Sitôt construit, sitôt controversé. Après plus de 10 ans de rebondissements, le parc photovoltaïque d'Alès a enfin pu voir le jour mais crée du remous parmi les élus locaux, les habitants et l'agglomération, concernant l'opérateur du parc : Total Energies.
Il aura fallu plus de 10 ans pour construire ce parc solaire photovoltaïque situé juste à côté d'Alès. Mais après une décennie d'attente, le projet désormais mis en marche enchaîne les scandales auprès des citoyens et des élus locaux.
En cause : les 25 000 mégawattheures qui doivent être produits et vendus par Total - l'opérateur du site - chaque année, dont les habitants disent ne pas voir la couleur.
Total, un choix trop hâtif
"On aurait pu imaginer un projet participatif où les 1 million d'euros seraient retombés dans le portefeuille intercommunal plutôt que dans les finances de Total." Sébastien Espagne, est membre du Collectif énergies renouvelables du bassin alésien (CERBA). Pour lui, avoir confié le projet à l'entreprise Total relève d'une aberration financière, un faux pas de l'agglomération qui aurait pu "être mieux pensé".
Ils ont voulu aller très vite parce qu'il fallait répondre à un objectif de 30 - 35 % de part de production d'énergie renouvelable sur le territoire d'ici 2030.
Sébastien Espagne, Collectif énergies renouvelables du bassin alésien (CERBA)
"Ils ont voulu aller très vite parce qu'il fallait répondre à un objectif de 30 - 35 % de part de production d'énergie renouvelable sur le territoire d'ici 2030." Pour lui, se tourner vers Total était une question de facilité : un opérateur de grande ampleur, avec de l'expérience... Mais sélectionné au détriment d'entreprises locales ou françaises qui auraient pu participer à l'installation de la ferme solaire.
"Aujourd'hui on se retrouve sans rien et la question des élus de l'agglo c'est 'comment se répartir les miettes ?' "Un "scandale financier"
Le maire de Saint-Martin, où est implantée la ferme photovoltaïque parle même de "scandale financier". Et pour cause : sur les 1 million de bénéfices générés chaque année par le parc solaire, les retombées - tout cumulé - en faveur de la commune se chiffreraient à 30 000 euros chaque année. La taxe foncière, inexistante, en est la cause. La loi permet d'annuler la taxe pour permettre le développement de telles installations.
"C'est une perte énorme pour la commune. En taxe foncière on parle de 420 000 euros", se lamente le maire de Saint-Martin-de-Valgalgues, Claude Cerpedes. "Avec 420 000 euros en 4 ans c'est comme si je payais un gymnase, ou je pourrais faire un emprunt pour refaire toute la voirie... Mais là ce sera impossible."
Avec 420 000 euros en 4 ans c'est comme si je payais un gymnase, ou je pourrais faire un emprunt pour refaire toute la voirie.
Claude Cerpedes, maire de Saint Martin-de-Valgalgues
Un apport économique crucial
Côté agglomération, on se préserve de l'utopie d'une suffisance énergétique, que tout le monde s'était imaginée jusqu'ici. "Cet investissement, on n'est pas en capacité de le porter", admet Christophe Rivenq, président de l'agglomération d'Alès. "
Emprunter 20 millions d'euros pour mettre en place ces panneaux solaires ce n'était pas dans nos capacités financières, si nous avions fait ça nous n'aurions rien pu faire d'autre."Emprunter 20 millions d'euros pour mettre en place ces panneaux solaires ce n'était pas dans nos capacités financières.
Christophe Rivenq, président de l'agglomération d'Alès
La possibilité de passer un accord avec un acteur de l'énergie aussi conséquent que Total Energies est donc apparu comme une salvation pour l'agglomération. L'entreprise a donc racheté un contrat signé initialement avec un ancien partenaire il y a plus de 15 ans. "Et quand Total Energie fait de l'électricité verte moi ça me convient", conclut Christophe Rivenq.
Le partage des revenus entre communes et entreprises doit être délibéré et voté lors du prochain conseil communautaire d'Alès, le 15 février 2024.