14 prévenus dont une femme doivent comparaître toute la semaine devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Ils sont soupçonnés d'être liés à un important trafic de stupéfiants dans plusieurs quartiers d'Alès et ses alentours. Un père et son fils sont parmi les prévenus, tout comme un Alésien soupçonné d'être à la tête du trafic d'héroïne.
Le 4 mai 2022, les habitants du 5 de la rue des jardins à Saint-Ambroix (près d'Alès) dans le Gard, sont réveillés en sursaut par des coups de feu tirés à 6h30 du matin. Un témoin affirme avoir vu un homme vêtu de noir sortir en courant du bâtiment, un fusil à la main. Au moment où il est récupéré par une voiture qui l'attend devant l'immeuble, d'autres coups de feu retentissent. Tirés par une arme de poing d'une fenêtre du 2eme étage de l'immeuble.
Guerre de territoires
Dans l'appartement, les enquêteurs découvriront du cannabis et des emballages pouvant servir au conditionnement de stupéfiants, des armes et des munitions. Un individu est interpellé. Selon lui, la fusillade serait liée à la guerre à laquelle se livrent les quartiers de Rochebelle et des Près-Saint-Jean d'Alès pour le trafic de drogue. Une guerre des territoires entre janvier 2022 et juin 2023 pour le contrôle des points de deal.
Père et fils
Les écoutes téléphoniques confirment l'existence d'un trafic de stupéfiants entre l'un des suspects et un autre homme incarcéré : les échanges tournent autour de "guitares et de danseuses", autrement dit de Kalachnikovs et de recruteurs, et de cocaïne conditionnée en boules. Le trafic serait orchestré par un homme détenu à Nîmes. Son père est chargé d'organiser les points de deal, et du recrutement des "charbonneurs" (revendeurs) et des porteurs de sacoche.
Chef d'entreprise
L'enquête révèle un réseau de revente de cocaïne, d'héroïne et de cannabis. Les recettes peuvent, dans ce coin reculé des Cévennes, avoisiner les 1600 euros par jour. Le fils serait, selon l'accusation, en contact régulier avec ses lieutenants pour surveiller l'activité des vendeurs, des guetteurs et des rabatteurs. Il s'enquiert régulièrement de la "qualité des produits, de la réputation du point de vente et les tarifs pratiqués". Comme un chef d'entreprise, il "fixe les prix et les objectifs à atteindre" et serait bien à la tête d’un trafic de stupéfiants dans le quartier Rochebelle d'Alès. La cocaïne y est revendue 50 euros les deux grammes.
Brouille
Une entreprise familiale florissante jusqu'à ce que père et fils se fâchent, le premier reprochant au second son association avec un tiers. Le fils toujours en prison s'associe avec un Alésien surnommé "le gros"qui "fournit toute la ville d'Alès en héroïne".
La neige est tombée, si t'aimes skier, tu seras servi.
Un revendeur d'héroïne à un toxicomane.Ecoutes téléphoniques
Une soixantaine de "clients" réguliers et consommateurs d'héroïne sont répertoriés sur le point de deal détenu par cet homme. Un des principaux prévenus du procès qui va durer toute la semaine devant le tribunal de Nîmes.
Restaurants, prostituées et sacs de luxe
D'après les enquêteurs, ce dernier est soupçonné de s'être rendu plusieurs fois aux Pays-Bas pour se réapprovisionner en héroïne. Sans revenu déclaré à part les allocations chômage, familiales et les aides au logement, lui et son épouse mènent grand train. Il fréquente régulièrement des prostituées, emmène sa femme en voyage, lui offre restaurants et cadeaux de luxe : sacs Balenciaga et chaussures Hermès...
10 000 euros par jour
Le chiffre d'affaires des revendeurs est estimé à 7000 euros mensuels en 2022. Entre 60 et 90 000 euros pour six mois l'année suivante. Le trafic s’étendait jusqu’à Saint-Ambroix et la Grand-Combe situés à 20 minutes d'Alès. Les points de deal pouvaient rapporter jusqu’à 10 000 euros par jour.
Des Alésiens jugés à Nîmes
14 prévenus âgés de 22 à 66 ans seront jugés par le tribunal correctionnel de Nîmes pour transport, détention, offre, cession et acquisition de stupéfiants. Certains comparaissent aussi pour association de malfaiteurs en bande organisée. Tous sont alésiens.
Le procès n'a pas pu se tenir au tribunal d'Alès à cause du nombre important de prévenus. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison et 75 000 euros d'amende. Le jugement devrait être rendu le 10 janvier 2025.