Deux jours après la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées, Eric Ciotti a défendu ce mardi un accord avec le RN, au risque de faire imploser les Républicains. Depuis cette annonce, plusieurs élus disent se mettre en retrait du parti et demandent la démission de leur président.
Le patron de LR, Eric Ciotti, a provoqué ce mardi un séisme au sein de son parti en rompant le cordon sanitaire que la droite maintenait historiquement avec le Rassemblement national. Cet accord politique entraîne une explosion de son parti et l'indignation de nombreux élus Les Républicains.
Dans le Gard, deux élus prennent leur distance avec le parti, le sénateur Laurent Burgoa et le maire de Nîmes Alain Fournier.
Laurent Burgoa : "honte à lui"
Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard depuis le 1er octobre 2020, demande la démission d'Eric Ciotti. Cette décision est une surprise pour lui, une démarche qui n'engage que le président des LR et pas les élus et les militants.
Cette alliance est une démarche personnelle d'Eric Ciotti. Honte à lui. Ce n'est plus mon président. Ce n'est plus un Gaulliste mais un Pétainiste. Tous les sénateurs LR ont d'ailleurs désavoué sa légimité.
Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard
Et le Gardois ajoute : "je me mets en retrait du parti et si la situation persiste je le quitterai. Pour l'instant, je reste dans la majorité sénatoriale, sous l'égide de Gérard Larcher et Bruno Retailleau, qui j'espère, joueront un rôle important dans les jours à venir pour sortir LR de ce marasme et de cette faute politique".
Les sénateurs Les Républicains réaffirment à l’unanimité ce qui doit être la ligne claire et responsable de la droite française : rester elle-même en gardant indépendance et autonomie, vis à vis du camp macroniste comme du camp lepéniste. #LegislativesAnticipées pic.twitter.com/pwWLrMusg3
— Les Républicains Sénat (@lesRep_Senat) June 11, 2024
Jean-Paul Fournier : "cette démarche me révolte"
Même stupeur pour le maire LR de Nîmes. Jean-Paul Fournier en poste depuis 2001 dénonce l'hubris des uns qui répond à la démesure ou à la folie des grandeurs des autres.
Comme son collègue, Jean-Paul Fournier réclame la démission d'Eric Ciotti.
Mon engagement politique, depuis les années 70, a toujours été clair. Gaulliste de cœur et de conviction, j’ai toujours combattu les extrêmes avec force. Je ne peux me résigner à la démarche du Président de ma famille politique de vouloir faire alliance avec le RN. Je dirai même qu’elle me révolte.
Jean-Paul Fournier, maire LR de NîmesCommuniqué de presse du 11 juin 2024
Dans sa logique de rejet des alliances avec les extrêmes, il ajoute : "On ne peut pas reprocher aux socialistes de s’allier avec le diable d’extrême gauche et faire la même chose de notre côté dans la précipitation. (...) Je demande la démission immédiate d’Eric Ciotti qui nous a dupés depuis son élection. En tombant dans le piège de M. Macron, il ne fait que détruire encore un peu plus un parti politique déjà terriblement fragilisé".
Comme beaucoup d'élus LR, Jean-Paul Fournier se met en retrait du parti jusqu’à nouvel ordre.
Stephan Rossignol : "je ne saurais accepter aucune compromission ni abandonner les valeurs que j’ai toujours soutenues"
Le président de la Fédération des Républicains de l’Hérault annonce sa démission de ses fonctions.
La France traverse une période cataclysmique. La dissolution de l’Assemblée nationale a déclenché une série de réactions désespérées. Mais comment accepter de vendre son âme pour un plat de lentilles ? C’est ce que rejettent en masse les Français aujourd’hui, alimentant ainsi leur aversion pour la politique politicienne. Éric Ciotti s’est totalement discrédité et n’est plus digne de présider le mouvement politique qu’a dirigé Jacques Chirac.
Stephan Rossignol, maire LR de la Grande-Motte
Le maire de La Grande-Motte, dans un communiqué, tacle Emmanuel Macron mais aussi le futur Front populaire.
"Dans la tempête, il faut savoir tenir un cap, rester droit et fidèle à ses idées. Le Président de la République a joué un coup solitaire et dangereux, prouvant qu’il n’a pas réussi à répondre aux attentes des Français. Je dénonce aussi fermement cette alliance du Front Populaire et de certains socialistes qui ignorent tout à coup les dérapages antisémites des Insoumis, leur violence et leur clientélisme communautariste".
Puis il ajoute une déclaration de Jacques Chirac. "Ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre. Dans notre histoire, l'extrémisme a déjà failli nous conduire à l'abîme. C'est un poison. Il divise, pervertit et détruit. Tout dans l'âme de la France dit non à l'extrémisme".
Élie Aboud : "où est ma famille politique ?"
L'ancien et dernier député LR de l'Hérault ne comprend plus sa famille politique. Élie Aboud, élu de la 6e circonscription entre 2012 et 2017, celle d'Emmanuelle Ménard et ex-premier adjoint au maire de Béziers entre 2008 et 2013 ne se reconnaît pas dans une alliance avec le RN.
C'est un cafouillage monumental et malheureux. L'alliance ne peut pas tenir à cause du programme sociétal et économique du RN. L'union des droites à l'époque ne s'est pas faite pour cela. Il y a là en 2024 des ambitions personnelles de ministrable ou de maire de Nice...
Élie Aboud, ancien député LR de l'Hérault
Concernant le parti LR, Élie Aboud pense qu'il y aura une recomposition à l'automne, mais avec qui et autour de qui ?
"LR, c'est l'inverse de Renaissance. Nous avons un corps et pas de tête, le parti présidentiel à une tête et pas de corps, pas d'appareil, pas de figures, pas d'élus de terrain ancrés dans les territoires. Et pour gagner puis gouverner, il faut les deux. Il faut un chef à un mouvement..."