A l'entrée du Parc national des Cévennes, la petite commune de Saint-Roman-de-Codières et ses 155 habitants se sentent de plus en plus isolés. Plusieurs zones sont en zone blanche et se retrouvent sans réseau, ni téléphone ni internet. L'inquiétude monte pour le maire et les habitants.
A chaque fois que vous rentrez chez vous, il vous abandonne. Et sans lui, c'est toute une partie de votre vie qui s'éteint. Fini internet, les emails, les appels... A Saint-Roman-de-Codières, le réseau ne répond plus. Et les conséquences sont parfois dramatiques.
Luc Villaret est le maire de la commune. Il y a deux ans, sans nouvelle de sa conseillère municipale, il part chez elle en quête de nouvelles.
Sylvie est restée deux jours sans soin, dans l'impossibilité de prévenir qui que ce soit.
Luc Villaret Maire Saint-Roman-de-Codières
"Dans cette maison, il y a encore l'âme de Sylvie... Il s'est passé que nous sommes venus récupérer Sylvie qui avait subi un AVC et qui est restée deux jours sans soins, dans l'impossibilité de prévenir qui que ce soit" explique, ému, Luc Villaret.
Une attente trop longue. Après un an d'hôpital, Sylvie Fenetrier décède. Et pour le maire, le sentiment d'abandon augmente.
"On peut voir l'état de ce câble ici. Il est dans les branches, il est à moitié enterré au pied du poteau. Là-bas, il est sous un tronc d'arbre. Ce sont des câbles qui s'abiment, qui s'oxydent. Je ne comprends pas qu'ils nous laissent dans cet état de vétusté, dans cet état d'urgence", déplore le maire du village.
Coupés du monde en cas d'urgence
Pour Michel Tasset aussi l'inquiétude grandit. Privé d'internet et de téléphone depuis 6 mois, il ne sait pas s'il pourrait continuer à vivre ici sans son épouse.
"Nous sommes deux à la maison, c'est une chance. Il y en a un qui peut aider l'autre. Mais quand on vit seul ici, je ne vois pas comment c'est possible ! On ne peut pas lancer un SOS au téléphone, puisqu'il n'y a pas de téléphone, ça peut être catastrophique ! " explique-t-il.
Une situation qui dure depuis plusieurs années, et qui pourrait pousser cet autre habitant à déménager.
"Le portable ne passe pas et si on a pas internet avec le téléphone, je suis obligé de partir à 500 mètres de la maison pour essayer de téléphoner. Et c'est indispensable au niveau professionnel, quand le patron doit nous joindre, ou même pour connaître l'état des routes. Nous sommes en montagne, ça peut être dangereux ! On se sent abandonnés ! " témoigne-t-il.
En France, il reste encore plus de 500 zones blanches. Et dans chacune d'elle, un sentiment d'urgence résonne.