Inscrire la Camargue au patrimoine mondial de l'Unesco, c'est le projet ambitieux porté par une association tout juste créée. Objectif, préserver cette zone humide paralique majeure à l'écosystème fragile, qui subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique.
Au cœur de la réserve naturelle régionale du Scamandre, les effets de la salinisation des sols sur la végétation sautent déjà aux yeux.
"On voit bien la salicorne et la saladelle qui sont là. Les roseaux qui ont besoin de plus d'eau douce ont disparu des marais et les roselières avec", explique Bernard Poujol, le président de l'association "La Camargue à l'Unesco".
"Il faut sauver la Camargue"
Face à la disparition de l'eau douce des marais, aggravée par le réchauffement climatique, l'association de cet ancien riziculteur bio veut rassembler autour d'un défi majeur, l’inscription de la Camargue à l'Unesco.
Le dossier à l'Unesco, c'est une prise en main bienveillante par les acteurs du territoire du lieu où ils vivent. Et notre Camargue est tellement précieuse qu'il est de notre devoir de se mettre en marche pour elle, de la sauver !
Bernard Poujol, président de l'association "La Camargue à l'Unesco".
Déjà inscrite sur la liste indicative de l'Unesco et reconnue réserve de biosphère, la Camargue s'étend sur l’ensemble du delta de Rhône sur deux régions, trois départements et plus d'une vingtaine de communes. Un écosystème fragile d'une exceptionnelle richesse naturelle et culturelle.
"Notre idée est de créer un plan Marshall de sauvegarde de la Camargue. Le label Unesco permettrait de regarder ce territoire comme un laboratoire d'expérimentation, notamment en matière de salinité ou de trait de côte" précise Véronique Jullian, secrétaire de l'association "La Camargue à l'Unesco".
Faire cohabiter activités humaines et nature
Et l'urgence climatique est là. La baisse du débit du Rhône est estimée à 40% d’ici à 20 ans.
Aux Saintes-Marie-de-la-Mer, couvertes aux 2/3 de sa superficie par les étangs, on accueille d'un bon œil le projet de l'association en vue d'une gestion concertée du circuit des eaux du delta du Rhône.
Il y a quelques années, on laissait rentrer de l'eau des riziculteurs utilisée dans les étangs pour nourrir les étangs inférieurs. Mais depuis quelque temps, écologiquement, l'eau n'est plus bonne. Donc, on la rejette ailleurs. Mais du coup, tout est sec où on la rejetait avant et le milieu se transforme.
Christelle Aillet, maire des Saintes-Marie-de-la-Mer.
Avec une inscription à l'Unesco, le besoin fondamental de préserver l'équilibre entre les activités humaines et la nature serait reconnu. De quoi permettre d'associer les éco-acteurs du territoire à la préservation de ce patrimoine naturel d'exception.
Écrit avec A.Rozga.