Nîmes : après quatre mois, bilan contrasté pour la monnaie du krôcô

Depuis mars 2018, Nîmes et son agglomération disposent du krôcô, monnaie d'échange complémentaire destinée à rapprocher les acteurs du commerce local.
Entre manque d'information et de communication autour de son intérêt, le krôcô peine à lamenter. Après quatre mois, le bilan est très contrasté.

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La France a le bitcoin, Nîmes à son krôcô. Mais ici il n'est pas question d'une crypto-monnaie dématérialisée.
L'ambition affichée de la monnaie, lancée le 24 mars dernier est de redonner un sens à la notion d'économie locale.
 

Une initiative citoyenne

 

On revient sur le commerce de proximité pour développer les commerçants de Nîmes et de la région pour l'économie locale note Pascal Gaillard, utilisateur du krôcô venu faire ses achats dans une épicerie bio. 


Pour pouvoir se doter d'une partie des 7 000 krôcôs en circulation, il faut faire partie de l'organisation Les Vrais Monnayeurs de Nîmes et alentours. Payer en krôcô n'est pas une mode, mais fait partie d'une initiative citoyenne et responsable.

L'ambition assumée de l'association est "d'aller vers le mieux" et souhaite voir la société civile participer à la gestion de la monnaie, rangée au titre de "bien commun, comme l'eau ou la santé".

Réfractaire au système bancaire et financier qui repose sur la spéculation et la thésaurisation - ou l'épargne -, le circuit de distribution du krôcô a été pensé pour dynamiser les échanges avec une monnaie qui ne demande qu'à circuler.  

Une monnaie physique qui ne touche pas au pouvoir d'achat du consommateur.

En effet, un krôcô est égal à un euro et il est possible de payer en combinant les euros et krôcôs.

Pour se procurer le précieux sésame, un seul moyen : se rendre chez certains détaillants qui disposent d'enveloppes contenant les billets pour échanger euros contre krôcôs.

A terme, selon l'association, tous les euros convertis en krôcôs seront confiés à la NEF une banque coopérative destinée à financer des projets de développement durable et d'économies sociales et solidaires.
 

Écologique, légal et sécurisé 


Uniquement composée de billets, la monnaie est imprimée sur du papier kraft, matériau infalsifiable et garantissant un certain niveau de sécurité. Les utilisateurs pourront utiliser des billets de 1,3,5,10 et 20 krôcôs.

Issu de recyclage, les billets illustrent des éléments issus de la flore des garrigues, de l’énergie ou encore du recyclage. 

Elle respecte également la législation française.
Il ne s'agit pas d'une monnaie clandestine puisque qu'elle respecte le cadre inhérent à la loi du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire.

 

Des débuts mitigés


Aujourd'hui, les 7.000 krôcôs sont utilisés par 200 adhérents et 70 commerçants.
Certains voient dans cette monnaie un réel complément de recettes pour leur chiffre d'affaires.
 

Lorsqu'on a compté la caisse pour la première fois et qu'on a vu un différentiel où il manquait de l'argent dans la caisse ,on a réalisé qu'en contrepartie nous avons récupéré des krôcos. C'est facile à gérer et ça marche pas trop mal sourit Gaëlle Tudury, gérante d'une épicerie bio.

 

Depuis le lancement de cette monnaie locale complémentaire, au mois de mars, cette commerçante et son associé ont réalisé plus d'un millier de ventes en krôcôs, soit 5% de leur chiffre d'affaires mensuel.
 

Même si la proposition innove, la commerçante représente l'exception qui confirme la règle. En réalité, les krôcôs peinent à convaincre de nouveaux porteurs. 

Dans les comptoirs d'échange, les foules ne se bousculent pas pour cette monnaie qui ne circule que dans l'agglomération nîmoise.

 

Il y a plusieurs raisons. Les gens ne comprennent pas l'intérêt d'une monnaie locale et de ce qu'elle peut apporter en plus. Il y a également un manque de com de l'association sur l'existence du krôcô car beaucoup de gens ne soupçonnent même pas son existence déplore Jonathan Paris, gérant de l'épicerie fine "l'huilerie", l'un des commerces dépositaires de krôcos.

 

Volonté de relance

 

En termes d'utilisation, nous nous rendons compte que ce sont toujours les mêmes personnes qui échangent leurs euros en krôcôs déplore Charlotte Tutard, qui travaille à la coordination générale du collectif d'animation des Vrais Monneyeurs.


L'association réfléchit à une vraie stratégie de relance. 

Depuis fin juin, les billets sont désormais disponibles dans les biocoop - coopératives bio - qui font partie du réseau de prestataires, afin de toucher une demande plus sensible aux aspirations des pères du krôcô. Autre cible visée : la jeunesse.
 

Dès la rentrée nous allons proposer des animations dans les lycée, puis se greffer à des événements qui on un lien avec la transition écologique, économique et sociale ajoute-t-elle.

 

Prochaine échéance visée : l'expo de ouf qui consacre depuis 2012 le street-art nîmois chaque année. Entre septembre et octobre, cette exposition transforme les quartiers populaires en véritables galeries artistiques.

L'association est en recherche de nouveaux bénévoles, afin d'effectuer des suivis rapprochés afin de développer l'investissement des différents prestataires.

 
Lancée il y a quatre mois en mars dernier, la monnaie qui souhaite dynamiser le commerce local rencontre des difficultés pour se faire une place dans le paysage monétaire gardois. ©F3 LR

 

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