Les fantômes du procès Merah

Au cours de l'examen de personnalité d'Abdelkader Merah ont été évoqués ses voyages à répétition en Egypte, pour apprendre "l'arabe littéraire". Un récit au cours duquel sont apparus des noms de la filière d'Artigat : les frères Clain, Sabri Essid et Mohamed Merah. Aujourd'hui, tous morts.

En octobre 2006, Abdelkader Merah a 24 ans. A cette date, il se marie religieusement avec celle qu'il décrit comme une « demoiselle de mon quartier des Izards. »

Une union que n'accepte pas les parents de la jeune femme. "Ils me voyaient comme un délinquant explique Abdelkader. Dans la culture arabe, c’est toujours assez violent. Elle avait cinq frères qui ne voulaient pas de cette union. Tout seul, je n’aurais rien pu faire. Dans les quartiers, une soeur c’est sacrée."

Il décide d'emmener sa compagne en Egypte. "Je suis allé au commissariat avec ma femme pour aller déposer une main courante pour indiquer que ma femme était libre de toute entrave et avait choisi d’aller avec moi en Egypte. Sabri nous accompagnait." Sabri pour Sabri Essid. Le demi-frère d'Abdelkader et de Mohamed Merah. "C'est Sabri (Essid) qui s'est occupé de la logistique pour l'Egypte, il a pris les billets..." dit Abdelkader Merah
L'évocation de Sabri Essid réveille les fantômes de la filière d'Artigat à laquelle il appartenait. En mars 2012, il participe à l'enterrement de son demi-frère par alliance, Mohamed, au cimetière de Cornebarrieu en Haute-Garonne.

Il aurait rejoint la Syrie et les rangs du groupe Etat Islamique en 2014. Sur une vidéo, il apparaît au côté d'un enfant qui exécute un otage israélien. Il aurait été exécuté par l'Etat islamique en 2018. Abdelkader Merah retrouvera Sabri Essid en Egypte lors d'un deuxième séjour.   
 D'autres noms funestes, originaires de Toulouse, ressurgissent au cours des débats. La présidente essaie d'en savoir plus sur les fréquentations d'Abdelkader Merah au Caire. L'accusé ne donne aucun nom. Il précise seulement qu'il vivait au Caire dans "le quartier français là où il y avait que des Français."

"Vous avez rencontré les frères Clain sur place ?  questionne la présidente, Xavière Siméoni. "Oui, je les ai croisé deux fois, on se réunissait pour faire des matchs de foot le samedi matin (...) mais ils étaient pas installés dans le même quartier, ils étaient à l’opposé du Caire" explique l'accusé. Fabien Clain, connu pour être la "voix de l'Etat islamique" lors des attentats de Paris en 2015, et son frère Jean-Michel, tous les deux tués en Syrie, un mois avant le procès en appel d'Abdelkader.
 
Et il y a bien entendu, Mohamed Merah. L'auteur des attentats de Montauban et Toulouse, tué en mars 2012, a rendu plusieurs fois visite à son frère aîné. Lors du premier voyage en Egypte d'Abdelkader en 2006, Mohamed va passer 10 jours au Caire "pour faire du tourisme" assure Abdelkader.

Ce dernier l'assure. Ses séjours à répétition visaient à apprendre "l'arabe littéraire." Xavière Siméoni présente deux photos prises à cette époque.  Mohamed, Abdelkader et une connaissance apparaissent le doigt levé, un coran ouvert, un couteau posé à proximité : "c'était une plaisanterie" dit l'accusé. À l'époque, "Mohamed était un délinquant" assure son frère.

Dans le dossier d'enquête, les services de renseignement français datent le début de la radicalisation d'Abdelkader Merah de cette période égyptienne.  

Une thèse que réfute l'avocat de l'accusé, brochure de l'école égyptienne, où il étudiait, à l'appui. Pour Maître Dupond-Moretti "ce document prouve que cet établissement est présenté comme une école de langue sous tutelle du ministère de la culture en Egypte et non comme une école religieuse. "La radicalisation ou l’islam dur est apparue après les voyages en Egypte. Pas pendant" affirme le ténor du barreau. 

De ces voyages en Egypte, Abdelkader Merah est le seul participant toujours en vie. 

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