Cordiste victime d'une chute en 2015 : l'ouvrier gravement blessé espère la condamnation de son employeur 10 ans après le drame

Adrien Santoluca a été victime d'un grave accident du travail. En septembre 2015, alors qu'il est sur le toit d'un hangar du port de Sète, la structure s'effondre et le cordiste chute de 10 mètres sur une dalle en béton. Son employeur, condamné en janvier 2019, a fait appel. L'affaire est donc réexaminée ce 6 janvier 2025 à Montpellier.

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Près de 10 ans après son accident, Adrien est obligé de revivre ce drame une fois de plus, à la barre de la Cour d'Appel de Montpellier.

C'est l'entreprise de travaux en hauteur, Sud Acrobatic, basée à Gigean, qui l'employait à l'époque, qui a fait appel de sa condamnation prononcée en janvier 2019. Le tribunal de Montpellier avait alors prononcé une peine de 8 mois de prison avec sursis pour blessures involontaires et 11.000 euros d'amende contre la société.

Revivre le "cauchemar" à nouveau...

Le 14 septembre 2015, Adrien est sur le toit d'un hangar du port de Sète. Il traite la structure en plaques de fibrociment amiantées et fissurées. Quand soudain, le toit s'écroule.

Le cordiste chute de 10 mètres et s'écrase sur une dalle de béton. Souffrant de multiples fractures au bassin, aux coudes et au visage, il lui faudra 6 mois d'hôpital, 3 opérations lourdes et 2 ans de rééducation pour remarcher.

Victime d'infections nosocomiales après son hospitalisation, il reprendra tout de même le travail jusqu'en 2022. Année où il est à nouveau en arrêt maladie à cause d'une fistule du bassin et de problèmes aux genoux. Il est depuis en arrêt de travail.

Ce procès en appel, c'est revivre encore ce cauchemar. C'est pire que l’accident ce qu’ils me font les médecins experts de la CPAM. Ils ont décidé de mon taux d’invalidité à 12% qui ne me permet pas de vivre normalement.

Adrien Santoluca, plaignant et victime d'un accident du travail à Sète en 2015.

Sur ce chantier du port de Sète, il y avait de l’amiante, et côté sécurité, pas de cordes ni de filet anti-chute selon la victime.

Mais le gérant de Sud Acrobatic nie les faits. Selon lui, il y avait bien du matériel de sécurité dans un camion et Adrien aurait dû mettre son propre kit.

Adrien espère que l'entreprise Sud Acrobatic sera condamnée une nouvelle fois et que sa responsabilité sera confirmée. Mais il voudrait aussi que la société d’intérim qui l'employait soit citée à comparaître à son tour.

La sécurité en cause

Dans cette affaire, le tribunal doit déterminer la responsabilité de tous les acteurs. Y a-t-il eu des manquements de sécurité qui ont conduit à l'accident ?

C'est ce que le procès en première instance avait conclu. Mettant en cause la société Sud Acrobatic. Entreprise qui en 2018 a connu un autre drame. La mort d'un cordiste de 38 ans après une chute de 15 mètres sur un chantier Eiffage à Nîmes.

Il aurait fallu des filets anti-chute sur le chantier. Cela ne coûte pas cher comme le prétend le gérant. De toute façon, la vie d'une personne cela n'a pas de prix !

Adrien Santoluca, plaignant et victime d'un accident du travail à Sète en 2015.

La sécurité, thème sensible. Le président de la cour d’Appel, d'entrée de jeu, s’est d'ailleurs énervé au sujet de l’absence de filet de protection et de personne de l’entreprise sur le chantier. "Monsieur, vous n’avez pas respecté la loi. Vous vous présentez comme une oie blanche devant la cour" et d'ajouter "Monsieur Santoluca n’a pas à subir vos incuries de gestion".

Le gérant tient bon durant des heures. Il ne reconnaît aucun manquement. Quant au filet de sécurité, dont la présence est actée et cochée sur le rapport d'intervention alors qu'il n'y en avait pas. C'est une erreur, "Je n'avais pas bien compris la question posée...".

Pas certain que l'argument convainque la cour !

Le soutien des cordistes au tribunal

L’association "Cordistes en colère, cordistes solidaires" a été créée en 2018, après la mort de deux cordistes sur un chantier dans la Marne.

Quelques représentants de ce métier à risques étaient présents ce lundi à Montpellier devant le tribunal pour soutenir leur camarade dans cette épreuve.

Il y aurait 5.000 cordistes en France, 70% d'entre eux sont intérimaires.

Écrit avec C. Aubert-Egret.

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