Le centre de gérontologie de Serre-Cavalier à Nîmes est désormais considéré comme un ‘’cluster’’, un foyer actif de l’épidémie. Depuis le début de la crise sanitaire, 18 décès dus au Covid y ont été officiellement enregistrés.
La direction du CHU de Nîmes a donné ce lundi après-midi un bilan officiel : 18 personnes ont succombé au Covid-19 au centre de gérontologie de Serre-Cavalier et 19 autres décès sont suspects, les victimes n’ayant pas été testés. Le centre accueille 520 résidents et patients. Il compte un établissement d’accueil pour personnes âgées et un centre de long séjour.
Mais la situation de cette antenne du CHU de Nîmes inquiète fortement les syndicats. Une cinquantaine de patients ou résidents auraient été testés positifs, ainsi qu’une cinquantaine de personnels. Force Ouvrière, le syndicat majoritaire, demande la tenue d’un CHSCT extraordinaire. La CGT a transmis à la direction ‘’un signalement de risque grave’’, le second depuis le début de la crise. Les représentants du personnel dénoncent un manque d’équipements individuels de protection et une désorganisation des services.
Une aide-soignante témoigne
Une aide-soignante, anonyme, témoigne dans un document transmis par la CGT. Elle rappelle que le centre de gérontologie de Serre-Cavalier soigne des personnes atteintes de grosses pathologies comme la démence, la maladie de Parkinson ou des cancers. ‘’Et celles-ci n’ont plus que nos mains pour se laver, s’habiller et manger. Elles n’ont plus que nos bouches pour s’exprimer et dire qu’elles ont peur, qu’elles sont malheureuses ou qu’elles se sentent seules. Elles n’ont plus que nos yeux pour pleurer ou pour demander de rester avec elles.’’Je vous parle d’êtres humains, de vos grands parents, de vos parents, de la souffrance des familles, des personnes hospitalisées et des soignants
Cette aide-soignante explique travailler dans des conditions difficiles, 7h30 ou 8h par jour et au moins un week-end sur deux. ‘’J’ai honte d’être dirigé par des gens qui ne pensent que par des chiffres à virgule. Moi, je vous parle d’êtres humains, de vos grands parents, de vos parents, de la souffrance des familles, des personnes hospitalisées et des soignants’’.
Une fille de victime, Véronique Jullian, envisage d’ailleurs de porter plainte. Elle propose de constituer un collectif des familles des défunts et veut se porter partie civile. Son père, Lucien, âgé de 86 ans, avait été hospitalisé mi-décembre pour une fracture du col du fémur. Il est décédé le 24 avril, après avoir été déclaré positif au Covid-19 six jours plus tôt.