Le Parlement européen a voté un amendement pour que les aides de la PAC (Politique Agricole Commune) ne soient plus distribuées aux éleveurs de taureaux de combats. En France, ils sont une quarantaine. Dans le Gard, ils sont quatre à être concernés, nous avons rencontré l’un d’entre eux.
C’est un potentiel coup dur pour l’univers de la corrida et aussi pour les éleveurs de bétail. Jeudi 22 octobre, le Parlement Européen a voté un amendement, proposé par les Verts, pour empêcher que les financements de la Politique Agricole Commune, contribuent aux activités liées à la tauromachie. Il a été approuvé grâce à 335 votes favorables contre 297 contraires.
Mais pour l’instant, rien n’est définitif, l’amendement devra désormais être approuvé par le conseil de l’Union Européenne. L’Espagne, la France et le Portugal, pays où se tiennent encore des corridas, pourraient faire barrage à cette proposition.
Des exploitations en sursis
Pour Vincent Fare, ancien torero reconverti en éleveur, cette mesure est tout de même inquiétante pour l’avenir de certaines exploitations. Pour son activité d’élevage, il reçoit des aides européennes de la Politique Agricole Commune. Des aides calculées sur la superficie de l'exploitation : "Les aides de la PAC ça représente environ 150 euros par mère allaitante, nous on a une trentaine donc ça va ça ne va pas trop nous plomber l’année. Mais les copains éleveurs qui ont 200 mères, eux par contre ça va vraiment les impacter et c’est donc la fin de l’exploitation. La mort de la race, et c’est ce qu'ils cherchent au fur et à mesure."Ce n’est pas la première fois qu’une telle loi est votée par le Parlement Européen. Mais en 2009 et 2015, le texte avait déjà été annulé par le conseil de l’Union européenne : "Cela fait plusieurs fois qu'ils tentent le coup de nous enlever ces aides, un jour où l’autre on sait très bien qu’ils vont y arriver, il faut quand même qu'ils se rendent compte que nous avons tous des élevages extensifs et non intensifs, on privilégie la qualité plutôt que la quantité ce qui est très rare dans notre région. Sans nous, les six ou sept mille hectares que nous occupons que vont-ils devenir ? Et toute la biodiversité que l’on maintient, que l’on crée, tout l’écosystème que l’on préserve. Tout ça, ça va partir, ils vont faire quoi ? Des lotissements de partout ?"
En France, ils sont une quarantaine comme Vincent à élever des taureaux de combats. Et pour eux, la suppression de ces subventions viendrait s'ajouter à un contexte déjà tendu à cause de l’épidémie de coronavirus. Par exemple, depuis le confinement, Vincent Fare n'a pas pu organiser d'événement. Une perte de 15 000 euros destinés en partie à son élevage.
"Des petites batailles pour la victoire"
Du côté, des anti-corridas, la mesure est soutenue depuis 26 ans déjà. Mais cette année, l’amendement est différent : le calcul de la PAC se ferait par tête de bétail, et non plus par rapport à la superficie de l’exploitation.Et pour Claire Starinzinski, Présidente de l'Alliance anticorrida, la nuance est importante : "Jusqu’à présent le vote ne passait jamais car il englobait tous les élevages, et donc les mixtes aussi, ceux qui avaient des taureaux de corrida et des taureaux de Camargue. Et donc le conseil européen jouait sur cette nuance."
Et même si le vote ne passe pas cette année, les associations anti-corridas, ne sont pas prêtes à baisser les bras :
"Ce sont des petites batailles qui mèneront à la victoire. Aujourd’hui déjà, on est plus confiants qu’avant, on sait que la corrida c’est une tendance qui s’est inversée. Il n'y a plus beaucoup de personnes qui soutiennent ces spectacles où l’on donne la mort", conclut Claire Starinzinski.