Fête de la Saint-Louis : jouteurs, troubadours et DJ à quai

Plutôt fanfare ou platines ? Pendant la Saint-Louis, à Sète, les spectateurs oscillent entre énorme fiesta dans les ruelles et véritable tradition sur le quai. Mais venue l'heure de la finale, plus le temps de plaisanter. Pour l'édition 2016, qui de Cuciniello ou de Aprile a vraiment gagné ?

Ils flânent dans la rue comme des empereurs sur leur territoire. Torses bombés, arborant fièrement les couleurs de leur société, les jouteurs lourds imposent... leur joie de vivre dans la ville ! Venus pour combattre, les rouges contre les bleus n'ont rien de vraiment féroce. Les sourires sont marqués sur les visages toute la journée, que l'aiguille du cadran indique ou non l'heure de l'apéro.  

► Près de ce café, on écoute plus David Guetta que du haut-bois

Tradition d'un côté, défoulement de l'autre. Les spectateurs des joutes ne viennent pas que pour admirer les coups de lance, mais aussi pour investir la piste de danse. ©FR 3 LR

Dans cette ambiance là, comment ne pas succomber à l'envie de festoyer ? Les DJ aux platines animent les alentours des halles de Sète, tandis que la tradition résonne fort sur le Cadre Royal. Ces deux univers sont complètement différents, mais pas tout à fait incompatibles. 

► Du saxo souffle sur Sète, petit échauffement avant le défilé 


Plus tôt dans la matinée, plusieurs parades d'hommes vêtus de blanc se déployaient dans Sète. Mini-jouteurs, chevaliers de l'eau plus confirmés, rameurs, commissaires... Ensemble ils perpétuent la tradition en place depuis près de 300 ans. 


Jonathan a rejoint la Lance amicale sétoise il y a 5 ans. "C'est par hasard que j'ai commencé à jouter mais maintenant, j'ai l'intention de transmettre ça à mon fils, Leandro".



Cette culture se transmet historiquement de père en fils. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, cet héritage ne fait pas légion. Les parents des jouteurs actuels ne joutaient pas forcément. Ils sont tombés dans les joutes par coïncidence ou grâce à des amis. 

©FR 3 LR

Et les plus petits en raffolent ! Les combats de titans ou les instruments de la fanfare : tout attise la curiosité des bambins. 


Parce que l'occasion se prête surtout à la réunion familiale. Les grandes tablées réunissent toutes les générations autour de la macaronade, cette recette typiquement sétoise dont Michou nous a dévoilé quelques secrets. 


Si elle la cuisine elle-même, Michou préfère la manger au restaurant pendant les joutes : "c'est plus convivial". Traditionnellement, le plat est composé de brageole: un paleron farci, cuit dans de la sauce tomate avec une saucisse.


Une fois le port rejoint, l'objectif : trouver de l'ombre, avec vue sur les joutes. Et à proximité de la macaronade et du pastis, s'il vous plaît ! Les plus assidus faisaient le pied de grue depuis le début de la matinée. Pas question de leur passer devant : à Sète, les joutes, c'est sacré.

► Pense-bête pour l'année prochaine, où admirer les combats ? 


Vous l'aurez compris, la Saint-Louis, c'est d'abord de la fête, et de l'eau à foison. Tous les regards sont tournés vers le canal, et parfois vers ce groupe d'ados ayant pris cet îlot flottant pour un plongeoir. Depuis les tribunes, ils accèdaient à toute vitesse sur l'extension du quai et alternaient des figures plus acrobatiques les unes que les autres. 


A partir de 18h, le centre-ville se définitivement vide, le DJ lâche ses platines, et le combat final prend place. Plus possible de circuler : le public envahit les rues pour regarder les écrans disposés derrière les tribunes. 


Aprile et Cuciniello, les deux amis qui voulaient remporter la victoire ensemble 


Dès lors, la tradition l'emporte sur la fête. La tension plane chez les spectateurs. Qui d'Aprile ou de Cuciniello va vaincre l'autre ?

Aprile, c'est le grand gagnant de la dernière édition. Il affrontait l'an dernier le favori Evangelisti. Un seul assaut et les deux se sont retrouvés à l'eau, à quelques secondes d'écart. Le Palavasien tombe le dernier, victoire assurée ! Mais c'est un peu moins simple cette année. 

La finale 2016 réunissait le tenant du titre et Cuciniello, président de la société des jouteurs frontignanais. 

► Qui des deux mérite la victoire ? La vidéo au ralenti 


On récapitule. Pour faire tomber l'adversaire, il faut enfoncer sa lance dans le coeur du pavois. Jusque là, rien de très compliqué. Mais si cette finale fait débat, c'est parce que les jouteurs ont chacun leur main mal positionnée. La main droite doit être placée dans la première zone de couleur, et la lance doit être tenue sous l'aisselle, sans dépasser dans le dos du jouteur.

Or les deux adversaires les ont faites glisser jusqu'à la bande blanche... puis à la deuxième bande de couleurs. A partir de ce moment, on dit qu'il ont "mis la main dans la deuxième garde". Ca, c'est la version du jury. Dans les faits, seul le jouteur en rouge, Aprile, a vraiment commis l'erreur.  

Finalement, qu'importent les règles. Les combattants ont souhaité cette victoire ex aequo. Une fois à l'eau, les deux jouteurs lourds, index et annulaires en l'air, ont bien fait comprendre qu'ils voulaient monter à deux sur le podium. Une jolie façon de clore cette 274e édition des Joutes de Sète. Et de ponctuer leurs 6 ans d'amitié. 
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