Suite et fin de notre feuilleton sur les ondes électromagnétiques et leurs effets potentiels sur notre santé. En Occitanie, les arrêtés municipaux et les opérations coup de poing se multiplient pour empêcher la pose des compteurs électriques intelligents. De son côté, Enedis contrattaque en justice.
Dans ce cinquième et dernier épisode de notre feuilleton consacré aux effets potentiels des ondes électromagnétiques sur notre santé, nous allons voir que l'Occitanie est à la pointe de la fronde contre les nouveaux compteurs électriques intelligents. Alors qu'Enedis les déploie au pas de charge, la résistance s'organise : il existe près de 130 collectifs anti-Linky dans notre région.
Des opposants condamnés
Mais s'opposer au géant de l'énergie est risqué. Gérard Yon, du collectif ariégeois "Touche Pas à mon Compteur", vient ainsi d'être condamné par le tribunal de Foix (Ariège) à verser 2.700 euros au distributeur au titre de la réparation du préjudice matériel qu'il a causé à la société. Certains habitants de Foix ont en effet fait appel à ses services. Il a installé une plaque de protection sur leur ancien compteur, car malgré plusieurs recommandés signifiant leur refus, ces citoyens ne se sentaient pas à l'abri d'une pose forcée. Et il assume :
Enedis confie la pose à des sous-traitants qui sont payés au compteur, et ils sont même payés double quand ils le posent chez des gens qui refusent, ce sont des mercenaires ! Il faut que la;majorité des Français sache que le barricadage est une chose saine.
La filiale d'EDF, de son côté, voit dans ces barricadages une destruction de biens publics, comme l'explique maître Cécile Nouaille, avocate d'Enedis :
Tout un chacun se doit, s'il n'est pas d'accord avec une décision de l'Etat qui est celle du déploiement du compteur Linky, de s'en remettre à la justice s'il l'estime nécessaire. Mais pas de procéder par dégradation de biens appartenant au domaine public.
Les mairies dans la bataille
Face à cette contrattaque, la municipalité de Ramonville-Saint-Agne, en banlieue toulousaine (Haute-Garonne), a pris un arrêté pour permettre à ses administrés de refuser légalement le nouveau compteur. Le maire, Christophe Lubac (Génération.s), précise :
Notre position est de dire : nous voulons que le choix soit laissé aux citoyens de pouvoir décider s'ils veulent ou pas un compteur Linky. Donc on est vraiment sur une question de liberté publique, d'application d'un droit constitutionnel qui est celui de pouvoir se laisser la possibilité d'avoir le choix.
Des installations malgré l'arrêté municipal
Mais un sous traitant d'Enedis, qui avait pourtant connaissance de l'interdiction en vigueur, a changé des compteurs, malgré l'opposition et même l'absence des propriétaires en toute impunité. Un voisin témoigne anonymement de la scène :
Ils le savaient. J'ai dit : "il y a un arrêté de la mairie". Ils m'ont dit : "de toute façon, vous gagnerez pas ! Vous avez perdu d'avance, on fait ce qu'on veut !". Ils se sentaient les mains libres pour le faire.
Première victoire judiciaire
Impossible pour le moment d'avoir le choix, mais la pression monte. Pétitions, regroupements de maires pour engager des procédures juridiques communes, ou encore actions de groupes en justice lancése par des citoyens : les digues commencent à céder. Le tribunal administratif de Toulouse a ainsi confirmé en septembre 2018 l'interdiction pour Enedis d'entrer dans les logements sans l'accord des propriétaires ou des occupants, une première en France. Voici le dernier volet de notre feuilleton : "Santé : la guerre des ondes", signé Delphine Aldebert, Christophe Romain et Frédéric Desse.