"Il faut jouer le jeu du local" : l'abattoir d'Alès Cévennes placé en redressement judiciaire pour six mois

C'est un sursis de six mois que vient d'obtenir l'abattoir d'Alès dans le Gard. La structure cévenole gérée majoritairement par la mairie et Alès Agglomération est en difficulté financière depuis près de dix ans. La décision du tribunal de commerce de Nîmes de ce placement en redressement judiciaire doit permettre d'élaborer une stratégie de relance et de sauvegarde.

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L'année 2023 se termine par un déficit de l'ordre de 350 000 euros pour l'abattoir d'Alès qui emploie 25 personnes. Le redressement judiciaire évite la fermeture du site et permet à la Sem, la Société d'économie mixte, collectivités - éleveurs, qui gère l'entreprise d'avoir un délai pour trouver des solutions.

La faillite du plus gros client

Ce mauvais résultat est dû essentiellement à la hausse du coût de l'énergie et à la faillite d'Alès viandes, le plus gros client de l'abattoir avec 50% du tonnage, qui laisse une ardoise de 100.000 euros. Un impayé qui a fragilisé les comptes de 2023 et surtout la perte d'un donneur d'ordre qui augure d'une baisse d'activité pour 2024.

L'abattoir a une capacité annuelle de 5 à 6 000 tonnes. Nous sommes rentables à 3 500 tonnes et nous terminons l'année 2023 à 2 900 tonnes. La faillite de notre plus gros client a été un coup dur.

Patrick Gravil, administrateur et vice-président de la SEM de l'abattoir d'Alès dans le Gard

Et même si les repreneurs d'Alès Viandes font abattre leurs bêtes sur place, leurs besoins sont en baisse.

À la recherche de nouveaux clients

L'abattoir au centre d'un scandale en 2015, après la diffusion de vidéos réalisées en caméra cachée par l'association L.214, cherche en permanence de nouveaux clients pour accroître son activité.

"Depuis la modernisation de l'abattoir, les visites sanitaires annuelles sont toujours bonnes, comme celle de janvier 2024. Mais cette affaire nous a fait beaucoup de mal. Il faut que la filière élevage locale et les grandes surfaces jouent le jeu. Les gens veulent manger des produits de proximité mais ils achètent de la viande abattue à des centaines de kilomètres voire à l'étranger. Nous nous cherchons des clients locaux pour poursuivre notre activité et conserver nos emplois en Cévennes", explique Patrick Gravil.

Il faut jouer le jeu du local également pour la viande et l'abattage des animaux. Soutenir les entreprises, les éleveurs et les commerces de la région. Nos emplois en dépendent.

Patrick Gravil, administrateur et vice-président de la Sem de l'abattoir d'Alès dans le Gard

Récemment une cagnotte "Sauvons l'abattoir d'Alès" a été ouverte pour trouver une solution d'urgence au déficit. Plus de 7 300 euros ont été récoltés sur les 200 000 nécessaires.

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