Coronavirus : les infirmiers libéraux, grands oubliés de la crise sanitaire

Après "A poil contre le Covid", le collectif "SOS soignants en danger" lance un nouveau clip choc pour alerter contre le manque d’équipements. Deux mois se sont écoulés depuis le début de l’épidémie mais les infirmiers libéraux sous équipés travaillent toujours au péril de leur vie.
 


Tous les soirs, à 20 heures, les français à leurs fenêtres applaudissent les soignants : médecins, infirmiers, aide-soignants, brancardiers... toutes ces professions qui se donnent corps et âme pour tenter de juguler l'épidémie.

Dès le début, les soignants à l'hôpital ont dénoncé le manque de lits et de respirateurs pour les patients et le manque de moyens de protection (masques, combinaisons, charlottes...) auquel ils doivent faire face.

Si petit à petit la situation semble s'améliorer à l'hôpital,  les soignants de ville, eux, restent toujours dans le plus grand dénuement et se sentent totalement abandonnés.
 

 Un clip pour alerter 


C’est de Perpignan qu’est partie l’idée d’une vidéo, le second SOS posté ce dernier mois sur les réseaux sociaux après "A poil contre le covid 19 " , le clip intitulé "Les sacrifiés de la Santé" exprime ce sentiment d’aller nu(e) au combat  "On nous dit que nous sommes des héros, mais pourquoi personne ne nous aide ?" peut-on lire sur le montage vidéo.

Aujourd’hui, les collectifs "SOS soignants en danger" rassemblent cinq cents infirmières et infirmiers libéraux dans toute la France. Envoyés au front quasiment sans protections, le collectif relaie la colère et l’angoisse des soignants à domicile, désarmés, isolés. 
 

A domicile, en première ligne,  sans masque face au coronavirus


"Concrètement, aujourd'hui - si livraison - on a droit à dix-huit masques par semaine (Quinze masques chirurgicaux et trois masques FFP2), c’est beaucoup trop peu. Pour une tournée quotidienne de quinze à vingt patients, ça tient à peine trois jours et demi" nous dit Dominique, infirmière libérale à Montpellier, qui a même tenté de laver les masques pour pouvoir les réutiliser.

Alexandre Lopez, infirmière libérale Perpignan, ajoute : "Un masque chirurgical se garde 4 heures... on est loin du compte ! Le pire c’est que le plus souvent ils sont périmés, les élastiques se cassent, les FFP2 s’effritent s’ils ne sont pas moisis. Les pharmacies ont la consigne de puiser dans leurs vieux stocks pour les infirmières libérales. On vient d’apprendre qu’elles pourraient largement commander des masques mais elles n’ont pas le droit de le faire, ils sont réquisitionnés par l’Etat... On est dégoûtées."
 
 

Et pour le reste de l'équipement, là aussi... c'est problématique


Charlottes, sur-chaussures, gants, lingettes désinfectantes pour nettoyer le matériel entre deux patients... Ces équipements que ces soignants se payent eux mêmes, sont le plus souvent manquants chez les fournisseurs de matériel médical. Quant aux blouses réclamées à corps et à cris depuis le début de l’épidémie ? Rien, toujours rien ! Les témoignages se suivent et se ressemblent :
  • "J'ai eu des charlottes par un restaurant que je connais..." 
  • "J'ai trouvé des sur-chaussures chez Métro..."
  • "J'ai couru partout sur mes repos, pour trouver des charlottes..."
  • "J'ai reçu aujourd'hui des masques FFP2 avec la mousse qui s'effrite..."
  • "Moi, c'est une couturière qui m'a fabriqué un calot..."

A cause d'un tel manque de matériel, certains infirmiers et infirmières qui ont des enfants ont décidé de s'organiser car - sans protection ni test - ils, elles ont peur de contaminer leurs enfants ou leurs patients.

Notre plus grande peur : être vecteurs du covid 19 et contaminer tous nos autres patients, infecter nos familles, être malades nous aussi... On part travailler la peur au ventre, on ne lâchera jamais nos patients mais on a peur pour eux, pour nous, pour nos familles


Elisabeth Garreau, infirmière libérale à Perpignan, ajoute : "Mes enfants sont chez leurs grand-parents, cela fait des semaines qu’on ne se voit pas. C’est très dur moralement, pour eux, pour nous... Je suis à fleur de peau, on vit dans l’angoisse, sans nos familles et personne ne nous entend. On a l’impression de crier dans le vide, c’est pour être enfin entendus qu’on a lancé un nouveau clip..."  Comme une bouteille jetée à la mer.
 

Les oubliés de cette guerre sanitaire


Alors que leur rôle de professionnels de santé en ville est primordial face à l’épidémie, les infirmièr(e) libéraux ont l'impression d'être les oubliés de la santé. Confrontés chaque jour à des patients malades donc fragiles, porteurs ou non du Covid 19, ces soignants ont le sentiment d’être abandonnés des pouvoirs publics sous tous les aspects.
 

Quand on voit les primes annoncées, c’est génial pour nos collègues saalariés mais, encore une fois, nous on n’existe pas... On n’a même pas d’exonération de charge ! 


Les soignants redoutent une nouvelle vague d’épidémie : "Nous sommes les otages d’un système qui nous oblige à continuer de soigner nos patients, même sans protection ou avec des masques défectueux . Il est urgent de nous entendre, maintenant, s’il n’ y a pas une prise de conscience du gouvernement, on court à la catastrophe !".
 
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