, Abdelkader Merah a indiqué qu'ils n'en avaient jamais parlé ensemble.
Si j'appartenais à Al Qaida, je le revendiquerais (Abdelkader Merah)
Abdelkader Merah et son avocat, Maître Eric Dupond-Moretti, ont indiqué que ces fichiers n'étaient qu'une infime partie de ce qui se trouvait sur le lecteur numérique. Et que les policiers n'en avaient fait que des traductions partielles, retenant les passages les plus significatifs : "Si on veut me mettre sur le dos que les audios sont en lien avec les attaques (NDLR : de son frère Mohamed Merah) alors il faut traduire l’intégralité !"
Pour son avocat, le fait qu'il ait conservé ses fichiers sur un lecteur MP3 prouve qu'il n'était pas en lien avec son frère, car justement ces fichiers indiquent qu'il ne faut garder aucune trace sur les ordinateurs ou supports numériques. Pour Maître Dupond-Moretti, ces fichier sont donc "des éléments à décharge".