Les ouvrières d'Eminence, fabriquant de sous-vêtements historique du Gard, racontent leurs souvenirs de Mai 68. Car les événements ont constitué pour elles une véritable révolution féministe, leur apportant parité et avancées sociales et salariales.
A l'occasion du 50ème anniversaire de Mai 68, les ouvrières textile d'Eminence, dans le Gard, nous ont confié leurs souvenirs. Car elles ont activement participé aux événements. C'est à la bourse du travail d'Alès qu'avaient lieu les assemblées générales. L'endroit n'a pratiquement pas changé en 50 ans. C'est là que Nora Genêt et Esmeralda Terpereau les ont rencontrées.
Le reste, ce sont Huguette Van Duynslaeger, ancienne salariée d'Eminence, et Sylvette Burgat, co-fondatrice du planning familial d'Alès, qui le racontent dans le reportage ci-dessous.
Occupation de l'usine jour et nuit
En Mai 68, ces ouvrières fabriquaient des sous-vêtements masculins de la marque Eminence dans l'usine d'Aimargues, qu'elles ont occupée jour et nuit. Dans le textile, c'est elles qui ont eu la meilleure augmentation de salaire : +30%, mais aussi d'autres avantages spécifiquement féminins : les mères de famille ont obtenu le droit de sortir un quart d'heure avant la pause midi, pour ne pas avoir à faire la queue à l'unique pointeuse. Elles
avaient aussi pu négocier une heure de temps libre le jour de la rentrée scolaire pour pouvoir accompagner leurs enfants.
Mai 68, révolution féministe
Pour ces femmes, Mai 68 a aussi constitué un renversement des valeurs conservatrices en ce qui concerne les droits des femmes. A l'époque, peu de contraception : la pilule a été légalisée l'année précédente, en 1967, et le diaphragme reste interdit en France. Sylvette Burgat s'est alors mise à militer pour que l'éducation sexuelle rentre à l'école, pour informer les jeunes femmes,
Mai 68, c'est aussi pour les femmes l'accès au droit d'avoir un chéquier. Et dans la fonction publique, le droit d'aller travailler en pantalon.
Eminence, un groupe né dans le Gard
Par leur action, les ouvrières d'Eminence ont ainsi contribué à faire progresser les mentalités. Aujourd'hui, le groupe, fondé à Nîmes en 1944 par Georges Jonathan et Gilbert Sivel, conserve son siège social dans le Gard, où il possède toujours 2 usines, à Aimargues et Sauve. Il emploie 500 personnes en Europe dont 500 dans ses 4 sites français. C'est en France que la découpe et le tricotage des tissus est toujours réalisé.
Un groupe qui a le vent en poupe
Le groupe reste le leader français des sous-vêtements masculins. En 2016, surfant sur la vague du "made in France", il a vu ses ventes augmenter de 8 %, après deux années difficiles. En 2017, elle est revenue à son niveau historique de 130 millions d'euros de chiffre d'affaires. Un petit exploit, dans un marché globalement en recul.