Double meurtre dans les Cévennes : le procureur de Nîmes appelle Marcone "à revenir à la raison et à déposer les armes"

Après une nuit blanche pour 100 gendarmes, les recherches s'intensifient dans la forêt cévenole. 280 hommes, hélicos, drones et un chien Saint-Hubert vont pister le tireur. Âgé de 29 ans, il a pris la fuite hier après avoir tué son patron et un collègue à la scierie des Plantiers.

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Ils ont reçu l'appui des militaires de Toulouse. Cette nuit, une centaine de gendarmes a continué les recherches pour quadriller les alentours des Plantiers, dans les Cévennes gardoises, où un homme a tué mardi matin le patron d'une scierie et un de ses employés avant de prendre la fuite. Aujourd'hui, les effectifs montent à 280 gendarmes et un chien à la truffe particulièrement performante, un Saint-Hubert, qui rejoint le dispositif cynophile. Le fugitif est parti avec plusieurs armes, dont un fusil à lunette. Et les habitants de la commune des Plantiers sont toujours confinés dans un périmètre de sécurité. L'accès du village est interdit à la presse.

Lors d'un point presse, mercredi 12 mai en fin de journée, le procureur de Nîmes Eric Maurel a appelé le tireur à "revenir à la raison, à déposer les armes. Pour le magistrat, une réddition "qu’il doit à sa famille et aux familles des victimes (...) pour s’expliquer sur son passage à l’acte".

Le tireur âgé de 29 ans, inconnu des services de police, a voulu plus jeune, intégrer l'armée pour devenir tireur d'élite, sans succès en raison d'une mauvaise vue. Passionné d'armes, l'individu était licencié dans un club de tir. Selon le procureur nîmois, les perquisitions au domicile de l'homme ont permis ainsi de découvrir douze armes et 3300 munitions de tous calibres.

"Quelques démêlées ont pu intervenir avec cet individu et d’autres personnes du village" a rapporté Eric Maurel. Le suspect aurait d'ailleurs pu avoir l'intention de s'en prendre à d'autres personnes après son acte de mardi matin. "La première motivation du système déployé localement est de protéger la population" a d'ailleurs souligné le Colonnel Laurent Haas, du groupement de gendarmerie Gard. Rien n'indiquant que le suspect ait quitté la zone, les recherches se poursuivront dans la nuit du mercredi 12 mai. 

Traque en forêt

Sur le terrain, il y avait déjà des militaires du GIGN d'Orange. Au total, 200 gendarmes ont été déployés hier. Et une centaine sont restés mobilisés cette nuit pour continuer les recherches dans l'obscurité. Dotés de moyens de détection infra-rouge, ils ont détecté de nombreux "points chauds" mais le gibier, nombreux dans le secteur, a brouillé les pistes.

Ils ont été rejoints par l'antenne du GIGN de Toulouse. Au sol, c'est une battue gigantesque (280 gendarmes au total) qui s'organise sur les flancs de l'Aigoual. Dans le ciel, les six hélicos engagés dans les recherches et les drones continuent à survoler la zone très boisée. Ils sont aidés par un binôme de cartographes basés à Montpellier.

Mais débusquer quelqu'un dans un secteur qu'il connaît par cœur, avec de multiples possibilités de cache reste difficile. La gendarmerie s'organise pour tenir dans la durée, avec des relèves de personnel et un chien Saint-Hubert, dont les capacités olfactives de pistage sont supérieures à celles des autres races, prend part aux recherches aujourd'hui.

"Les chiens de la brigade cynophile ont dors et déjà repéré des itinéraires de fuite", a précisé le colonel Laurent Haas lors d'un point presse ce mercredi sur l'avancée des recherches. Mais les nombreux cours d'eau interrompent ces pistes qu'il faut reprendre un peu plus loin, ce qui ralentit les recherches.

Par ailleurs, les quelques 200 gendarmes qui quadrillent la zone, une surface de 225 km², se concentrent actuellement sur des "coups de sonde", c'est-à-dire dans des parcelles plus précises.

On procède à des vérifications sur l'ensemble des bergeries, cavités et grottes (et il y en a beaucoup par ici !) pour voir si l'homme n'a pas trouvé refuge dans ces endroits.

Colonel Laurent Haas, gendarmerie du Gard

Un homme armé et paranoïaque

Depuis hier, la consigne aux habitants de la zone est d'éviter de sortir et de rester sur le qui-vive. L'homme a été décrit par le procureur de la République comme  une "personnalité très particulière, très procédurière" qui avait depuis "quelque temps un comportement assez inquiétant de type paranoïaque". 

Le fait est que mardi 11 mai, dans la matinée, il est passé à l'acte. Vers 8 h, à l'embauche dans la scierie, il a sorti une arme de poing et tué son patron pour une simple remarque puis a tiré sur un des employés présents, le tuant sur le coup également. 

En fuite avec plusieurs armes dont un fusil à lunette

Le tireur, qui est rentré chez lui juste après le double homicide pour chercher des armes supplémentaires avant de disparaître dans la forêt, est licencié d'un club de tir. 

Il est doté d'armes d'épaule, notamment un fusil à lunette, et de poing. Il n'a pas pu emporter tout son arsenal mais a plusieurs armes avec lui.

Laurent Haas, colonel gendarmerie du Gard

Le fugitif est un chasseur aguérri. Il n'est pas exclu qu'il ait des provisions et puisse tenir longtemps dans ces bois qu'il connaît comme sa poche. "Ça va être pour nous un engagement dans la durée" conclut le colonel.

Les Plantiers isolés du reste du monde

Les habitants de la zone (260 au total aux Plantiers) vont rester confinés pendant la poursuite des recherches. Ils sont 150 à vivre dans le village, et plus d'une centaine dans les différents hameaux de la commune. De nombreux habitants de ces hameaux ont dû quitter leur maison isolée pour trouver refuge dans le bourg historique.

Une organisation qui a pu se faire grâce à la solidarité des villageois pour l'hébergement. Difficile d'en savoir plus sur eux, car la presse n'a pas accès aux Plantiers, transformé en camp retranché pour assurer la sécurité des habitants. 

D'après le colonel Haas, c'est bien sûr une situation très stressante qu'ils traversent actuellement, confinés et entourés de forces de sécurité armées. La cellule médico-psychologique déployée hier aux Plantiers est renouvelée pour 24 heures.

Les précisions du colonel Haas et de Saadia Tamelikecht, la sous-préfète du Gard, sur place pour suivre l'évolution de la situation.

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