Gard : un mémorial en hommage aux harkis sur le site du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise.

A l'approche du 60ème anniversaire de la guerre d'Algérie, la ministre des anciens combattants s'est rendue lundi dans le Gard, terre d'accueil de nombreux harkis. Geneviève Darrieussecq a promis un mémorial sur le site du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise.

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Une gerbe, une minute de silence et puis des témoignages, récits d'une vie de misère racontés à Geneviève Darrieussecq. La ministre des anciens combattants a rendu hommage ce lundi aux harkis du camp de Saint-Maurice-L'Ardoise : c'est à cet endroit, près de Saint-Laurent-des-Arbres dans le Gard rhodanien, qu'ont été parqués à partir d'octobre 1962, des milliers de familles dans des conditions indignes, sans eau courante, avec de l'électricité au compte-goutte.

Il y a plus d'un demi-siècle, près de 200.000 algériens avaient été recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant le conflit entre 1954 et 1962. Après l'indépendance, 90.000 harkis et leurs familles avaient fui l'Algérie pour se réfugier en France, entre autres dans le Gard et les Pyrénées-Orientales ( 22 000 personnes dans le camp de Rivesaltes).

Le but de ce déplacement ministériel était de montrer la volonté de l'Etat de se souvenir de cette histoire, par le biais de la signature de documents permettant d'édifier un lieu de mémoire.

Un mémorial pour ne pas oublier comment la France a traité ces soldats français que la République ne voulait pas voir : 

On a besoin de continuer à dire cette histoire, sans la cacher, tout simplement. C'est ce qui est arrivé, il faut que nous le sachions et cela permet de comprendre des situations, aussi.

Geneviève Darrieussecq,

ministre des anciens combattants

Ce projet, porté par l'agglomération du Gard rhodanien, soulève déjà des inquiétudes.
Les descendants d'harkis craignent, entre autre, que le mémorial fasse mention des soldats du FLN : "Nous ne voulons pas que les historiens associent à ce mémorial les gens qui ont torturé et massacré nos pères et nos frères" affirme Rahib Benali, un descendant de harki interrogé sur place par notre équipe de France 3 Pays Gardois.

Une indemnité contestée

Autre point de crispation : le montant des réparations envers les harkis. Selon la loi qui vient d'être adoptée, elle prévoit une indemnité de 2.000 euros, auxquels s'ajouteront 1.000 euros par année passée dans un camp.  

Pour Rachid Guemrinene, un fils de Harki qui a passé 13 ans dans les camps, c'est nettement insuffisant :

Je n'ai pas été beaucoup à l'école, mais je sais faire une division. Si on divise le nombre de jours restés dans les camps par la somme donnée, c' est égal à trois euros pas jour. Si ce n'est pas une moquerie, trois euros par jour, c'est quoi ?

Rachid Guemrinene,

fils de harki

L'Etat demande officiellement "pardon"aux harkis


Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, -même si le Parlement a enfin adopté définitivement ce mardi 15 février 2022 par un ultime vote du Sénat un projet de loi pour demander "pardon" aux harkis- les plaies de ce conflit qui a fait près de 500.000 morts sont loin d'être refermées.

La discussion du texte a suscité beaucoup d'émotion et de passion dans les hémicycles des deux assemblées, comme au sein de la communauté harkie.

Néanmoins, cette loi concrétise un engagement pris par Emmanuel Macron : le 20 septembre dernier, le président  avait demandé "pardon" à ces Algériens ayant combattu aux côtés de l'armée française, mais qui furent "abandonnés" par la France après la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962.

 

"Des conditions indignes de l'accueil"

Le texte reconnaît "les conditions indignes de l'accueil" réservé aux 90.000 harkis
et à leurs familles qui se sont réfugiés dans l'hexagone après l'indépendance de l'Algérie.

La moitié d'entre eux a été envoyée dans des camps et des hameaux de forestage : "Ces lieux furent des lieux de bannissement, qui ont meurtri, traumatisé
et parfois tué", a reconnu la ministre chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, Geneviève Darrieussecq, selon l'AFP.

Pour ceux-ci, le projet de loi prévoit réparation du préjudice avec une somme forfaitaire tenant compte de la durée du séjour dans ces structures, allant
de 2.000 à 15.000 euros.

Le nombre de bénéficiaires potentiels est estimé par le gouvernement à 50.000 personnes, soit un coût global de 302 millions d'euros sur environ six ans.

Une commission nationale de reconnaissance et de réparation a également été créé. Elle pourra  proposer pour les harkis combattants qui en font la demande "toute mesure de reconnaissance et de réparation" appropriée, selon le nouveau texte.

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