En période de confinement, la promiscuité et l'enfermement peuvent aggraver des situations familiales déjà tendues.
Les associations et les forces de l'ordre craignent que le confinement aggrave la violence dans les familles. Le témoignage d'une victime qui s'en est sortie.
A 45 ans, Enza vit seule avec ses deux filles, après avoir porté plainte contre son conjoint pour violences conjugales. Elle essaie de se recontruire petit à petit, mais aujourd'hui elle pense aux femmes qui vivent sa situation du passé et qui sont confinées chez elles avec un mari violent. "Il faut partir, on sort, on fait partir les enfants. Partez tout de suite. La vie est très belle..."
Dérogation pour se rendre à la gendarmerie pour dénoncer ces violences
A Villeneuve-Tolosane, une cellule spéciale de la gendarmerie travaille sur ces faits de violences conjugales : la Cellule de Lutte contre les Violences Conjugales (CeLViC).En cette période de confinement, Aurélie Giraud, officier de gendarmerie de la CeLViC, rappelle : "la personne maltraitée a évidemment une dérogation pour se rendre à la gendarmerie et dénoncer les faits de violences conjugales. Il ne faut pas hésiter, la personne sera relogée si besoin."
Car malgré les mesures de restrictions, "les mesures d'accompagnements des victimes sont actives. "
Une cellule dédiée à la lutte contre les violences conjugales
La CeLViC reste elle aussi active. En cinq ans, les violences conjugales ont bondi de 20 % en Haute-Garonne. Créée en janvier 2020, cette cellule vise à améliorer la prise en charge, l'écoute et l'accompagnement des victimes. Elle regroupe 6 gendarmes spécialement missionnés pour traiter ces affaires uniquement. "La particularité de cette cellule c'est que les enquêteurs sont déchargés de toutes autres problématiques", explique le commandant Emmanuel Chanon, à la tête de la brigade Toulouse Mirail. "Ils peuvent aller plus loin dans les investigations, apporter plus de preuves à la justice et ainsi permettre de confondre les auteurs de manière plus certaine."
Le rôle fondamental des proches et voisins
Dans le Gers, depuis le début de la période de confinement, on constate une explosion des défèrements pour violences conjugales dans les familles.
Charlotte Beluet, Procureur de la République à Auch, explique la difficulté que peuvent avoir les victimes à sortir déposer plainte :
C'est beaucoup plus compliqué pour elles parce qu'elles ne sont plus jamais seules, elles sont confinées avec leur agresseur potentiel.
Dans ce cas, le Procureur rappelle le rôle fondamental joué par les familles et les proches. "Il est impératif plus que jamais qu'ils nous dénoncent ces faits, qu'ils nous alertent".
En cette période de confinement, les écoles sont fermées. Or, c'est en général des professeurs que proviennent les signalements. Le rôle des voisins, de la famille, et des amis, est d'autant plus important pour les victimes de violences conjugales.
Le reportage de Christine Ravier et Xavier Marchand