Ils seront 4 candidats en lice pour le second tour des élections municipales sur la capitale gardoise Nîmes le 28 juin prochain. Mais seuls 3 ont débattu sur le plateau de France 3 ce mardi 16 juin.. Une nouvelle fois en l’absence du maire sortant Jean-Paul Fournier (LR).
C’est décidément une mauvaise habitude que tendent à prendre de plus en plus certains maires sortant, comme un déni du débat démocratique, un refus de défendre un bilan ou encore une manière de se sentir (et de faire sentir qu’ils seraient) au-dessus de leurs adversaires. Comme François Commeinhes (DVD) à Sète ou encore Claude Arnaud (DVD aussi) à Lunel. Jean-Paul Fournier, maire sortant Les Républicains de Nîmes, refuse donc une nouvelle fois de débattre sur le plateau de France 3 avec ses adversaires du second tour. A l’image même de son comportement déjà lors de la campagne du 1er tour. Et sans même désigner un éventuel représentant.
Revoir débat du second tour à Nîmes
Animé par Philippe Sans, rédacteur en chef adjoint, le débat du second tour des Municipales à Nîmes d'une durée de 40 minutes et diffusé mardi 16 juin sur France 3 Occitanie en présence des trois candidats ayant accepté l'invitation :
* Yvan Lachaud (Divers Centre)
* Vincent Bouget (Divers Gauche)
* Yoann Gillet (Rassemblement National)
L'influence de la crise sur les projets
Vincent Bouget : "Nous pointions déjà les questions de solidarité et de transition écologique et puis de participation démocratique. La question de la relance économique va arriver très vite. Cette crise a montré beaucoup de fragilité dans notre ville due à 20 ans de gestion de messieurs Fournier et Lachaud.
Yoann Gilet : "Cette crise a confirmé que nous avions raison au niveau local. Les Français ont renoué avec le localisme. Il faut suivre cette trajectoire : produire et consommer local au maximum. Localement, à Nîmes, la gestion de la crise a été catastrophique : rien pour les entreprises, rien pour les commerces. On aurait pu faire comme le maire de Beaucaire avec une aide directe et le versement de deux mois de loyer, ça c’est du concret".
Yvan Lachaud : "Crise économique, ça veut dire ne jamais lâcher une entreprise ou un artisan. Avec le CCAS de Nîmes, il faudra aller au delà de ce que nous avions prévu. Cette crise doit nous permettre de regarder les institutions de santé : nous prévoyons un très gros programme de 300 millions d’euros au CHU et des cliniques et des maisons de santé dans les quartiers".
Vincent Bouget : "Les agents du service public ont fait beaucoup de choses et en même temps, Nîmes est une ville pauvre, une des villes les plus pauvres de France avec beaucoup de précarité. Et nous nous sommes retrouvés confrontés avec gens qui ne mangeaient plus à leur faim dans la ville et les files d'attente devant le secours populaire qui s’allongeaient. Les questions de solidarités nouvelles vont se poser immédiatement et il y a beaucoup à faire".
Yoann Gilet : "Je n’ai vu aucune collectivité (ville de Nîmes ou Métropole) débloquer des fonds en urgence pour La Croix rouge ou les Restos du cœur. C’est bien gentil de dire il faut il faut, mais ceux qui sont aux responsabilités aujourd’hui n’ont rien fait. Des gens qui n’ont pas mangé à leur faim pendant cette crise, il y en a plein".
Yvan Lachaud (président de la Métropole) se défend : "L’agglomération nîmoise a fait ce qu’elle pouvait : elle a maintenu les transports en commun pour permettre notamment aux personnels soignants de se rendre au CHU, maintenu le tri des ordures ménagères tous les jours…
La vision du second tour
Vincent Pouget : "Aux électeurs, je leur dis, après tout ce que l’on a vécu, prenez la parole".
Yoann Gilet : "Je dis aux Nîmois si vous ne voulez plus de ce qui s’est passé ces derniers années, tourner la page de cette gestion calamiteuse, il faut aller voter le 28. Vous pouvez aller voter en toute sécurité".
Yvan Lachaud : "Il faut tourner une page. Qu’est-ce qui est proposé ? 30 ans de communisme sur la ville de Nîmes. Divers gauche ? Non, monsieur Bouget est communiste. On en a souffert pendant 30 ans. Il y a des choix importants à faire".
Le mandat de trop pour Jean-Paul Fournier ?
Yvan Lachaud : "Monsieur Fournier n’est pas là aujourd’hui. La question est ne veut-il pas venir ou ne peut-il pas venir , Je n’attaque pas l’homme mais je tiens à dénoncer l' incapacité de pouvoir piloter une ville".
Yoann Gilet : "C’est la même chose, je n’attaque pas l’homme mais ce que je dis : il faut tourner la page de la gestion de Jean-Paul fournier et d’Yvan Lachaud. Ce sont les mêmes".
Vincent Bouget : "C’est 20 ans de mandat, la moitié de ma vie. Ce ne sont pas des questions d’hommes mais de choix politiques. Aujourd’hui, ces 20 ans de mandat, c’est 20 ans de passif sur la vie réelle des Nîmois et avec aujourd’hui l’espoir de passer à autre chose".
Alliance Lachaud – Richard
Vincent Bouget : "Aujourd’hui les écologistes nous soutiennent . Cette alliance ne vous grandit pas monsieur Lachaud car on peut considérer que le mandat que vous avez fait avec monsieur Fournier ça a été tout sauf écolo".
Yvan Lachaud : "Je n’ai pas de leçon à donner. Daniel Richard est un chef d’entreprise, un spécialiste dans le domaine de l’écologie et nos programmes n’étaient pas si éloignés que cela".
Economie
Yoann Gilet : "Il faut investir massivement avec une aide importante de l’Etat. Il faut aider concrètement les commerçants qui ont souffert pendant trois mois. Il faut une politique claire pour le commerce de centre ville. Il faut stopper les constructions commerciales en périphérie de Nîmes. Et il faut mettre la main sur les locaux vacants en centre ville en les achetant ou en les louant et ensuite les louer ou les sous-louer à un tarif préférentiel. A Nîmes, il n’est pas attractif de s’installer parce que la fiscalité est trop importante".
Yvan Lachaud : "C’est beau de mentir comme ça ! (bataille de chiffres entre Lachaud et Gilet). Il y a un grand nombre d’emplois à créer dans la transition écologique".
Vincent Bouget : "L’Etat s’est désengagé et va devoir refinancer les collectivités. Mais on peut déjà faire des choix. Il faut un moratoire sur Magna Porta qui a été un puit sans fond. Le nouveau palais des congrès prévu en centre ville n’est pas un équipement adapté. Il est disproportionné dans ses dimensions. Au niveau des transports : les parkings relais manquent toujours, des pistes cyclables sécurisés et il faut un fond de relance pour les commerçants".
Sécurité
Vincent Bouget : "Je demande plus de moyens à l’Etat qui s’est désengagé".
Yoann Gilet : "On se remonte les manches. Nous doublerons le nombre de policiers municipaux. C’est essentiel. Nous augmenterons le nombre de caméras et nous appliquerons le principe de tolérance zéro".
Yvan Lachaud : "Je veux une centaine de policiers municipaux en plus et un commissariat sur l’esplanade et un commissariat mobile et le retour sur notre territoire d’un centre éducatif fermé".
En tête au 1er tour, malgré une perte de voix
A l’issue d’un premier tour marqué comme dans bon nombre de villes par un important taux d’abstention (67,58% en mars dernier pour 43,56 % au 1er tour des municipales de 2014), Jean-Paul Fournier était arrivé en tête avec près de 34% des voix. Il a enregistré une baisse de près de 8 000 voix par rapport à 2014, due à cette abstention massive et aussi à la fuite de certains électeurs vers son concurrent direct, le président centriste de la Communauté d'Agglomération Nîmes Métropole, et ex-adjoint à la Ville, Yvan Lachaud (investi par le Modem, le Nouveau Centre et soutenu par LREM).
Chute aussi importante de voix pour le candidat Rassemblement National Yoann Gillet : sa candidature en 2014 avait fédéré au 1er tour 6 222 voix de plus, et il perd 7% de votants en proportion.
Une alliance Lachaud-Richard classifiée de « trahison »
L'entre-deux tours a été marqué dans l'antique cité romaine et place forte tauromachique par quelques passes surprenantes.Comme le refus de Vincent Bouget (Divers Gauche - 15,68% des voix) d'abord de dialoguer dans un premier temps avec les seuls partenaires de la liste de Daniel Richard (Union de la Gauche - 12,19% des voix), qu'étaient EELV, PS, LFI, Radicaux de Gauche...en l'absence de ce dernier à une réunion post-1er tour.
Ou encore comme la fusion des deux candidats Yvan Lachaud et...Daniel Richard début juin. Les anciens alliés de Daniel Richard (EELV, PS, LFI, PRG) ont crié alors à la « trahison », mettant en avant un engagement écrit avant le 1er tour de ne pas s’allier avec une liste RN, de Droite ou En Marche. Ils ont du coup retiré leur soutien, refusé de participer à cette fusion et appelé à voter pour...Vincent Bouget au second tour.
Il y aura cependant 6 membres de cette liste Richard du 1er tour sur cette liste de second tour, Daniel Richard se voyant en cas de victoire promettre une « délégation complète sur tout ce qui est transition écologique, c’est-à-dire le pouvoir sur l’urbanisme, le pouvoir de vraiment gérer le changement écologique à Nîmes », a déclaré l’ancien homme d’affaires.
Ces deux listes peuvent peut-être espérer faire tanguer le char romain de l’ex-sénateur Jean-Paul Fournier, qui reste cependant favori. Celui-ci a enregistré le soutien de l’homme d’affaire Tebib (5,39 % au 1er tour).
Reste à savoir si les près de 20 000 électeurs supplémentaires qui avaient fait le déplacement en 2014 reviendront voter, rassurés par l’évolution à la baisse de la pandémie du Covid-19 et par les précautions sanitaires renouvelées.
Et surtout comment vont-ils se répartir entre un maire qui entamerait son 4ème mandat à plus de 74 ans, après quelques ennuis de santé, son tandem d’adversaires écolo-centristes, le Rassemblement National qui surfe sur le mécontement actuel des policiers et des électeurs pro-sécuritaires et une liste de Gauche menée par Vincent Bouget qui va récupérer aussi une partie des soutiens de Richard au 1er tour…
Un débat d'après Covid-19
Bien évidemment, l’impact de ces trois mois de pandémie qu’a connu Nîmes, comme le reste de la France, sur les programmes et les candidats sera l'un des thèmes abordés.
A l’heure d’une crise économique annoncée, comme Ville et agglomération pourront aider à relancer l’emploi, les entreprises et artisans sur le secteur. Avec quels moyens ?
Le confinement a vu aussi les français revenir aux productions locales, au consommer local et à des préoccupations aussi environnementales : quelle priorité va-t-on en retrouver une priorité dans les engagements du second tour ?
Enfin, dans les affrontements autour de la sécurité, comment les candidats comptent-ils rétablir un équilibre entre prévention et répression, et permettre de rétablir un lien entre forces de l’ordre et une certaine population de quartier ?