A quoi ça ressemble un vilain virus… quand on a 5, 7 ou 10 ans. Comment vit-on le confinement à cet âge-là ? Depuis trois semaines, parents et enseignants rivalisent d’imagination pour que les enfants aient leurs mots à dire face au Covid 19. Exemple dans l’Aveyron et à Toulouse.
Maman, papa, c’est quoi le coronavirus ? Pourquoi y a plus école ? Deux questions auxquelles les parents de jeunes enfants ont dû répondre en hâte le 12 mars dernier. Ce jour-là, avant le confinement généralisé, le président de la République annonçait la fermeture des établissements scolaires.
Depuis, Coronavirus, Covid 19, confinement, attestation de sortie… se sont immiscés dans notre vocabulaire, y compris chez les plus petits.
Un monstre en polystyrène pour dédramatiser
A l’école de Balsac, un petit village de l’Aveyron, des maîtresses ont demandé à leurs élèves, dans le cadre des « devoirs » à la maison, d’imaginer à quoi pouvait ressembler ce vilain virus. En classe de CM2, Enzo et ses camarades de CM2 ont pu s’en donner à cœur joie. Pour représenter cet intrus bien encombrant, lui a opté pour une tête de monstre rouge avec des piques grises, réalisée à partir d’une boule de polystyrène et de papier cadeau. « C’était amusant » explique le jeune garçon. Et ce virus, alors, qu’en pense-t-il ? « Il est méchant parce qu’il peut tuer des gens » !Pour la maman d’Enzo, Laure, « cet exercice permet de dédramatiser le Covid 19. Même si on en parle à la maison, là ça a donné la possibilité à Enzo d’aborder la situation de façon plus ludique, plus détachée. Ça peut aussi permettre à des enfants de matérialiser d’éventuelles peurs ».
Quant au papa, Laurent, il s’inquiète d’un traumatisme a posteriori : « Pour l’instant, il dit trop rien. Mais le doute que j’ai, c’est que ça ressorte plus tard ».
Revoir les copains
« Il est énervant ce virus. On peut plus aller à l'entraînement de foot et jouer avec les copains. On veut l’exterminer » lancent de concert Damien, 9 ans, et son petit frère, Samuel, 7 ans. Tous deux sont également scolarisés à Balsac. Pour relever le défi, ils ont profité des dernières chutes de neige, fin mars, pour faire un bonhomme de neige. «On avait marqué Restez chez vous» explique leur papa, Arnaud Cavaillé. «On a pris une photo chaque jour, le temps qu’il fonde complètement et disparaisse ».Est-ce qu’il sent ses enfants inquiets ? « Au début, c’était compliqué, surtout pour le petit. On regardait beaucoup les informations. Entendre parler de l’épidémie et des morts chaque jour, ça les interrogeait beaucoup. Depuis, on fait plus attention pour davantage les préserver ».
Le confinement, un jeu d’enfants
Action ! Dans l’appartement toulousain de la famille Koenig, c’est jour de tournage. Sur le plateau improvisé, les playmobils sont en place. Au scénario et à la réalisation : Juliette 7 ans et son grand frère Marius, 10 ans. Entre deux devoirs, ils ont eu l’idée de faire un petit film avec leurs jouets.« C’est l’histoire de deux enfants qui s’ennuient. Ils veulent aller se promener mais leurs parents ne sont pas d’accord à cause du confinement » explique Marius avant de rajouter « Finalement, ils sortent pour aller voir leurs amis ». Le début de l’aventure…
« C’est eux qui ont imaginé l’histoire. Juliette a beaucoup travaillé sur les décors. Thomas, le papa, les a aidés à composer la musique et moi, je me suis occupée de la partie plus technique » résume Sabine, la maman, monteuse vidéo de profession.
Une production 100 % familiale à laquelle même Eloïse, 2 ans et demi, a amené sa petite contribution, « mais il fallait surveiller les décors » plaisante Sabine.
Comme dans beaucoup de foyers, pas facile d’être enfermé quasiment toute la journée, alors pour s’évader, le jeu occupe dans cette famille une place importante. « On profite d’être ensemble et ce film a été très drôle à faire » !
Mais après trois semaines de confinement, la famille Koenig espère un retour à une vie normale, surtout Juliette impatiente de retourner à l’école : « Je veux revoir mon amoureux ». Combien de temps Juliette va devoir encore patienter ? Nul ne le sait…