Le torchon brûle entre les villages de Castelnau-Rivière-basse (Hautes Pyrénées) et de Montesquiou (Gers). Objet du litige, sur fond de désert médical, une médecin roumaine venue s'installer à Castelnau, mais "subtilisée" par Montesquiou, à 37 km de là, 6 semaines plus tard.
Ce sont le maire et la pharmacienne de Castelnau-Rivière-Basse qui avaient, par l'intermédiaire d'un cabinet de recrutement, dégoté la perle rare : une médecin, le docteur Luminita Néchita, qu'ils étaient allés chercher jusqu'en Roumanie, et qu'ils avaient aidée à s'installer, pour remplacer le médecin du village qui doit bientôt partir à la retraite. En ces terres de désert médical, le docteur Néchita était exonérée de bail, on lui mettait un logement à disposition, et on lui assurait un mi-temps à la maison de retraite.
Mais, une fois son diplôme agréé en France et six semaines après son installation le 7 février à Castelnau, le Dr Néchita, estimant ne pas avoir suffisament de patients, fait volte-face. Elle prend ses cliques, son stéthoscope, et ses claques, et s'en va rejoindre le cabinet d'une autre médecin roumaine, le Dr Daïna David, installée depuis 20 ans à 37 kilomètres de là, dans le village gersois de Montesquiou.
LA GUERRE DU MEDECIN ROUMAIN SUR FOND DE DESERT MEDICAL
Du coup, le maire et la pharmacienne de Castelnau ont vu rouge. Et une guerre des communiqués s'est déclenchée entre les deux communes.
Castelnau laisse entendre que
Montesquiou «aurait fait miroiter des avantages fiscaux et autres» à la praticienne roumaine.
"Conformément à la loi, les médecins sont libres de s'installer où bon leur semble", rétorque Montesquiou, avant d'ajouter :
"la mairie de Montesquiou avait proposé au Docteur Nechita de lui fournir un logement dans l'attente de son installation, ce que le Docteur Nechita s'est refusée à accepter ; par ailleurs la Mairie n'a fait aucune promesse d'avantages fiscaux subordonnée à l'installation du Docteur Nechita et nous nous étonnons de ces propos qui semblent n'avoir qu'un seul objectif : nuire à l'installation du Docteur Nechita".
Bref, entre Armagnac et Bigorre, la "guerre du médecin roumain" n'aura peut-être pas lieu. Mais la situation tendue entre les deux villages -loin du clochemerle - illustre une nouvelle fois la réalité des déserts médicaux.
La désertification médicale s’explique par le refus des jeunes médecins de s’installer en zone rurale. Exercer plus de 50 heures par semaine, être l’interlocuteur unique de milliers de familles, enchaîner les gardes sans pour autant gagner plus qu’un médecin en grande ville, n’incite pas les jeunes diplômés à devenir des médecins de campagne.
Par ailleurs, les déserts médicaux se multiplient pour des raisons strictement démographiques. Les médecins installés dans les années 70 partent en effet à la retraite. Et le nombre de diplômés en France depuis 30 ans ne cesse de chuter.
En vidéo, voir le reportage de Régis Cothias et de Jean-Yves Bascans :