78 volontaires du Gard ayant fait analyser leurs urines pour y détecter d'éventuelles traces de glyphosate viennent de déposer plainte ensemble à Nîmes contre l'Etat, après que les résultats se sont révélés positifs à l'herbicide controversé.
Ils sont 78 et se sont baptisés les "pisseurs volontaires" : ces Gardois, notamment de Collias, s'étaient soumis en juin 2019 à des prélèvements d'urine pour savoir si leur organisme contenait des traces de glyphosate, cet herbicide soupçonné d'être toxique. Au vu des résultats positifs, ce 4 décembre, ils ont déposé plainte ensemble à Nîmes.
Plaintes pour mise en danger de la vie d'autrui
Un dépôt de plainte précédé d'un rassemblement devant les arènes et d'une marche jusqu'au tribunal de grande instance de Nîmes. Ils accusent l'Etat de "mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteintes à l'environnement", comme l'explique Bernadette Boivim, du collectif "Campagne Glyphosate 30" :
On met en cause les autorités qui ont permis les mises sur le marché, la vente au public et aux professionnels du glyphosate.
Des taux "anormalement élevés"
Car en France, la limite de la teneur en glyphosate autorisée dans l'eau potable est de 0,1 nanogramme par millilitre. Or, les prélèvements gardois ont mis en évidence des taux de pesticides anormalement élevés chez tous les participants. Michelle, l'une des "pisseuses", est inquiète :
C'est dans les champs, la terre, après ça s'en va avec les pluies de ruissellement, on pompe dans les nappes phréatiques pour arroser : c'est un circuit, donc il y a du glyphosate dans tout ce qu'on mange !
Des élus inquiets
Plusieurs élus locaux se sont joints au cortège. Des élus écartelés, à la fois préoccupés par ces résultats, mais aussi inquiets de "l'agri bashing" qui met les agriculteurs en colère, à l'image de Guy Crespy, le maire de Sanilhac-Sagriès :
Je suis très prudent, alors que j'ai déjà un taux [de glyphosate, NDLR] très élevé. Alors que sont les taux des agriculteurs qui, eux, sont directement sur leurs champs ? On défend aussi leur santé et celle de leurs enfants.
Des "pisseurs" partout en France, un mouvement parti d'Occitanie
La démarche des "pisseurs" du Gard n'est pas isolée. Née en Occitanie de l'idée d'un collectif de l'Ariège, elle a essaimé partout en France. 5.400 plaintes ont été ou vont être déposées sur l'ensemble du territoire.