Coronavirus : un dispositif mis en place pour lutter contre la contagion de Covid-19 dans les Ehpad d'Occitanie

Ils veulent prévenir "un cataclysme" sanitaire dans les 805 Ehpad d'Occitanie. Les pôles gériatrie des CHU de Toulouse et de Montpellier ont mis au point ces derniers jours tout un dispositif d'aide aux établissements pour tenter d'y contenir la contamination de Covid-19.

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Pour éviter une catastrophe sanitaire liée au Covid-19 dans les Ehpad d'Occitanie, ils ont conçu un vaste plan de prévention. Détection et exfiltration du premier malade, plateforme téléphonique de conseil et soutien, téléconsultations : les pôles de gériatrie des CHU de Toulouse et Montpellier veulent tout faire pour prévenir ce qui serait selon eux "un cataclysme". Leur plan a été relayé aux 805 Ehpad de la région par l'agence régionale de santé (ARS) et il pourrait être repris dans d'autres régions.

"L'idée est de partager ce dispositif aux régions volontaires" indique un de ses concepteurs, le gériatre Hubert Blain, professeur au CHU de Montpellier. "Chaque ARS peut s'en emparer."

Un plan forgé mi-mars, après le cas de l'Ehpad de Mauguio

Cette "stratégie" a été élaborée dès la mi-mars, après l'entrée de l'épidémie dans l'Ehpad de Mauguio près de Montpellier, où 12 résidents sont décédés, détaille son homologue toulousain, le professeur Yves Rolland.Elle mobilise au CHU de Toulouse six médecins et six infirmières. A Montpellier, deux gériatres, un gastroentérologue, ainsi que des infirmiers et techniciens de laboratoire issus de la réserve sanitaire sont concernés.
           

Dépister et exfiltrer précocément

Pour les Ehpad encore préservés de l'épidémie, le principe est de dépister et d'exfiltrer le plus précocement possible le premier cas, explique le professeur Rolland. De repérer aussi des "signes non annonciateurs". "Dans l'Ehpad de Mauguio, nous avons pu constater des symptômes de diarrhées, chute, déshydratation ou fatigue, qui n'ont au départ pas été attribués au Covid-19. Puis les patients ont développé des insuffisances respiratoires. Il nous a fallu un peu de temps pour comprendre, mais avec cette expérience, nous avons pris un peu d'avance", complète le professeur Blain.           


Trouver le soignant "porteur-zéro"

Confinées, les personnes symptomatiques sont testées en cas de difficultés respiratoires. Si la contamination est avérée, le résident contaminé sera "exfiltré" et hospitalisé à Toulouse. Un transfert encore possible aujourd'hui mais "cela ne sera peut-être plus le cas ces prochains jours", prévient le professeur Rolland.
Il faudra aussi trouver "le maillon contagieux". A l'heure où tous les établissements sont fermés aux familles, il ne peut s'agir que d'un soignant qui devra quitter l'établissement. 


Une permanence téléphonique pour aider les personnels       

Une cellule d'écoute téléphonique est également mise en place pour le personnel et les médecins coordonnateurs des Ehpad. Et une liste de préconisations a été établie pour les aider :
  • Comment organiser le confinement ?
  • Comment remplir un certificat de décès ?
  • Comment assurer la restauration ?
  • Comment réaliser des soins bucco-dentaires ?
Les personnels "ne sont pas démissionnaires", salue le professeur Rolland, pour qui le coronavirus menace d'un "cataclysme" dans les Ehpad. Mais fixer la marche à suivre s'impose d'autant plus, selon lui, qu'il "y a encore des établissements mal préparés, un peu passifs, où on a l'impression que tout le monde n'a pas encore pris conscience" de la gravité de la situation.
          

Des téléconsultations gériatriques

Pour les établissements où l'épidémie s'est déjà installée et qui par conséquent, sont désormais aux soins pourtant nécessaires pour l'ensemble des résidents, des téléconsultations gériatriques seont mises en place. Une expertise en soins palliatifs est également proposée, en veillant à ce que "toute la dimension éthique" soit respectée, souligne le professeur Rolland.
 

Des professionnels dans l'attente

Martine Ménard, directrice de la maison de retraite Les Dominicaines, à Ganges (Hérault), s'est inscrite dans le dispositif. Elle n'a pas encore eu de retour. Dans l'attente, pour maintenir le virus hors les murs, les repas en commun et activités de groupe des 43 résidents ont été supprimées.
Élise Portales, directrice de la maison de retraite des missions africaines, à Montferrier-sur-Lez (Hérault) compte sur sa part sur la cellule d'écoute proposée pour soutenir son équipe. Même si aucun cas de Covid-19 n'a pour le moment été recensé dans son établissement, "ce temps sera, je pense, très apprécié. Ces professionnels sauront trouver les mots", espère-t-elle. 

Retrouvez ici la carte des Ehpad de la région Occitanie :

Un dépistage systématique toujours réclamé

Le nombre d'Ehpad touchés n'a pas encore été communiqué par l'ARS d'Occitanie. Dans le Tarn, le président du département, Christophe Ramond, demande depuis plus d'une semaine un dépistage systématique des résidents et des soignants pour éviter une "hécatombe".Il a été rejoint dans sa démarche par Guillaume Marzocchi, le président de l’Union départementale des établissements pour personnes âgées qui réunit tous les Ehpad du Tarn. Dans un communiqué commun adressé à l'ARS, ils soulignent que ses recommandations sont claires pour les soignants mais regrettent "un décalage entre les consignes et les moyens dont disposent encore actuellement les établissements médico-sociaux du Tarn".
Ils insistent une nouvelle fois sur le dépistage. C'est selon eux, "un facteur déterminant dans la dimension psychologique de la gestion de crise avec les soignants". "L’incertitude est anxiogène" dit Guillaume Marzocchi, "le personnel est le seul vecteur de risque pouvant faire entrer le virus dans nos établissements. C’est pourquoi ce dépistage est essentiel pour nous".
 
 
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