Neuf hommes sont jugés à Nîmes, à partir de ce lundi 24 juin, pour meurtre en bande organisée. Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans la mort d'un jeune homme tué en janvier 2021 au Mas de Mingue. Un crime sur fond de trafic de drogue et de rivalité entre bandes.
C'est un procès sous très haute surveillance qui devait s'ouvrir lundi 24 juin devant la cour d'assises du Gard à Nîmes. Ouverture reportée un jour plus tard car l'un des accusés n'a pas été transféré à temps de Saint-Etienne à Nîmes.
Neuf hommes, dont le plus jeune est âgé de 22 ans et le plus âgé de 35 ans sont jugés pour meurtre et tentative de meurtre en bande organisée. Un crime sur fond de trafic de stupéfiants, commis au mas de Mingue, dans l'un des quartiers de Nîmes gangrenés par les trafics de drogue et les règlements de comptes entre bandes rivales pour le contrôle des points de deal.
Commando cagoulé
Ce soir du 25 janvier 2021, trois jeunes du quartier du Mas de Mingue discutent à proximité d’un hall d’immeuble, lorsqu’une voiture arrive, circulant à vive allure, sur l’avenue Monseigneur-Claverie. Parvenue au niveau du groupe, la voiture ralentit. Un des passagers, le visage dissimulé sous une cagoule, tire à plusieurs reprises en direction du groupe. Un jeune homme s'effondre. Deux autres sont blessés.
Jeune victime de 17 ans
Abedelkader S., un lycéen de 17 ans est grièvement blessé à la hanche et aux jambes. Un de ses amis essaiera de le sauver en tentant un point de compression. En vain, le jeune homme décédera d'une hémorragie quelques heures plus tard à l'hôpital. La victime, soupçonnée d'être un "charbonneur" avait été interpellée l'année précédent sa mort sur ce point de deal en train de revendre de la drogue. "Il était au mauvais endroit, au mauvais moment. L'instruction n'a pas formellement démontré qu'il participait au trafic de stupéfiants", insiste le bâtonnier de Nîmes, Me Khadija Aoudia, pour la partie civile, interrogée par notre équipe de France 3 Pays gardois.
Ils ont tiré dans le tas.
Plusieurs témoins du meurtre
Plusieurs étuis de pistolet automatique seront retrouvés sur place par les enquêteurs. "Ils ont tiré dans le tas", rapporteront les témoins, interrogés par la police.
La voiture du ou des tireurs, une Clio noire volée un mois avant le meurtre, sera retrouvée peu après, incendiée près de l’aérodrome de Courbessac. Les malfaiteurs ont pris la fuite avec une autre voiture volée.
Règlements de compte
Ce meurtre est un des épisodes de la série sanglante que connaissent tour à tour les quartiers populaires de Nîmes en proie au trafic de stupéfiants. Un triangle infernal entre la cité Pissevin au nord de la ville, et les quartiers du mas et Mingue et du Chemin Bas d'Avignon au sud pour le contrôle des points de deal. Bis repetita. La semaine dernière un des accusés était déjà sur ce même banc pour un autre règlement de comptes et une tentative de meurtre commis un mois avant celui-ci.
Séquestré et tabassé
Le même soir, à quelques centaines de mètres de la fusillade mortelle, un autre jeune est contrôlé par les policiers. Dans la journée, il a été enlevé, séquestré et roué de coups par un commando armé et cagoulé. Blessé à la tête, il a le visage ensanglanté, il lui manque une chaussure. Il dira aux policiers qu'il a été tabassé à coups de crosse par trois hommes.
"Charbonneur"
Le jeune, identifié par les enquêteurs comme "un charbonneur" (revendeur) du Chemin bas d'Avignon est ensuite et emmené dans la garrigue où il est déshabillé et de nouveau violemment frappé par le commando. "Dans la garrigue et à poil, je pensais qu'ils allaient me tuer", dira le jeune homme. Il aura la vie sauve.
Armes de guerre, balises...
La fusillade et le meurtre d'Abdelkader, pourraient être une riposte immédiate de l'équipe adverse à cet enlèvement d'un membre du Chemin Bas.
Glocks, fusils à pompe, grenade, cagoules, gilets par balles, gants, trackers, caméra 4G, les malfaiteurs sont surarmés et équipés. Ils vont jusqu'à poser des balises sous les voitures de leurs concurrents. Ils ont des appartements vides dans les cités et ailleurs mis à disposition. Des Marseillais sont parfois appelés pour "sécuriser" le trafic.
Tentative de meurtre un mois avant
Le 13 décembre 2020 un peu plus d'un mois avant la fusillade du mas de Mingue, un autre jeune avait essuyé plusieurs tirs lors d'une tentative d'homicide alors qu'il traversait le quartier du Chemin bas. L’affaire a été jugée la semaine dernière par la cour d'Assises du Gard.
La même aurait servi dans les deux affaires.
Les accusés nient leur participation à ce meurtre. " Pas d'ADN. Pas de téléphonie. rien qui démontre la participation active de mon client, ni de près ni de loin à cette affaire", selon Me baptiste Sherrer, en défense d'un des accusés désigné par les certains autres comme le chef du réseau.
Le verdict devrait être rendu le 3 juillet.