Accident de chasse ou acte d'intimidation ? Dimanche après-midi, une jument de trait été tuée d'une balle en pleine tête par un chasseur, à Laval-Saint-Roman, au nord du Gard. Ses propriétaires, en conflit avec les chasseurs locaux, ont porté plainte. Une enquête judiciaire est en cours.
Jasmine, une jument de trait d’un an et demi, a été découverte gisant dans l'herbe dimanche 22 novembre par Julien Lavès et sa famille.
Cet éleveur de brebis avait entendu des coups de feu près d'un de ses parcs où paissent ses ânes et ses chevaux, en début d’après-midi. Parti vérifier avec sa compagne et ses deux jeunes enfants ce qui se passait avec ses bêtes, ils ont découvert un bien triste spectacle : leur jument au sol, sans vie, avec un impact de balle dans la joue.
Un couple en conflit avec les chasseurs
Immédiatement, l'éleveur va porter plainte auprès de la gendarmerie de Pont Saint-Esprit. Pour lui, c'est certain, il s'agit d'un acte volontaire et pas d'un coup de fusil au hasard.Ce berger s’est installé en 2018 sur des terres qu’il loue avec sa compagne entre Laval-Saint-Roman et Saint-Christol-de-Rodières, à l’ouest de Barjac, à la frontière ardéchoise.Depuis l’été dernier, les conflits avec les deux sociétés de chasses locales se sont multipliés : clôture vandalisées à maintes reprises, chasseurs et chiens régulièrement surpris dans l’enceinte des parcs alors qu’ils constituent une propriété privée et même menaces de mort sur sa compagne :Depuis, notre fils de 6 ans est traumatisé. Il a peur que les chasseurs viennent à la maison la nuit.
Voilà ce qu’aurait entendu cette jeune mère de famille un jour d’été, alors qu’elle protestait contre la présence des chasseurs sur sa propriété.Tu n‘es pas d’ici, c’est pas chez toi, alors tes chevaux, tu vas les enlever de là, et si tu portes plainte, on te butte !
Un accident selon les chasseurs
Joint par téléphone, Luc Barnouin, président société de chasse de Laval-Saint-Roman, reconnaît que « Des histoires , il y en a eu pas mal, c’est sûr » mais il dément catégoriquement toute volonté d’abattre la jument.Le chasseur, je le connais, il a simplement raté son tir sur un chevreuil. Il n’a pas voulu tuer le cheval. Il faudrait être fou pour faire çà en plein dimanche après-midi avec un gilet orange sur le dos.
Enquête judiciaire en cours
Le parquet de Nîmes a confirmé qu’une enquête était bien en cours sur cette affaire. Enquête qui promet déjà d’être longue selon le procureur de la République Eric Maurel, car les gendarmes de Pont-Saint-Esprit, qui ont procédé au premières auditions dès lundi, ont encore bon nombre de personnes à entendre.En attendant, le couple d’éleveur a raconté son histoire sur les réseaux sociaux, photos à l’appui, et lancé une pétition en ligne pour dénoncer l’attitude des chasseurs qu’ils accusent d’avoir délibérément tué leur jument.
Pétition qui a recueilli 45 000 signatures en quelques jours à peine.