La fermeture des restaurants et des hôtels pour les fêtes impacte aussi les trufficulteurs dans le Gard. A Uzès, la moitié de la récolte est normalement réservée à la restauration. Confinement oblige, les producteurs du champignon gastronomique se tournent de plus en plus vers les particuliers.
D'habitude, la moitié des truffes récoltées dans le Gard sont destinées aux restaurants qui les subliment. Leur fermeture pour les fêtes à cause de l'épidémie de Covid toujours active impacte les trufficulteurs alors que la saison commence. Ils doivent trouver des débouchés différents : les particuliers.
La saison s'annonce bonne dans le Gard. En tout cas, elle a démarré tôt cette année. Et les truffes devraient être plus nombreuses que l'an dernier. Sur son exploitation familiale d'Uzès, Margot Tournayre parcourt ses arbres truffiers. Ici, entre 100 et 500 grammes de truffes sont déterrés chaque jour.
On est en avance par rapport à l'année dernière niveau qualité, elles sont plus matures. En quantité, ça se présente bien aussi. En plus cette année les liodes qui rongent nos truffes sont partis plus tôt, et ça c'est bien!
les liodes, ce sont des petits insectes, des coléoptères qui se nourrissent de la truffe noire où ils creusent des galeries. Quand ils sont trop présents, les trufficulteurs se retrouvent avec des champignons invendables ou à des prix moins satisfaisants. L'absence de prédateurs, cette année, est déjà une bonne nouvelle pour les professionnels. Même si elle ne compense pas l'inquiétude sur l'écoulement de la production truffière.
Une année pas comme les autres
Margot a succédé à son père Michel Tournayre, un pionnier de l'exploitation truffière auquel Libération avait consacré un très beau portrait en 2014. A ce moment là, c'était l'âge d'or pour une truffe enfin reconnue et Uzès et son marché aux truffes attiraient les foules, comme le père de Margot le racontait à la veille de l'ouverture du marché : "Demain, entre 10 000 et 20 000 personnes sont attendues, nous allons trier 140 kilos de truffe, quarante restaurateurs proposent des menus truffés et la ville d’Uzès s’est appropriée le projet pour en faire un mois de la truffe !"
Mais cette année, pas question de réunir des dizaines de milliers de personnes sur le marché d'Uzès. Quant aux restaurateurs qui étaient des clients privilégiés, ils vont garder portes closes pour les fêtes et n'achèteront donc pas leur quotat de truffes. Alors la profession espère beaucoup des particuliers.
"On a voulu développer au maximum les marchés aux particuliers" explique Louis Teulle, président du syndicat des trufficulteurs du Gard. "Et comme cette année le cours est un peu plus bas que les dernières années, on incite les gourmands à venir profiter de cette truffe !"
Près de 300 kilos vendus en une matinée sur le marché d'Uzès
Aujourd'hui, sur le marché d'Uzès, le traditionnel stand des producteurs est plus petit que d'habitude. Il a été limité pour respecter les consignes sanitaires. Il s'agit d'écouler la production par petites quantités. Mais les acheteurs du marché d'Uzès ont vite repéré le champignon magique.
Dans la cabane aux truffes, on a constaté que la moitié des gens qui viennent achètent de la truffe fraîche pour la première fois ! Ils veulent la découvrir et nous demandent comment la cuisiner.
Ce mercredi matin, le pari était en passe d'être gagné : 300 kilos de ces précieux champignons sont partis, en deux heures de vente, dans le panier des ménagères uzétiennes.
A Uzès, Pauline Pidoux et Eric Mangani sont allés à la "chasse à la truffe" pour France 3 Pays gardois.