Le procès de Moussa Camara, homosexuel guinéen menacé d'expulsion, poursuivi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir refusé d'embarquer dans un avion pour Conakry, a été reporté vendredi au 12 juin. Il était placé au centre de rétention administrative (CRA) de Nîmes depuis fin mars.

Placé en détention provisoire dans l'attente de la prochaine audience, Moussa Camara, âgé de 28 ans, a demandé un délai pour préparer sa défense. Dans le box vendredi, en l'absence d'interprète en langue soussou, l'homme a déclaré dans un français hésitant : "J'ai trop peur pour rentrer".

J'ai trop peur pour rentrer

Placé au centre de rétention administrative (CRA) de Nîmes depuis fin mars, Moussa Camara avait été conduit jeudi matin à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry en vue de son expulsion. Il avait ensuite été placé en garde à vue après avoir refusé d'embarquer.

Artiste acrobate, il était arrivé en France en 2015 avec une autorisation temporaire de travail et sa demande d'asile avait été rejetée en 2017, selon l'association Aides qui le soutient.

Question de vie ou de mort

L'individu affirme que son compagnon a été lynché à mort par sa famille en Guinée, qu'il a quittée pour fuir les persécutions contre les homosexuels. En Guinée, l'homosexualité est passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison. Son avocate, Me Florence Alligier a considéré qu'il s'agissait d'une "question de vie ou de mort" en cas de retour de son client dans son pays natal, invitant le tribunal à s'interroger sur ses "droits fondamentaux au-delà de l'infraction pénale".

Beaucoup d'émotion


Le cas de Moussa a suscité de l'émotion sur les réseaux sociaux. "Son compagnon a déjà été assassiné en raison de son homosexualité. Son expulsion serait un scandale", avait affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Cette mobilisation survient alors que les députés LREM ont introduit dans le projet de loi asile-immigration un amendement visant à mieux protéger les demandeurs d'asile homosexuels, en excluant de la liste des "pays d'origine sûrs" ceux qui persécutent les homosexuels. La Guinée ne fait toutefois pas partie de cette liste.

L'OFPRA et le CNDA rejettent sa demande d'asile


La Préfecture du Gard a tenu à préciser sa position vendredi matin. "L’examen des risques qu’encourt une personne du fait de son homosexualité dans son pays d’origine relève de la demande d’asile, dont l’examen en France incombe exclusivement à l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA), sous le contrôle de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). L’OFPRA, puis la Cour, se prononcent en toute indépendance sur les demandes qui leur sont soumises, et il n’appartient pas à l’autorité préfectorale de remettre en cause cette appréciation.

Les craintes de persécution exprimées par l’intéressé du fait de son homosexualité ne pouvaient être regardées comme fondées


Dans le cas de M. Camara, l’OFPRA comme la CNDA ont rejeté sa demande d’asile en estimant que les craintes de persécution exprimées par l’intéressé du fait de son homosexualité ne pouvaient être regardées comme fondées.

Le préfet du Gard, compétent en matière d’éloignement, a donc mis en œuvre la procédure à l’encontre de l’intéressé. Celui-ci a pu faire valoir ses droits, notamment devant le juge des libertés et de la détention qui a validé son placement en rétention."
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