"Ça pourrait s'étendre à toute la prison", les surveillants redoutent une invasion de punaises de lit à la maison d'arrêt de Nîmes

Depuis une semaine, la buanderie de la prison de Nîmes, dans le Gard, est infestée de punaises de lit. Un phénomène favorisé par la surpopulation carcérale et qui dégrade encore davantage les conditions de détention. Les syndicats de surveillants craignent la contamination de toutes les cellules.

Depuis la semaine dernière, la prison de Nîmes, dans le Gard, fait face à une infestation de punaises de lit. Si les occupants n'en sont clairement pas à leur première fois, l'invasion touche cette fois-ci un point stratégique de la structure : la buanderie.

Un "point stratégique" touché

"Avant, on avait maximum trois cellules qui étaient touchées à la fois, mais là, ça pourrait s'étendre à toute la prison", craint Mathilde Carrillo, représentante syndicale UFAP-UNSA justice à la maison d'arrêt de Nîmes, qui redoute une situation similaire à celle de la maison d'arrêt de Perpignan, où près d'un tiers des cellules subit les attaques du parasite hématophage.

La prison date des années 70 et est dans un état d'insalubrité déplorable, avec plein de recoins où se cacher pour les punaises.

Mathilde Carrillo, représentante syndicale UFAP-UNSA justice à la maison d'arrêt de Nîmes

La prolifération des punaises est notamment favorisée par le manque d'hygiène, la chaleur (qui peut monter à plus de 40° sous les toits pendant la canicule), l'humidité, et bien sûr la promiscuité qui démultiplie ses sources de "nourriture".

Taux d'occupation de 225 %

Or, la prison de Nîmes est l'une des plus surpeuplées de France, avec un taux d'occupation de 225 %, principalement dans la partie hommes de la maison d'arrêt. Une soixantaine de détenus sont contraints de dormir sur des matelas au sol.

Bien que le parasite, par ses morsures, ne soit pas vecteur de maladies, les détenus exposés peinent à dormir correctement, ce qui n'arrange rien aux tensions déjà existantes entre les détenus, selon la représentante syndicale. Elle craint également que l'insecte réussisse à franchir l'enceinte de la prison, notamment par le biais du linge que les détenus donnent parfois à laver à leur famille à l'extérieur.

Traitement par le froid

"On a dû faire intervenir lundi (7 août, ndlr), un camion frigorifique dans lequel on a placé tout le linge de la buanderie, car les punaises ne survivent pas au froid plus d'un certain temps. On espère vraiment que ça va marcher", confie la syndicaliste.

Les punaises de lit ayant développé une résistance aux insecticides, les traitements thermiques sont privilégiés aux traitements chimiques pour en venir à bout. "Dès qu'on a su que la buanderie était touchée, on a fait sortir les détenus, on les a passés à la douche et on leur a donné des vêtements propres. Tout le mobilier des cellules a également été changé, les punaises aiment particulièrement se mettre dans les tubes métalliques des lits en mezzanine."

On a actuellement une 10 départs en mutation, car il y a un vrai mal-être chez le personnel pénitentiaire, dont certains préfèrent encore aller travailler plus loin alors qu'ils habitent dans le coin.

Mathilde Carrillo, représentante syndicale UFAP-UNSA justice à la maison d'arrêt de Nîmes

Les surveillants espèrent que ces mesures suffiront car l'été en cours s'avère déjà particulièrement difficile. "Le nombre de détenus ne baisse pas alors que d'habitude, pendant la saison estivale, on a davantage de vacations judiciaires et donc un peu de désengorgement", pointe la représentante UFAP-UNSA.

"Le problème en été, c'est qu'on n'a presque jamais d'audience pour des remises en liberté de détenus en fin de peine ou en détention provisoire, vu que les magistrats compétents en la matière sont pour la plupart en vacances", pointe de son côté Maître Khadija Aoudia, bâtonnière du barreau de Nîmes, ce qui est d'autant plus problématique en période de canicule. "Il fait une chaleur épouvantable là-dedans en été, avec parfois près de 50° de ressenti sous les toits, le tout dans des cellules de 9m² occupées chacune par trois personnes. Ça les brise, autant physiquement que psychologiquement."

Solutions à plus long terme

Pour Mathilde Carrillo, une des solutions à la surpopulation carcérale, pour laquelle la France a été condamnée en 2020 par la Cour européenne des Droits de l'Homme, reste de privilégier les placements sous contrôle judiciaire et les assignations à résidence pour les prévenus impliqués dans des affaires mineures.

Une partie de la prison de Nîmes est actuellement en travaux pour pouvoir accueillir, d'ici début 2025, une centaine de détenus supplémentaires, ce qui correspond tout juste au nombre de matelas actuellement au sol.

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