Sur la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer, le ballet des moissonneuses-batteuses a démarré. Cette année, en Camargue, la récolte du riz a commencé avec près de deux semaines de retard.
En temps normal, les rizières sont asséchées et récoltées dès la mi-septembre. Mais soumise à la montée de la Méditerranée et à un afflux de sel dans les sols, la Camargue a dû s’adapter à des conditions climatiques particulières.
"Le sel remonte dans les sols par capillarité", explique Betrand Mazel, président du syndicat européen des riziculteurs. "Le réchauffement climatique est un grand sujet pour la Camargue. Aujourd’hui, on commence à avoir des plantes qui disparaissent, on ne voudrait pas être les premiers réfugiés climatiques !".
Réinventer le riz
Fondé en 1985, le Centre français du riz est devenu au fil des années un outil indispensable pour perpétuer la tradition de la culture du riz en Camargue. Dans leur laboratoire d’Arles, les ingénieurs inventent le riz de demain. Céréales rondes, longues, noires ou rouges, plus de trente riz camarguais classés en IGP (indication géographique protégée) y ont été créés.
Arnaud Boisnard est ingénieur en création variétale ou "sélectionneur", comme il se qualifie. "Mon travail est de créer de nouvelles variétés [de riz, ndlr] adaptées aux changements du climat", explique-t-il. "La salinité étant plus importante en Camargue."
Dans la région, près de 20.000 hectares sont dédiés à la culture du riz (soit environ 13% de la surface totale de la Camargue) et environ 110.000 tonnes de riz IGP sont récoltées chaque année. Le tout pour un chiffre d’affaires annuel de 80 millions d’euros et 2.000 emplois générés par l’ensemble de la filière.
Modifier le riz pour s’adapter au changement climatique semble être, de fait, une mesure nécessaire. Mais elle pourrait être insuffisante pour sauver les riziculteurs de Camargue.