Le réchauffement climatique met en péril le patrimoine de l'humanité. Tout comme l'Acropole à Athènes ou Venise, l'abbaye de Bouillac dans le Tarn-et-Garonne est menacée. L'Unesco tire le signal d'alarme et les communes font de plus appel au mécénat.
Montée des eaux, sécheresse, températures records, le patrimoine est victime du réchauffement climatique. Nombreux sont les châteaux et églises très anciens à montrer des signes de vieillissement soudain. L'Unesco a même tiré le signal d'alarme.
Des édifices en danger
L'abbaye de Bouillac menace à tout moment de s'effondrer. Sur cet édifice religieux, construit au 13ème siècle par des moines, d'énormes fissures ont éventré la façade : "Cette fissure est apparue en septembre", raconte Jean-Michel Valette, maire de Bouillac. "Et on voit le cœur de l'église qui a tendance à se déverser dans la pente. "C'est un crève-cœur "
L'abbaye tient pourtant debout depuis 8 siècles : "Au fil des générations on s'est dit que l'église était très solide et maintenant on s'aperçoit qu'elle est réellement en danger", rajoute l'élu. "Avec le réchauffement climatique, le phénomène d'érosion s'est accentué et il touche tous les bâtiments anciens".
L'inquiétude de l'UNESCO
En mars 2023, le changement climatique a eu raison de la tour de l'église de Sarramon dans le Gers. Peu avant 8h du matin, La tour Saint-Victor, vestige du 11ème siècle s'effondre emportant avec elle une partie des contours de l'église. Une partie de l'histoire du village.
Face à cette recrudescence de sinistres et à la dégradation jugée trop rapide de certains monuments historiques l'Unesco tire le signal d'alarme. L'organisation s'est associée aux scientifiques du GIEC pour évaluer les risques et tenter de mettre en place des actions de sauvegarde du patrimoine. Un chantier titanesque pour un coup très élevé.
Appel au mécénat
Pour la seule abbaye de Bouillac dans le Tarn-et-Garonne le montant estimé des travaux s'élève à plus de 3 millions d'euros. L'État, la Région et le Département sont prêts à aider mais les 750 millions d'euros de reste à charge pour cette commune de 650 habitants sont trop importants : "Ça représente deux budgets annuels, c'est colossal", avoue le maire. "Si je ne suis pas aidé, je ne pourrai pas la sauver cette église, ce n’est pas possible."
Comme beaucoup d'autres, l'élu fait donc appel au mécénat, via les fondations du patrimoine qui reçoivent de plus en plus de dossiers : "Ces dernières années avec le changement climatique on a reçu plus de dossiers notamment d'églises ou de châteaux, admet Alexandre Tahon, chargé de mission à la fondation du patrimoine d'Occitanie. " Il y a 10 ans, je n'entendais pas du tout parler de ce type de dossiers et aujourd'hui on en a au moins 3 ou 4 par an ".
Pour la tour millénaire de l'église de Sarramon, le mal est déjà fait, mais l'abbaye de Bouillac peut encore être sélectionnée par les fondations du patrimoine. La commune recevrait alors 350 000 maximum de dons. La réponse sera connue en septembre.