Depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de bénéficiaires des aides distribuées par la Banque alimentaire du Gard a augmenté d’environ 20%. Le conseil départemental prend même à sa charge des achats de produits frais.
La semaine dernière, le Département du Gard a acheté 4 tonnes de fruits et légumes (pommes de terre, céleri rave, choux vert, salades et pommes) pour les associations caritatives. L’opération sera renouvelée ce mardi avec de la viande de taureau, du riz et des pélardons.
Et pour la semaine prochaine, nous verrons quels sont les besoins et quels sont les stocks que le Mas des agriculteurs doit écouler en priorité" explique Fabrice Montez, le responsable de la réserve départementale mise en place au début de la crise.
Le conseil départemental solidaire des plus démunis
La collectivité a mis au point un partenariat avec le Mas des agriculteurs, ouvert en juin 2019 à Nîmes par des producteurs du Gard, et avec la Banque alimentaire. L’objectif est de participer à l’effort de solidarité envers les plus démunis.
Pour le président du conseil départemental du Gard, Denis Bouad, "l’idée était double, venir en aide aux familles dont les enfants ne bénéficient plus de la cantine scolaire et aux agriculteurs peu organisés jusqu’à présent pour la vente directe et qui avaient besoin d’écouler des invendus.
Le dispositif pourrait se poursuivre après le début du déconfinement.
Le coût total des deux premières commandes dépasse les 9.000€. "Mais cet investissement est justifié pour le président Bouad qui précise que 60% de l’enveloppe départementale va chaque année à la solidarité. Avec la crise économique, notre budget va exploser. Il faudra un coup de pouce de l’Etat. Mais il faut d’abord régler la crise sanitaire".
20% de bénéficiaires en plus
La Banque alimentaire du Gard redistribue ces aliments à ses 70 associations partenaires au prorata du nombre de bénéficiaires.
L’initiative est excellente, dit son président Jean-Luc Benoit. Elle permet de servir des produits frais et de qualité et elle offre du travail aux producteurs locaux. J’ai d’ailleurs envoyé un courriel de remerciement au président du conseil départemental.
Chaque semaine, près de 6.500 personnes sont ainsi aidées par ce réseau associatif, soit 1.000 de plus qu’en temps normal.
Cette augmentation inquiète la Banque alimentaire qui a enregistré de nouvelles demandes d’aides émanant des CCAS (centres communaux d’action sociale) de Nîmes, Aramon et Sumène ou par des associations nîmoises. "Je m’interroge sur la suite ajoute Jean-Luc Benoit. Je me fais même du souci pour nos stocks de produits secs. Je ne suis pas sûr qu’ils suffisent si la crise dure’’.
Au total, 21.000 personnes avaient été aidées l’an dernier.
L’Association Protestante d’Assistance mobilisée
Parmi les nombreuses associations mobilisées pour venir en aide aux personnes fragilisées par la crise, l’Association Protestante d’Assistance. Cette structure nîmoise est mobilisée toute l’année. "Rester active nous paraissait une évidence, affirme sa secrétaire générale Marie Orcel. On se sent en plein dans notre mission, malgré la gêne et les empêchements".
Il a fallu d’abord remplacer une bonne partie des 150 bénévoles habituels, souvent des personnes âgées qui préféraient rester chez elles par prudence. Grâce à la réserve civique du Covid-19, 250 autres volontaires se sont manifestés, souvent plus jeunes.
Mais la plupart pourraient bien être à leur tour indisponibles après le début du déconfinement la semaine prochaine. Il va donc falloir trouver encore de nouveaux bénévoles.
Quatre fois plus de monde que d’habitude
Il a fallu aussi mettre en place des gestes barrières pour accueillir une fois par semaine les bénéficiaires lors des distributions hebdomadaires de paniers solidaires mais aussi de produits d’hygiène (grâce à l’aide de la Fondation de France) et même de savon et de gel. "Mais gérer dans la rue quatre fois plus de familles que d’habitude n’est pas simple reconnait Marie Orcel. Nous en accueillons 130 à 140 à chaque fois et nous voyons de nouveaux publics, ceux qui travaillent au noir ou qui vivent grâce aux chèques emploi service et qui aujourd’hui n’ont plus rien".
La responsable de la structure raconte aussi les tensions lors des distributions.
Il faut expliquer et rassurer pour éviter tout incident. La moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Les gens sont souvent à cran.
En dépit des difficultés, l’association a décidé de poursuivre ces distributions jusqu’au 30 juin.