Le maire d'Alès soulève le problème de l'abattage rituel sans étourdissement

Le maire d'Alès dans le Gard, dont l'abattoir municipal a fait scandale il y a 6 mois, s'est défendu ce jeudi en soulignant le problème de l'abattage rituel, sans étourdissement, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les conditions d'abattage en France.

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L'abattoir d'Alès avait été fermé en octobre 2015 après la diffusion d'une vidéo de l'association L214 montrant des mauvais traitements infligés aux animaux. Il a rouvert début décembre.

L'abattage rituel, pour la viande halal, représente 50% de l'activité de l'abattoir :

Il y a donc une manière de fonctionner spéciale. Il appartient au législateur de décider si on peut abattre ou pas de cette manière-là", a déclaré Max Roustan, maire Les Républicains.


Selon lui, la vidéo de L214 montrait uniquement des animaux abattus de manière "rituelle", sans étourdissement.
Selon le directeur de l'abattoir Jack Pagès, la personne filmée en train de pratiquer un "cisaillement au lieu de faire des coupes franches" était un "sacrificateur" remplaçant.
Les sacrificateurs sont désignés de manière indépendante des abattoirs par les mosquées, sans "aucune formation", a assuré M. Pagès.

Le maire a proposé "une concertation avec le ministère de l'Agriculture et les autorités religieuses pour réformer l'abattage rituel, car c'est uniquement sur ce ressort-là qu'on a des problèmes", affirmant par ailleurs que son établissement n'a jamais été mis en cause sur le plan sanitaire.

Il a également souligné l'importance économique de l'abattoir de proximité d'Alès pour les éleveurs des Cévennes, qui ne pourraient pas continuer à abattre et donc à vendre leurs bêtes si l'établissement disparaissait.

L'abattage "halal" en question

L'abattage sans étourdissement fait d'ailleurs débat en Europe, ont indiqué mercredi les responsables de l'association L214 devant la Commission, rappelant que l'Agence européenne de sécurité sanitaire "l'EFSA, la fédération des vétérinaires européens et l'Ordre des vétérinaires français se sont inscrits contre" cette pratique.
L214 a par ailleurs affirmé aux députés disposer de très nombreuses heures d'enregistrement vidéo en caméra cachée dans les abattoirs, "plus de 50 heures à Alès", montrant de graves manquements aux règles de procédures, selon la porte-parole de l'association Brigitte Gothière.

On ne peut pas tout diffuser car il faut flouter les visages" des employés a-t-elle expliqué. "Si on ne peut estimer le pourcentage que ça représente, il s'agit de pratiques très représentatives" dans les abattoirs français.


La commission d'enquête parlementaire "sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français" a été créée en réponse aux scandales révélés par les vidéos de l'association L214.
Scandales dans les abattoirs : L214 s'interroge sur les cadences de travail
L'association de défense des animaux L214 qui a révélé plusieurs scandales dans les abattoirs s'est interrogée mercredi, devant la commission d'enquête parlementaire, sur la "cadence" imposée aux employés de ces établissements.

Peut-on tuer à la cadence d'environ un milliard d'animaux par an en respectant les règles ? au rythme où on abat les animaux pour produire de la viande, on est loin du cas d'une maltraitance individuelle ou d'un employé déficient, c'est une question structurelle" a estimé le président de l'association Antoine Comiti devant les députés.

"Dans les différentes affaires qu'on a soulevées les salariés ont été des boucs-émissaires faciles", a renchéri la porte-parole de L214 Brigitte Gothière, citant l'abattoir de Mauléon, dans les Pyrénées-Atlantiques, dernier scandale en date avec d'insoutenables images de moutons brutalisés: "Ces images ont été prises juste avant Pâques, avec un grand nombre d'agneaux à abattre et beaucoup moins de personnel" a-t-elle expliqué.

Pour elle "les personnels aussi sont soumis à d'importantes souffrances psychiques et physiques", dont des troubles musculo-squelettiques. "On leur demande de tuer mais quelle est leur formation?" a-t-elle également demandé.
Mme Gothière a également dénoncé "le matériel inadapté" dans bien des abattoirs, évoquant les ratées du matériel d'immobilisation, comme à Alès, avec des égorgements "par cisaillement" au lieu du coup net tranché préconisé et des "reprises de conscience sur la chaine d'abattage", quand les animaux auraient dû être rendus insconscients par l'étourdissement préalable.

Ces constats ont amené L214 à s'interroger devant la Commission sur la réalité et l'efficacité des services vétérinaires, dont la "présence continue" est théoriquement imposée par la réglementation.
Le problème "est que le bien être animal n'est jamais une priorité par rapport aux questions d'ordre sanitaire parce que ça n'a pas de conséquences, sauf quand les caméras sont là" a accusé Brigitte Gothière pointant par ailleurs le nombre insuffisants d'inspecteurs et d'inspections (1.000 postes pour près de 800 abattoirs), en comptant les abattoirs à volailles et lapins.

"De plus quand il y a contrôle, il est rarement suivi d'effet ou de sanctions" en cas de manquements, a-t-elle relevé, citant sur ce point un rapport de la Cour des comptes de février 2014.
L214 recommande par ailleurs de "sortir la question du bien-être animal du ressort du ministère de l'Agricuture" pointant un "conflit d'intérêts" avec les missions de cette admnistration.

La commission d'enquête parlementaire "sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français" a été créée en réponse aux scandales révélés par les vidéos de l'association.
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