Après la troisième journée d’audience aux assises du Gard, les réquisitions sont tombées. 30 ans de réclusion criminelle ont été requis pour Fabrice A., et 20 ans à l’encontre de Mourad B.
3ème et dernier jour d'audience à Nîmes : l’avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Fabrice A., accusé d'avoir commandité l'assassinat de son ex-compagne et 20 ans contre Mourad B., accusé d’avoir été son homme de main.
Ce mardi matin, les 2 co-accusés ont été entendus sur les faits par la cour d'assises du Gard.
C'était la "seule échappatoire": pour éviter une nouvelle rencontre orageuse entre sa mère et sa compagne, un ingénieur d'Alès avait commandité en 2013 l'assassinat finalement manqué- de sa conjointe, a-t-il expliqué mardi devant les assises du
Gard.
Je ne pensais pas vraiment que ça allait aboutir, c'était comme dans un film,
raconte Fabrice A., 45 ans, qui comparaît depuis vendredi pour complicité de tentative d'assassinat aux côtés d'un ex-employé accusé d'avoir été son homme de main.
Grièvement blessée et "traumatisée à vie" selon les psychiatres, Rachel, aujourd'hui âgée de 37 ans, avait après la tentative d'assassinat continué à vivre aux côtés de Fabrice A. sans se douter de rien pendant huit mois, jusqu'à l’interpellation de celui-ci en décembre 2013.
Retour sur les faits
Le 5 avril 2013, Fabrice A.assure s'être endormi dans son pavillon d'Alès tout en sachant que sa compagne devait être assassinée dans la nuit, dans le lit conjugal, à quelques mètres de la chambre de leur fils de 10 mois.
A 02H00, la jeune femme est réveillée en sursaut par l'irruption dans la chambre d'un homme vêtu de noir qui tire trois balles sur elle avant que son arme ne s'enraye et qu'il ne s'enfuie. Son compagnon ne fait rien pour la défendre.
A l'origine de cette "connerie", selon l'accusé, un conflit ouvert entre sa compagne et sa mère: tancé pour ce terme par Me Gérard Christol qui défend la jeune femme, Fabrice A. tente d'expliquer qu'il avait considéré cet "acte fou" comme la "seule échappatoire" à une rencontre prévue le 7 avril entre sa mère et Rachel.
Les deux femmes entretenaient des rapports exécrables qui le plaçaient, dit-il, dans une situation "insupportable". "Je suis resté au stade du petit garçon", explique l'accusé. Cet homme de 45 ans mesurant plus de 1m90 décrit une mère autoritaire devant laquelle il s'est toujours "écrasé", et qui lui répétait: "un enfant, ça se dresse" et l'a obligé à se coucher à 20H30 jusqu'à ses 18 ans.
Le compte rendu de la troisième journée avec Cécile Banasik et Lucien Thélu.
Il n’a pas agi seul
"Bien sûr, j'étais incapable de le faire moi-même", souligne Fabrice A. à propos de l'assassinat de sa compagne. Il assure avoir confié l'exécution du projet élaboré pendant plusieurs mois à Mourad B., un ancien employé. Ce dernier, accusé de tentative d'assassinat, continue à nier farouchement.
Selon Fabrice A., cet agent de sécurité, souffrant d'une déficience visuelle, devait "recruter deux gars qui n'étaient pas de la région": c'est un "gars qui ne voit rien... Il n'a jamais été question qu'il s'en charge en direct".
Fabrice A. était "tout ce qu'elle avait, elle y a cru"", dit-elle à propos de sa cliente qui a "passé des mois et des mois à se torturer". "Mon monde s'est effondré", a témoigné lundi la victime, une jeune femme brune et frêle qui continue à revivre son "assassinat" la nuit.
Me Christol a demandé que l'autorité parentale soit retirée à Fabrice A. comme le prévoit la loi dans le cas d'un parent qui a voulu tuer l'autre.
"Tout au long de nos vies, nous sommes poursuivis par les images de notre enfance", a souligné Gérard Christol en plaidant pour l'enfant qui a aujourd'hui quatre ans " Il faudra faire face, M. A.", a-t-il lancé à l'accusé. Dans des années, lorsque vous sortirez (de prison ndlr), peut-être qu'un jeune homme vous attendra, je ne vous demande qu'une chose, ne l'approchez pas, laissez-le s'envoler vers sa vie d'homme".
Le verdict est attendu demain dans la matinée.