Le gouvernement prévoit de renforcer les compétences des collectivités. Dans cette perspective, un géographe propose un découpage plus pertinent des départements français. En Occitanie, il a établi une série de préconisations, notamment dans le Gard qui perdrait de nombreuses communes.
En étudiant les réalités locales, Laurent Chalard, géographe et consultant, propose de réviser la carte administrative des départements en modifiant leurs frontières.
Le Gard serait particulièrement perdant à ce jeu de redécoupage. Une perte d'environ 50.000 habitants sur 760.000 et une perte de territoires, notamment son littoral. Ce serait aussi un affaiblissement politique.
Les Angles et Villeneuve-lès-Avignon seraient rattachées au Vaucluse
Dans la Vallée du Rhône, il conseille de s’affranchir de la frontière naturelle et historique entre le Languedoc et la Provence. Les deux principales banlieues d’Avignon, préfecture du Vaucluse, (au sens de l’INSEE), à savoir les Angles (9.000 habitants) et Villeneuve-lès-Avignon (13.000 habitants), sont situées dans le Gard. Pour le géographe, c’est l’une des principales aberrations administratives françaises.Pascale Bories, maire de Villeneuve-lès-Avignon se montre plus prudente : "Sur le principe, je suis favorable à une évolution des limites territoriales. En termes économiques, il serait logique de basculer en région PACA et de dépendre du même bassin économique du grand Avignon. Mais en termes administratifs et financiers, ce serait compliqué.".
Ces communes gardoises font en effet partie du bassin de vie d’Avignon et plus de 50% de leurs habitants travaillent en région Sud PACA. Laurent Chalard préconise logiquement de les rattacher au Vaucluse, tout comme Rochefort-du-Gard, Pujaut et même Sauveterre.
Fourques rejoindrait les Bouches-du-Rhône
Située plus au Sud, Fourques (3.000 habitants), commune gardoise séparée d'Arles par le bras du Petit Rhône, a vu sa population doubler depuis les années 60. La majorité de ses habitants viennent du département voisin. Un habitant confirme : "Pour moi, personnellement, Fourques est une banlieue d’Arles. Tous les amis que j’ai en dehors de Fourques, ce sont des Arlésiens. On fréquente plus les Arlésiens que les Beaucairois ou les Bellegardais. Je me sens plus provençal que languedocien. Pour moi, le Languedoc commence après Nîmes.".On se considère plus Arlésien que Fourquésien en fin de compte.
Selon les observations de Laurent Chalard, le découpage de 1790 n’est plus adapté aux réalités locales de 2020, il suggère que la commune quitte le Gard pour les Bouches-du-Rhône.
Le chercheur relève aussi des "anomalies géographiques", comme le cas de Vallabrègues, où le cours du Rhône a changé depuis la Révolution. Vallabrègues se retrouve sur la rive provençale du fleuve ce qui a pour conséquence qu’elle n’a plus de lien routier avec le reste du département du Gard. Là encore, il propose logiquement que la commune rejoigne les Bouches-du-Rhône.Quand on regarde Fourques, on se rend compte que 70% de la population de la commune va travailler dans une autre région, la région PACA. On voit bien que la commune en termes de déplacements domicile-travail, est entièrement tournée vers les Bouches-du-Rhône, en particulier vers Arles. Pour les commerces, les loisirs, c’est la même chose. Aujourd’hui, Fourques est un quartier d’Arles.
Le Grau-du-Roi rejoindrait l'Hérault
Pour le géographe, l’Hérault représente le département maritime et le Gard celui des terres. Selon lui, l’ensemble de la façade littorale de ce secteur doit se situer dans le même département, oubliée la frontière du Vidourle. D’autant que Le Grau-du-Roi (9.000 habitants) forme un même ensemble urbain avec une autre station balnéaire voisine, La Grande-Motte, dans l'Hérault.Un retour en arrière...
Leucate rejoindrait les Pyrénées-Orientales
D’ailleurs, dans le même esprit, il propose de transférer Leucate vers les Pyrénées-Orientales. Il explique que Port-Barcarès et Port-Leucate forment un ensemble balnéaire unique et précise que de plus en plus d'habitants de Leucate vont travailler dans les Pyrénées-Orientales.Le géographe envisage de proposer ces modifications et bien d'autres au gouvernement. Ces propositions s'inscrivent dans le débat sur le nouvel acte de décentralisation (loi «3D» pour "décentralisation, différenciation et déconcentration") lancé en février, mais qui semble au point mort aujourd'hui.
Les polémiques, notamment politiques, que ces propositions génèreraient étant sans doute superflues à moins de 2 ans d'une élection présidentielle.