On ne les entend pas, on ne les voit pas. Et pourtant, les ondes électromagnétiques sont partout : smartphones, wifi, appareils électroménagers, ordinateurs. En Occitanie, il existe déjà 7.000 antennes relais. Mais cette course au progrès ne nous met-elle pas en danger ? Enquête du côté de Nîmes.
A Nîmes, dans le quartier paisible et cossu de la tour Magne, les habitants ont découvert en mars 2018 un panneau qui les inquiète : l'opérateur Orange a obtenu un permis de construire pour installer une antenne relais de téléphonie mobile. Même si rien n'est encore fait, cette potentielle construction fait réagir les riverains, qui redoutent des risques sanitaires.
Un opérateur qui veut rassurer
Face à leurs interrogations, l'opérateur se veut rassurant, par la voix de Christian Gesbert, le directeur de la communication Orange Languedoc-Roussillon : d'une part, cette antenne doit être "déguisée" en cyprès pour limiter son impact visuel. D'autre part, elle doit rayonner à 3 volts maximum par mètre. C'est en-dessous des seuils préconisés par les autorités sanitaires.
Arguments technologiques contre arguments sanitaires
Des arguments qui visent à défendre l'implantation d'un équipement indispensable à l'amélioration de la couverture de l'internet mobile sur 1 kilomètre. En clair : il s'agit d'assurer la fluidité du trafic. Mais à quel prix ? Certains s'interrogent. Rémi Targhetta travaille au CHU de Nîmes et habite lui aussi le quartier. Cancérologue et addictologue, il a épluché les publications scientifiques internationales pour se faire sa propre opinion sur les effets des ondes. Et il n'est pas rassuré :
Une étude incontestable qui a fait l'objet d'une publication en mars 2018 et portant sur plus de 2.000 rats montre que les faire vivre de leur naissance à leur mort au voisinage d'une antenne relais peut être source de cancers du cœur et du cerveau.
Europe : des législations disparates
Mais ces avancées scientifiques ont-elles fait évoluer les normes d'exposition aux ondes ? Le docteur Targhetta a découvert une déclaration du Conseil Européen, qui jugeait en 2008 que la norme de 61 volts par mètre alors en vigueur était trop haute. 9 pays avaient alors abaissé leurs seuils légaux à 3 volts/mètre. Selon lui, la France serait encore loin du compte.
Recours devant la justice
Pendant ce temps, les habitants du quartier nîmois de la Tour Magne espèrent obtenir gain de cause au tribunal administratif pour faire annuler le permis de construire de cette antenne relais qui doit être mise en service au second semestre 2019. C'est le premier épisode de notre nouveau feuilleton : "Santé, la guerre des ondes", signé Delphine Aldebert, Laura-Laure Galy et Sauveur Vanni.