"Il porte atteinte à la religion musulmane" : les autorités religieuses demandent l'expulsion de l'imam Mahjoubi, comme le ministre de l'Intérieur

Mahjoub Mahjoubi, imam à Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, a qualifié le drapeau "tricolore" de "satanique" dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé son expulsion.

Mahjoub Mahjoubi, l'imam à Bagnols-sur-Cèze et de Roquemaure dans le Gard au cœur de toutes les polémiques. Aujourd'hui, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur a demandé le retrait de son titre de séjour. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, l'imam du Gard tient les propos suivants lors d'un prêche :

"Toutes les gouvernances vont chuter."

On n'aura plus tous ces drapeaux tricolores qui nous gangrènent et nous donnent mal à la tête et n'ont aucune valeur auprès d'Allah. La seule valeur qu'ils ont est une valeur satanique.

Mahjoub Mahjoubi, imam de bagnols-sur-Cèze (Gard)

Qualifiant le drapeau "tricolore" d'étendard satanique, il ajoute qu'ils ont été imposés pour propager "la haine". "Vous voyez tous ces drapeaux qu'on lève. On tape sur les musulmans avec et on leur tape avec sur la tête. Ces drapeaux sataniques qui ne valent rien ; ceux qui nous les ont imposés c'est seulement pour que l'on se déteste, que la haine soit criée dans nos cœurs pour qu’on ne s'aime pas".

"Aucun appel à la haine ne restera sans réponse", affirme le ministre de l'Intérieur sur son compte X. Il a demandé l'expulsion de l'imam.

Atteinte à la religion musulmane

Les propos de l'imam de Bagnols-sur-Cèze provoquent la colère au sein même de la communauté musulmane. Ils ont fait bondir Abdellah Zekri, président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie et vice-président du Conseil français du culte musulman.

"On ne peut pas accepter ces propos. Quand on parle de 'drapeau français satanique' et de 'gangrène', apparemment ce monsieur ne connaît pas la valeur d'un drapeau. Des milliers de personnes sont mortes pour la défense du drapeau y compris dans son pays. 

Je suis favorable à la décision qui a été prise de son expulsion.

Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman

"Par ses déclarations, il a également porté atteinte à la religion musulmane. J'espère que l'OQTF (Obligation de quitter le territoire français) à son encontre sera exécutée", poursuit-il interrogé par nos confrères de France 3 Pays gardois.

Deux signalements

La préfecture du Gard a effectué deux signalements en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale. Un article qui stipule que "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs".

Un premier signalement a été effectué le 17 janvier 2024 pour des problèmes de "gestion administrative" et un second, le 16 février pour incitation à la haine raciale et apologie du terrorisme", précise la préfecture du Gard à France 3 Occitanie.

Propos "hors contexte"

Selon Me Hamroun, avocat de Mahjoub Mahjoubi, l'imam n'a jamais laissé entendre qu'il était contre le drapeau et les valeurs de la France. Il faut remettre ses propos dans leur contexte. "Dans un prêche de 45 minutes sur l'Apocalypse, il a fait un aparté de quelques secondes, il a appelé à une union de toutes les personnes, pas seulement des musulmans. Il cite à cette occasion les difficultés que l'on rencontre lors de matches de foot où vous avez, drapeau contre drapeau, des jeunes qui se tapent dessus.

Il a un mot hors de propos et qui n'a rien à voir avec ce qu'il voulait dire car il n'a pas une maitrise parfaite de la langue française où il associe le terme de drapeau tricolore à "satanique" "diabolique".

Me Samir Hamroun, avocat de l'imam Mahjoub Mahjoubi

"Ce n'est absolument pas ce qu'il voulait dire. Il faut regarder ce qu'il dit une minute avant et une minute après pour s'en convaincre. J'espère que c'est ce que feront les juristes du ministère de l'Intérieur", poursuit l'avocat de l'imam.

Jean-Yves chapelet, maire de Bagnols-sur-Cèze a réagi sur sa page Facebook.

"J'ai pleinement confiance en l'état et en la justice pour prendre les décisions qui s'imposent dans cette affaire."

La justice s'exerce dans les tribunaux, loin des feux de la rampe médiatique, et c'est ce que j'attends tant dans ce cas précis que dans d'autres.

Jean-Yves Chapelet

Maire de Bagnols-sur-Cèze

Selon Gérald Darmanin, le nombre d'expulsions d'individus jugés dangereux liés à l'islam radical a augmenté de 26 % en 2023 par rapport à l'année précédente. Au total, 44 personnes étrangères ont été expulsées.

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