A l'issue du procès devant les Assises du Gard, l'ex-joueur de foot du club de Vauvert est condamné à 15 ans de réclusion criminelle, pour meurtre. Les jurés, après quatre heures de délibérations, n'ont pas retenu la qualification d'assassinat et donc la préméditation.
L'avocat général avait requis 18 ans de détention avec une peine de sûreté. Lui est convaincu que ce geste criminel était prémédité. Lors des réquisitions, Régis Cayrol a expliqué sa position ainsi : "l'accusé s'était enfermé dans un couloir mortel de violences. (...) Est-ce qu'on prend deux couteaux pour faire autre chose que de s'en servir ?".
L'avocat général a qualifié les faits de crime d'amour-propre.
Le verdict est finalement de 15 ans de réclusion criminelle pour meurtre. Salim Boudral a désormais 10 jours pour faire appel de sa condamnation.
Harcèlement, humiliations, vexations, insultes ?
Pour expliquer son geste, l'accusé affirme que la victime le harcelait et proférait des insultes répétées contre lui lors des entrainements.
Il rapporte des propos grossiers et homophobes. Selon lui, l'entraîneur essayait "de le mettre à l'amende" en le forçant à commettre des vols ou vendre du cannabis.
Salim Boudral dit que la colère est montée, le jour où le coach l'a exclu du club pour un retard avant un départ en déplacement et l'a insulté.
Il affirme même que Redouane Abbaoui l'a giflé et lui a donné un coup de tête.
Au final, l'accusé a reconnu sa culpabilité et a dit qu'il ne cherchait pas à se justifier. Il a aussi rappelé le harcèlement téléphonique et par SMS exercé par la victime et par son frère, 27 appels et textos en deux heures, pour leur rendez-vous fatal. D'où les deux couteaux en sa possession, par peur et pour les tenir à distance.
Les plaidoiries des parties civiles pour la mémoire de la victime
Au cours de leurs plaidoiries, les avocats de la famille Abbaoui se sont attachés à restaurer l'image de la victime, dont la défense souhaitait faire un harceleur, justifiant ainsi l'acte meurtrier de Salim Boudral.
"Arrêtez de salir cet homme, laissez-le en paix", "le mobile du pétage de plomb pour mettre fin aux harcèlements répétés ne tient pas" diront de concert maîtres Abratkiewicz et Aoudia, les avocats de la partie civile.
Fils aîné de la famille, très bon élève habitué au tableau d'honneur scolaire, Salim Boudral n'aurait pas supporté d'être écarté de son équipe de foot. Incapable de gérer sa frustration au point d'asséner sept coups de couteau à son entraineur.
"Il y a de manière lucide, à dessein, une préméditation qui se construit. On a un homme qui s'arme de deux grands couteaux qu'il cache et qui donne des coups sans une parole".
Me Cyril Malgras, avocat d'une des parties civiles.
La défense assurée par maître Mimran a eu fort à faire pour infléchir la conviction des jurés, après le portrait de l'accusé dépeint par les autres parties au procès.
Salim Boudral s'est excusé pour cet acte qui a détruit la vie de sa victime et mis entre parenthèse la brillante carrière d'expert comptable à laquelle lui même aspirait.
Redouane Abbaoui tué de 7 coups de couteau
Le drame s'est produit le 24 mai 2019 à Vauvert, dans le quartier du Bosquet, vers 22h30. Un entraîneur de football de 36 ans était poignardé à mort, à sept reprises. La mort est survenue en moins de deux minutes a expliqué l'expert en médecine légale, l'un des coups ayant touché l'aorte.
Rapidement, l'auteur présumé du meurtre, Salim Boudral, était arrêté et placé en garde à vue. Le jeune joueur, alors âgé de 21 ans, était incarcéré dès le dimanche soir, soit 48 heures après le meurtre.
La victime était l'entraîneur du FC Vauvert. Son meurtre avait suscité une vive émotion dans le village où un rassemblement spontané de plus de 2.000 personnes avait eu lieu, à l'initiative de ses proches et des jeunes du quartier.
Redouane Abbaoui était père de trois enfants.