En un mois, des centaines de poissons ont été trouvés morts, flottant dans le Canal du Rhône à Sète. Ce phénomène n’est pas encore expliqué, les investigations sont toujours en cours. Au même moment, au même endroit, une ferme aquacole a perdu le tiers de son élevage. Là aussi, toujours pas d'explications.
En temps normal, de nombreux pêcheurs fréquentent l'étang des Poissons d'Argent, un plan d'eau salée situé sur la commune d'Aigues-Mortes, pour ses loups d’élevage. Mais depuis 15 jours, la pêche n’est plus possible.
C'est une décision qui a été prise par le pisciculteur, après une surmortalité des poissons dans son étang, mais aussi dans le Canal du Rhône à Sète. Coïncidence ou pas, ils ont commencé à mourir quand il a fait entrer l’eau du Vidourle.
"On a perdu trois ans de travail"
Il y a une dizaine de jours, Charly Baeza, l'agriculteur propriétaire de la ferme aquacole Les poissons d’argent, a découvert des centaines de poissons morts dans son étang. "On avait besoin de baisser la salinité, car elle était trop importante par rapport à l'été, avec les chaleurs", raconte-t-il. Quelques jours plus tard, c'est l'horreur qu'il découvre. "On retrouvait entre 150 et 200 poissons morts par jour. D'habitude, on peut en avoir un ou deux, mais c'est tout", précise-t-il.
Au total, Charly a perdu environ "800 poissons". "J'ai ressenti un peu de tristesse même si on ne s'y attache pas, ce sont des poissons qu'on élève de tout petit à grand. Ils sont destinés à la vente et à être mangé, mais pas à partir dans une poubelle". Il rajoute : "J'étais dégoûté, c'est du travail pour rien. On a perdu trois ans de travail quotidien. Pourquoi ? On ne sait pas. J'espère qu'on pourra avoir des réponses".
Des conséquences économiques
Les clients des Poissons d’argent viennent ici, pour la plupart, en camping-car. Le lieu ne prend pas de réservation. Ils ont donc appris la nouvelle en arrivant sur place. Au-delà de la déception, Serge Lopis, un client régulier, est inquiet par la mortalité des poissons. “Ça pose des inquiétudes aussi sur la qualité de l’eau en général, l’eau que nous consommons, on ne sait pas d’où elle vient, d’où elle ne vient pas, ça peut mettre aussi un doute”, avance Serge Lopis, camping cariste, pêcheur et client régulier.
Il y a 7000 euros de perte financière, au niveau économique, c'est énorme, on ne pourra pas les rattraper
Charly Baeza, agriculteur propriétaire de la ferme aquacole Les poissons d’argentFrance 3 Occitanie
La ferme aquacole est dotée d’un restaurant. Depuis que la pêche locale n’est plus possible, le pisciculteur propose à la place des daurades, qu’il achète. Un investissement qui pèse lourd. Après la perte de ses poissons, la note ne cesse d’augmenter.
“Il y a 7000 euros de perte financière, au niveau économique, c'est énorme, on ne pourra pas les rattraper. On a aussi des mauvais commentaires sur internet, des gens qui ont dit qu’ils reviendraient plus à cause de ça”, explique Charly Baeza. Il ajoute : "Certains le comprennent, d’autres pas du tout”. L’éleveur a contacté l’ARS, l’Agence Régionale de Santé, mais personne ne lui a répondu. Il se demande si ce phénomène est lié aux centaines de poissons morts depuis des semaines dans le Canal du Rhône, à Sète. Ce mystère aussi reste entier, pollution ou pathologie, les analyses sont toujours en cours.