Des races d'élevages menacées de disparition, elles sont pourtant porteuses d'avenir

Certaines races d’élevage sont menacées de disparition car elles sont peu productives, moins rentables et trop contraignantes. Conséquences : les éleveurs les délaissent et se tournent vers d'autres races. A contrario, d'autres éleveurs font le pari de les réintégrer dans le paysage.

À Nîmes, ces agneaux de race Raïole n’ont que quelques heures. Pour l’instant, ils sont tenus à l’écart du troupeau pour garantir leur bonne santé. Car ces nouveau-nés sont précieux dans cet élevage ovin.

"Les naissances sont une période importante pour un éleveur. C’est la consécration de toute l’année et  c’est important !" constate Dimitri Servière, éleveur.

Important, parce que la race de ces brebis est menacée de disparition. Cette année, les bêtes de cet éleveur lui ont donné 270 nouvelles têtes.

"Depuis que je suis petit, je sais que je voulais faire berger. En grandissant, je me suis renseigné sur les races présentes dans le département. J’ai eu connaissance de Raïole, et senti la mission de sauver une race" poursuit-il. 

Installé depuis 2009, Dimitri Servière est l’un des éleveurs qui en compte le plus en France. Dans les années 1980, on recensait seulement 800 Raïoles dans le monde.

Aujourd’hui, on en dénombre 3 500. Même si la race se porte mieux, elle n’est pas pour autant hors de danger.

"Le défaut, c’est qu'elle a une croissance lente, et comme il faut aller vite et faire du rendement, ça ne correspond plus à un certain système d’élevage. Les bouchers, eux, préfèrent de la viande de races plus charnues" conclut-il. 

Papa poule 

Contribuer à la préservation des races menacées n'est pas uniquement la responsabilité des éleveurs. Dans son garage, Michel Gabach, ancien postier à la retraite, participe à la conservation de la race de poules "La Gournay".

"C’est une race normande, reconnaissable à la tache sur la tête. Économiquement, elle n’a pas la rentabilité que l'on demande aujourd'hui chez les agriculteurs professionnels. Moi, j’aime le vivant, à l’origine toutes les races du bassin méditerranéen, faisaient des œufs blancs, comme les Gournay" explique Michel Gabach.

Voilà 25 ans qu’il est aux petits soins de la race. Il surveille régulièrement les œufs en couveuse jusqu’à ce que les poussins sortent de leurs coquilles.

"Je suis un peu leur papa. Un animal qui se reproduit cela signifie qu'il est en bon état, c’est gage de bonne santé" se réjouit-il. 

Avec 6 poules et 2 coqs, il contribue à accroître l’effectif de Gournay de 40 poules reproductrices chaque année.

 "Je n’ai pas une mission, mais j'ai une part de responsabilité à conserver le vivant et la biodiversité, à petite échelle mais avec passion" conclut Michel Gabach.

168 races en danger 

Anne Lauvie est chercheuse, elle travaille sur la gestion des races d’élevages locales, notamment celles menacées. Aucune espèce domestiquée par l’homme n’est épargnée : des volailles, des bovins, des moutons ou encore des chevaux.

Au total, l’INRAE a recensé dans un rapport 168 races en danger en France.

"Il a aussi une diversité invisible, la diversité des gènes que portent ces animaux et potentiellement, nous ne savons pas l’intérêt que pourraient avoir ces gènes pour l’avenir. Si on a des conditions d’élevage qui changent, on pourra avoir des animaux plus adaptés que d’autres. C'est un potentiel pour l’avenir de cette diversité" explique la chercheuse.

Les premiers programmes de conservations des races d’élevage sont apparus dans les années 70. Grâce à des mesures incitatives, certaines races ont pu voir leur effectif se rétablir, comme la chèvre du Rove qui a longtemps frôlé l’extinction.

À leur échelle, Dimitri Servière et Michel Gabach nourrissent l’espoir de voir un jour leurs animaux hors de danger.

Écrit avec Esméralda Terpereau. 

 

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