Le quarantenaire est bien connu dans les environs d'Alès. Il est d'ailleurs conseiller municipal délégué aux Relations institutionnelles à Saint-Hilaire-de-Brethmas. C'est un haut fonctionnaire reconnu à la sensibilité de gauche affirmée. Désormais, ministre du gouvernement Borne, il passe de l'ombre à la lumière.
Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d'Elisabeth Borne à Matignon, a été nommé ministre de la Santé en remplacement de François Braun.
Avant de rejoindre le cabinet de la Première ministre l'an dernier, cet énarque de 47 ans avait dirigé l'Agence régionale de Santé d'Île-de-France. De son expérience à l'ARS, il avait tiré un essai, publié en septembre, "La blessure et le rebond, dans la boîte noire de l'Etat face à la crise", aux éditions Odile Jacob, pour raconter "comment les choses de l'Etat se jouent, les décisions se prennent".
Issu de la gauche, comme sa famille depuis plusieurs générations, il a travaillé auparavant au cabinet de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, puis auprès des Premiers ministres socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve comme directeur adjoint à Matignon.
"Aurélien a le cuir dur et des valeurs"
Sa mère n'est pas étonnée de cette promotion. Cette professeure à la retraite y voit une autre façon pour son fils de servir l'administration et son pays.
Mon fils est attaché au service public, au service de l'Etat. Je pense que cette nomination n'est pas une ambition personnelle mais une ambition pour la santé publique. Il a des valeurs et des principes que ce poste, je crois, ne modifieront pas. Il a le cuir dur et il sait prendre de la distance face aux polémiques. Cela lui sera nécessaire face au corporatisme médical qui est très fort.
Janine, mère d'Aurélien Rousseau résidant à Saint-Hilaire-de-Brethmas
Dans le Gard, les réactions amicales et politiques sont nombreuses.
"C'est l'homme de l'unanimité"
Pour le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, 5 000 habitants, dont Aurélien Rouseau est l'un des conseillers municipaux, cette nomination est la suite logique d'un engagement total au service de l'Etat.
Je suis fier de lui et heureux pour lui. C'est tellement mérité. C'est un fonctionnaire qui a toujours beaucoup travaillé dans l'ombre, aujourd'hui cela va changer. Il fait l'unanimité de tous bords politiques.
Jean-Pierre Perret, maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas dans le Gard
Les deux hommes se connaissent depuis 10 ans.
"Je viens d'apprendre sa nomination. Je lui ai envoyé un SMS de félicitations. Comme il travaille tout le temps, on échange souvent très tard, vers 1h ou 2h du matin mais aujourd'hui, même à cette heure avancée de la nuit, il aura autre chose à faire que de me répondre... Préparer son premier conseil des ministres, en tant que ministre", s'amuse l'élu divers gauche du Gard.
Jean-Pierre Perret a finalement eu le nouveau ministre au téléphone vers 16h45. "J'étais aussi ému que lui".
"C'est un grand connaisseur de la santé"
Pour Christophe Rivenq, président LR d'Alès agglomération, donné un temps entrant au gouvernement, c'est une bonne chose d'avoir un Alésien compétent au gouvernement.
Je suis très heureux pour lui. C'est un grand connaisseur de la santé et il arrive à un ministère prestigieux et délicat. Je partage beaucoup de ses idées et de sa vision des choses.
Christophe Rivenq, président LR d'Alès agglomération
Approché, il y a trois semaines, le premier adjoint au maire d'Alès, spécialiste de la gestion des collectivités et des territoires, n'entre finalement pas au gouvernement.
"Nous devrons travailler sur les déserts médicaux"
Le député RN de la 4e circonscription du Gard, celle dont est élu le nouveau ministre, l'invite à réfléchir sur les déserts médicaux.
"Sa tâche sera rude"
Le député LFI de la 5e circonscription du Gard a réagi rapidement à la nomination d'Aurélien Rousseau.
Sa tâche sera rude pour que la France retrouve un service de santé auquel ont droit tous les habitants de notre pays. Le Gard sera un excellent test tant la situation des maternités et des urgences est détériorée et nos villages en manque de médecine de proximité.
Michel Sala, député LFI-Nupes du Gard.
Un ministère miné
Le nouveau ministre de la Santé va devoir faire face à un système de soins en surchauffe, miné par le manque de médecins et l'inexorable croissance des besoins de santé d'une population vieillissante.
Parmi les dossiers explosifs, l'hôpital et la colère des syndicats de médecins libéraux qui réclament une hausse significative de la consultation. Il aura aussi dans son escarcelle le sensible projet de loi sur la fin de vie voulue par Emmanuel Macron.