À Nîmes, la communauté Harki se mobilise pour obtenir reconnaissance et réparations

Un projet de loi sur la reconnaissance de l'État envers les préjudices subis par les Harkis lors de la guerre d’Indépendance de l’Algérie doit être présenté à l'Assemblée nationale. Pour la communauté Harki de Nîmes, qui échange avec les parlementaires, ce projet de loi est incomplet.

60 ans, ou presque. Voilà six décennies que l’Algérie a accédé à l’indépendance, au terme d’une guerre longue de huit ans. Une histoire encore très présente dans la vie des descendants des Harkis, ces combattants musulmans qui ont rallié les troupes de l’armée française pendant les combats. Considérés comme des traîtres, ces combattants ont été marginalisés et massacrés lorsque l’Algérie est devenue un territoire indépendant. 

“Harki, ça ne veut pas dire traître”

À leur arrivée en France, les Harkis ayant pu fuir l’Algérie ont été parqués dans des camps ou des hameaux construits dans plusieurs villes du territoire. Un accueil sans aucun honneur ressenti comme une injustice pour leurs descendants. 

Harki, ça ne veut pas dire traître", martèle Jordan Perello, porte-parole de l’association des Anciens combattants de l’Aude. Il était présent à Nîmes pour un rassemblement, au côté d’autres descendants de Harki, qui comme lui, attendent des réparations de la part de l’État. 
 

“Il faut pénaliser les gens qui peuvent encore dire “toi, t’es qu’un sale Harki, t’es qu’une balance”

Jordan Perello

 

Des parlementaires interpellés

La communauté Harki de Nîmes a dans son viseur un projet de loi  qui va être présenté jeudi prochain à l’Assemblée nationale. Il doit reconnaître la responsabilité de la France dans l'accueil indigne des harkis et de leurs familles lors de leur rapatriement d'Algérie. 

Il faut prévoir une commission d’évaluation des conséquences que ces dommages ont créés sur  les Harkis et leurs enfants", explique Françoise Dumas, député LREM du Gard. Cette commission pourra apporter, dans un second temps, une réparation aux familles a indiqué la parlementaire. 

La députée de l'Hérault Patricia Mirallès, rapporteure du projet de loi, a pu échanger avec une trentaine d’associations représentantes des Harkis. Des rencontres et des entretiens qui doivent permettre de nourrir le projet de loi. 

“Nous avons travaillé sur un amendement qui doit remplacer le mot “délaissé” par le mot “abandonné”. C'est ce qui nous paraît être le plus juste”. 

Patricia Mirallès, députée de l'Hérault

 

Les générations descendantes discriminées

Le projet de loi a été présenté au conseil des ministres début novembre. Il est porté par Florence Parly, ministre des Armées, et son homologue chargée de la mémoire et des anciens combattants, Geneviève Darrieussecq. Il prévoit notamment d’indemniser financièrement les familles et les descendants de Harkis. 

Une deuxième partie du projet de loi devrait prévoir un volet sur les conséquences des discriminations subies par les Harkis. Des discriminations qui sont ressenties aujourd'hui encore par les générations descendantes de ces combattants, indiquent les associations d'anciens combattants.

Mais ce projet de loi est loin d’être adopté et pourrait bien être retoqué par le conseil d’État s’il était modifié de façon trop conséquente. Une décision qui pourrait entraîner son annulation. Un risque majeur pour les familles éligibles à une réparation et qui ne pourraient pas être indemnisées. 

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