"Mon ex-compagnon m’a violée" : à Montpellier, les femmes dénoncent les violences qu’elles ont endurées

Ce samedi 18 janvier 2020, des centaines de personnes se sont rassemblées à Montpellier, avec un objectif : faire entendre leur voix et dénoncer les violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, psychologiques ou économiques.

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Il est 14 heures. Depuis quelques minutes, des femmes et des hommes affluent sur la place de la Comédie, à Montpellier, dans l’Hérault. Au milieu de quelques gilets jaunes, plusieurs pancartes apparaissent, où l’on peut lire :

Quand il me violait, mon ex me disait "c’est oui et pas non".

"C’était mon meilleur ami, il m’a violée à ma sortie de l’hôpital après une tentative de suicide dont il m’avait sauvée."

Les pancartes sont édifiantes, les phrases chocs. A la hauteur des histoires de chacune et chacun. Ici, toutes les femmes ont quelque chose à raconter. Peu d’entre elles peuvent en parler librement. Parfois, certaines nous confient être en procès contre leurs ex-conjoints. "Je ne peux pas témoigner."
 

"Le violeur c’est toi"

Après s’être rassemblées, les femmes, accompagnées de quelques hommes, se préparent pour interpréter une chorégraphie et un chant venus tout droit du Chili.  "Un violador en tu camino" est devenu l’hymne universel contre les violences faites aux femmes, dont voici les paroles :

Le patriarcat est un juge,
Qui nous sépare pour mieux régner,
Et notre punition,
Est la violence que tu ne vois pas.
Le violeur, c’était toi,
Pour nos sœurs assassinées, plus jamais d’impunité.

Le poing en l’air, les femmes et les hommes répètent cet hymne, en plein cœur de Montpellier.

Une parole plus libre ?

Marie-Noëlle Lanuit est sexothérapeute et l’organisatrice de ce flashmob féministe avec le collectif Nous Toutes 34. Pour elle, la parole se libère depuis l’affaire Weinstein et le mouvement Me Too.

On ne laisse plus rien passer. On ne peut plus entendre des réflexions sexistes. Les femmes parlent et celles qui le font, le font pour celles qui ne peuvent pas le faire.

Cette liberté de parole a aidé Marina à prendre conscience de la situation actuelle : "Il y a quelques semaines, j’ai vraiment pris conscience de la souffrance des femmes, partout dans le monde. Pourtant, tous les jours, quand je sors dans la rue, je vois des hommes me regarder, regarder mes seins et mes fesses. J'en ai presque honte et je baisse le regard." A tel point que Marina s'y est habituée, minimisant ce qu'elle vit au quotidien. Mais une scène restera ancrée dans sa mémoire. Elle l'a vécue lorsqu'elle avait quatorze ans.

J’étais dans un square, et un homme est venu me demander si je pouvais lui "lustrer le champignon"… J’avais 14 ans !

Le traumatisme des violences physiques

Au-delà des atteintes verbales, il y a aussi les violences physiques. Nous rencontrons Jémina, 19 ans. La jeune fille accepte de témoigner d’un passé, aujourd’hui cicatrisé.

Il y a un an, mon ex-compagnon m’avait forcée à avoir une relation sexuelle avec lui.

"Il m’a forcée toute la journée en me mettant la pression. Il était très insistant. J’ai fini par dire oui. Le lendemain, je ne me suis jamais sentie aussi mal de toute ma vie. Sur le coup, je n’aurais jamais cru que c’était un viol. C’était mon mec ! Pour moi, c’était normal qu’une femme cède quand son copain a envie d’elle."

Deux semaines plus tard, Jémina en parlera à sa famille qui lui conseillera de porter plainte. Pourtant, la jeune fille ne le fera pas, du moins pas pour le moment. Aujourd'hui, elle est soulagée : elle met désormais des mots sur ce qui lui est arrivé.

Des signes avant-coureurs

En tant que sexothérapeute, Marie-Noëlle Lanuit met en garde: certains signes avant-coureurs peuvent annoncer des violences.

Dès que la moindre liberté est supprimée, que ce soit de sortir avec ses copines, de s’habiller comme on le veut, de faire ce que l’on veut et quand on le veut, c’est que la situation commence à dérailler.

"L’humiliation et le dénigrement sont également des signes. Des exemples : des petites phrases toutes bêtes sur le fait qu’on ait pris trois kilos, sur le jugement d’une tenue, ou d’un comportement. Ce n’est pas normal !"

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, le collectif "Nous Toutes 34" appelle les manifestants à se rendre à partir de midi, place de l’Europe à Montpellier pour "la marche des fiertés féministes".

Marie-Noëlle Lanuit est confiante : "il va falloir du temps pour que ça évolue, mais on y arrivera".
 
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