Gabriel Gautier vient d'être condamné à 22 ans de réclusion criminelle et la déchéance de son autorité parentale. Il était accusé d’avoir poignardé à mort son ex-compagne et mère de son enfant, Laurie Tercero, en janvier 2018.
Le verdict est tombé ce vendredi 3 juillet après 1h30 de délibération. La cour d'assises du Gard a condamné Gabriel Gautier, l’ex-compagnon de Laurie Tercero, à 22 ans de réclusion criminelle et la déchéance de ses droits parentaux pour sa fille. Il était jugé à Nîmes pour le meurtre de son ex-femme et mère de sa fille.
Pour Me Khadija Aoudia, avocate des parties civiles, "la justice est passée".
C'est une peine juste pour les parties civiles et qui je crois prend en considération l'absence d'antécédents de M. Gautier. Mais les jurés et les magistrats n'ont pas été dupes, ils ont reconnu l'homicide et surtout la circonstance aggravante du fait qu'il a tué son ex-compagne. C'est important sur le plan juridique et sociétal, car on vient rappeler que tuer son ex-conjoint parce qu'il veut vous quitter est extrêmement grave, d'où la sanction exemplaire.
Le plus attendu pour les parties civiles était également cette peine complémentaire de la déchéance de l'autorité parentale. "C'est très important parce qu'elle rappelle que ce qu'il a fait le rend indigne de se maintenir en qualité de père pour son enfant", estime Me Aoudia. C'est à présent les grands-parents de la fille du couple qui auront sa garde et détiendront l'autorité parentale.
Un féminicide confirmé par l'avocat général
L'avocat général avait requis 25 ans de réclusion criminelle. Des réquisitions qui avaient satisfaites Me Aoudia, parce que l'avocat général avait bien qualifié le meurtre de féminicide."25 ans, c’est cohérent, mais surtout ce que l’on retiendra des réquisitions de l’avocat général, c’est la conformité avec ce qui a été avancé par les avocats de la partie civile. Nous étions bien dans un cas de féminicide qui doit se distinguer du crime passionnel. Nous avons une définition précise, qui a été dégagée notamment par l’OMS et qui rappelle que tout homicide commis dans le cadre de violences conjugales doit être qualifié de féminicide. Lorsque l’on parle de crime passionnel, nous sommes confrontés à une trahison instantanée, il n’y a pas du tout un cheminement en amont. Il n'y a pas cette domination, cette volonté d’emprise sur l’autre, que l’on retrouve dans le féminicide,"
Ce qu'avait contesté l'avocat de la défense, Aurélien Vergani : "Il faut remettre les choses dans son contexte, nous ne sommes pas dans le cas d’un féminicide. Il n’a pas tué sa femme parce qu’elle est femme. Sinon on tombe dans une caricature et dans un procès pollué par des notions qui ne sont pas maitrisées. On est dans un crime passionnel."
Des coups et des menaces récurrents
Laurie Tercero, 27 ans et mère de deux enfants est morte dans la nuit du 17 au 18 janvier 2018 après avoir été battue et poignardée à mort.
Son ex-conjoint n’aurait pas supporté qu’elle puisse refaire sa vie ailleurs avec un autre homme. Ce jour-là, une dispute éclate lors d'un ultime rendez-vous, dans une voiture devant l'appartement de son ex-conjoint. L'accusé se saisit d'un couteau et poignarde Laurie. L’autopsie de la jeune femme révèle la présence de six coups dont un ayant touché l’aorte, et de plusieurs plaies dont une mortelle.
Les proches de la victime disent que l’acccusé n’acceptait pas la séparation et aurait à plusieurs reprises menacé de "la tuer" et de "la balafrer" ou encore de la "planter". Des témoins disent aussi que la victime était régulièrement frappée par son ex-conjoint qui lui donnait des "coups de poing de mec" y compris lors d’une première grossesse, au point de faire une fausse couche.
Vendredi, avant le procès, une marche blanche a été organisée à Nîmes pour honorer la mémoire de Laurie. Une gerbe et une plaque commémorative ont été déposés à l'endroit du meurtre.