L’enfant de 9 ans, qui avait disparu en juillet 1999, avait été retrouvé tué un mois plus tard près de chez lui. L’enquête, toujours ouverte, a été confiée à une unité spécialisée. Retour sur cette affaire dans notre magazine Enquêtes de régions, ce mercredi 12 janvier à 23 h sur France 3 Occitanie.
"Qui a tué mon fils ? Pourquoi ?". Djamila Batouche, est morte le 20 décembre 2021 sans savoir. Agée et très malade, elle avait pourtant trouvé la force et le courage de témoigner. Pour lutter contre l’oubli et le chagrin. Pour Hocine.
"La veille de sa disparition il m’avait dit : j’ai peur, je veux dormir avec toi". C'est ce qu'avait confié le petit garçon à sa mère. Comme un terrible présage. Malgré l’âge et la maladie, la dame continuait à voir régulièrement son avocat Me Nordine Tria, pour se tenir informée de l’enquête. Une enquête jamais refermée, un cold case. Pour l’instant irrésolu. 22 ans après, on ne sait toujours pas qui a tué Hocine, 9 ans.
L'inquiétude de la famille
A 15 heures, ce 10 juillet 1999, Djamila Batouche envoie son petit garçon acheter un pot de confiture au Super U, à 800 mètres de l’appartement familial à Alès (Gard). L’enfant connaît bien le chemin. C’est celui qu’il emprunte pour aller à l’école. Il ne reviendra jamais. Au début, la police qui a juste envoyé une patrouille dans le quartier, a pensé à une fugue. Pourtant la famille a donné l’alerte tout de suite. Le père et les frères de l’enfant le cherchent partout dans le quartier et ses environs. "A 17h56, ils vont au commissariat. Ils y retournent le lendemain. C’est à ce moment-là que la police, qui ne croit toujours pas à un enlèvement, lance un avis de recherche dans l’intérêt des familles" rappelle Nordiane Tria.
Une fugue, je n’y crois pas
Djamila BatoucheMaman d'Hocine
C’était un enfant très gai. Il venait d'arriver d’Algérie quelques mois auparavant. Il était timide, ne parlait pas bien le Français. Sa mère pense que le petit garçon a été enlevé.
L'enquête ratée
C’est le début des vacances, le lancement du Cratère d’Alès, les policiers sont mobilisés ailleurs.
« L’enquête a été ratée dès le départ. Tout se joue dans les premières minutes.
Nordine TriaAvocat de la famille Batouche
La malchance
La police judiciaire ne sera saisie que quatre jours après la disparition du petit garçon. L’enquête établit que l’enfant est passé à la caisse. Le ticket est enregistré à 15h33. Tous les clients du magasin, retrouvés grâce à leurs paiements en chèques et cartes bleues, sont interrogés. Au retard, s’ajoute la malchance. Les caméras de surveillance du magasin ne fonctionnement pas ce jour-là car le supermarché est en travaux. Plusieurs battues sont organisées dans les environs.
Retrouvé un mois plus tard
Le 10 août, un mois jour pour jour après sa disparition, le petit garçon est retrouvé mort, le bas du corps dénudé, sous un tas de branches dans un fourré, près du crassier à moins de 300 mètres à vol d’oiseau de chez lui. Le corps de l’enfant est abîmé. L’autopsie révèlera cependant deux choses. L’enfant est mort peu de temps après sa disparition, et il a reçu un coup très violent à la tête avec un objet contondant.
L'OCRVP saisie
22 ans après ce crime atroce, le mystère reste entier. Le dossier est toujours ouvert et a été confié à l’OCRVP (l’Office Central pour la Répression des Violences aux Personnes). Un regard neuf et nécessaire pour Nordine Tria, qui n’a jamais lâché l’affaire. "Toutes les déclarations sont les bienvenues. Il y a 21 ans, peut-être qu’un adolescent qui a vu quelque chose de particulier va se dire aujourd’hui, "tiens ce-jour-là, il s’est passé ça et peut-être que c’est important"… J’y crois.
Un regard neuf sur l'enquête
Les enquêteurs sont là pour faire le tri. Avec les nouveaux logiciels et en reprenant tout à zéro, les policiers peuvent réentendre des personnes, revenir sur le terrain comme dans les séries policières.
Nordine TriaAvocat de la famille Batouche
La voiture rouge
"Il y a encore des gens qui m’interrogent sur ce dossier et me demandent s’il est clôturé. Non, il ne l’est pas. Et la justice y porte une attention particulière". En 22 ans, les enquêteurs ont exploité 238 pistes, sans résultat. Il y a aussi le mystère de la Renault 25 rouge. Hocine, qui n’avait pas de vélo, répétait à ses parents qu’il avait un copain qui avait une voiture rouge et qu’il finirait par partir avec lui. Des amis du jeune garçon ont indiqué aux policiers l’avoir effectivement déjà vu discuter avec un homme possédant une voiture rouge. Aujourd’hui encore, ce véhicule n’a jamais été identifié.
La douleur n’a jamais quitté Djamila Batouche. L'espoir non plus de savoir qui avait tué son petit garçon de neuf ans.
Enquêtes de région mercredi 12 janvier à 23h
Enquêtes de région vous propose un numéro sur des méthodes d’enquêtes criminelles des policiers et gendarmes en Occitanie.
Anne-Sophie MANDROU et Nicolas ALBRAND se sont rendus à Nîmes et à Montpellier pour en savoir plus sur les méthodes de ces professionnels à travers trois reportages :
• " Les cold cases, comment enquêter et faire déboucher des affaires anciennes ? "
• « Les techniques utilisées par la police scientifique »
• « La formation des chiens de la gendarmerie au centre d’entraînement de Gramat dans le Lot »
L’émission laisse également la place aux expertises et aux témoignages avec :
• Éric MAUREL, Procureur de la République de Nîmes
• Christian SIATKA, Généticien et directeur de l’école de l’ADN à Nîmes
• Michel MOATTI, Maître de conférences en sociologie à l’Université de Montpellier et romancier spécialiste du polar.
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