Coronavirus : l’apprentissage en Occitanie, un avenir incertain face à la crise économique

Les CFA se sont adaptés à la crise sanitaire pour valider cette année. Mais la grande incertitude concerne le devenir des entreprises d’accueil des futurs apprentis. Joueront-elles le jeu ? RDV à la rentrée.
 


2019 a été l’année record de l’apprentissage, avec une augmentation des contrats de 21 % en Occitanie. Mais l’embellie s’est ternie en ce printemps de confinement.
Et l’avenir est encore plus incertain. Les campagnes d’information et de recrutement ont été stoppées par la crise sanitaire. Du côté des entreprises, les difficultés rencontrées ne les incitent pas à l’embauche de jeunes à former. Résultat, la baisse des contrats pourrait être d’au moins 30%.

Inquiétudes dans de nombreuses filières 

En Occitanie, les plus grandes inquiétudes planent sur la filière aéronautique mais aussi le tourisme, la restauration et l’hôtellerie. Et dans ces deux dernières activités, pour évoquer l’avenir des apprentis, autant lire dans une boule de cristal !
Dans l’Hérault, les deux centres de formation d’apprentis de la Chambre de commerce et d’industrie sont fermés. A l’exception des examens, ils ne rouvriront pas avant la rentrée.

Difficile apprentissage en ligne

Sud Formation Hérault regroupe plus de 1500 apprentis, soit un tiers des apprentissages gérés par les CCI en Occitanie. Les deux centres à Montpellier et Béziers forment en majorité aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Deux secteurs à l’arrêt depuis mi-mars et le début du confinement ! Les apprentis ont poursuivi leur enseignement en ligne mais ont passé la majeure partie de leur temps désœuvrés.

Ces jeunes sont désemparés depuis que leurs entreprises sont fermées,

déplore Bernard Cabiron, le président de Sud Formation Hérault. "Il a fallu obtenir l’engagement du maintien de leur rémunération, soit un minimum de 8€ l’heure pour les plus jeunes ». Les CFA croulent aujourd’hui sous les demandes pour la rentrée, et accumulent les CV. Mais il faudra trouver un maitre d’apprentissage à tous ces postulants. 

Comment y parvenir alors que la reprise n’est toujours pas d’actualité ?

Lui-même à la tête d’une entreprise de traiteur, Bernard Cabiron évoque des employeurs très inquiets, plus soucieux de la survie de leur activité que d’embaucher un apprenti. « Il ne faut pas croire, l’apprentissage a un coût financier et beaucoup auront du mal à rémunérer un jeune en apprentissage, prévient-il. On a demandé une aide au recrutement d’un apprenti mais pour l’instant, nous sommes dans le flou complet ! »

Reprise en douceur pour le Pôle Formation de l'UIMM

Le Pôle formation de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie d’Occitanie a rouvert ce lundi. Une reprise sous conditions qui n’a permis d’accueillir qu’une quarantaine de jeunes en contrat d’alternance sur les 650 qui viennent habituellement se former à Baillargues dans l’Hérault.

« Certains apprentis n’étaient pas du tout équipés pour les cours à distance, donc nous leur avons donné la priorité », explique Elsa Seraphon, la directrice du pôle formation. Pendant le confinement, les apprentis ont continué leur enseignement à distance, en lien direct avec leurs formateurs.

Concernant les périodes en entreprise, certains ont pu continuer leur alternance, d’autres ont bénéficié des mesures de chômage partiel. Au total, le CFA n’a déploré qu’une dizaine d’abandons. Et pour les examens, ils sont prévus sur la base du contrôle continu et des évaluations qui seront réalisées début juin.
En parallèle, le Pôle formation multiplie les initiatives auprès des jeunes, parents et grand public. Les journées portes ouvertes ont été annulées mais pour ne pas rater cette période cruciale, l’établissement proposera les 3 et 10 juin « Les rendez-vous de l’apprentissage dans l’Industrie » avec des apprentis, formateurs et conseillers.

Depuis fin avril, des Jeudis de l’Alternance On Line sont également organisés afin de présenter les formations proposées, les modalités pédagogiques et les conditions d’admission pour la prochaine rentrée. « Il est difficile de mesurer aujourd’hui les effets de la crise. Pour l’instant, nous n’avons pas observé de baisse significative des offres d’emploi dans l’industrie mais l’incertitude plane sur la rentrée de septembre », conclue Elsa Seraphon.

Ciel gris pour les CFA

Un vent de crainte souffle beaucoup plus fort sur le Centre de Formation des apprentis (CFA) de la Chambre des métiers de l’Hérault. Ce centre de formation qui réunit 250 apprentis restera fermer jusqu’à la rentrée. Baptisé l’école des métiers de l’Hérault, il délivre des formations en esthétique, aux métiers de bouche, du bâtiment, de la vente et dans la filière hygiène et propreté. Autant d’activités très touchées par la crise sanitaire.


Le président de la Chambre de métiers, Christian Pujol prophétise une crise en devenir, quand les aides et les subventions se seront taries. « Pour l’instant, l’apprentissage n’est pas touché mais nous n’avons pas encore lancé les prochaines inscriptions, explique-t-il. Certains artisans m’ont annoncé qu’ils ne reprendront pas d’apprentis ».

Le CFA tente de démarcher artisans et entreprises pour sonder leurs besoins pour la rentrée. Mais le bilan est trop tôt à établir pour savoir si les entreprises vont parvenir à s’en relever et à embaucher. Dans les secteurs concernés, le président de la Chambre de métiers craint qu’à la rentrée, ce soit la prochaine fournée d’apprentis qui en fasse les frais.
 
L'UIMM: une force incontournable de la formation
L’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie Occitanie côté Languedoc-Roussillon fédère plus de 300 entreprises technologiques et industrielles, soit 21 500 salariés. Le Pôle dispense 27 formations en alternance et forme chaque année plus de 650 apprenants du CAP au diplôme d’Ingénieur.
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