En plein cœur d'Octobre rose, coup de projecteur sur la réparation du corps des femmes atteintes du cancer du sein. À Nîmes dans le Gard, une tatoueuse propose ses services pour redessiner l'aréole, effacée par l'opération. L'intervention remboursée est par la sécurité sociale, une première en France.
Pour Sandrine, 44 ans, c'est aujourd'hui la dernière étape d'un long chemin. Celui engagé il y a deux ans, face à un cancer du sein. Cette dernière étape se passe loin des blocs opératoires. Chez Ysabel, une tatoueuse spécialisée dans la réparation mammaire.
Après une ablation du sein, et la pose d'une prothèse, tout est à reconstruire sur le sein droit de Sandrine.
Cela fait partie de la reconstruction complète : avoir le mamelon et l'aréole identiques à mon autre sein pour m'accepter et accepter cette opération qui est un peu barbare.
Sandrine, patiente
"J’ai hâte de voir le résultat car je suis sûre que ce sera joli. Ensuite, ce sera terminé", ajoute Sandrine.
Art thérapeutique
Une heure et demie de travail plus tard, avec le même matériel et les mêmes encres, qu'un tatoueur classique, c'est l'heure du verdict.
"Je suis contente du résultat, sourit Sandrine devant le miroir. Je ne m'attendais pas à avoir de nouveau une aréole qui ressemble autant à l'autre. C'est top !"
Le sourire sur le visage de ses patientes, Ysabel y est habituée. Mais même après neuf ans de pratique, sa passion reste intacte.
Je suis trop contente de les voir se redécouvrir femmes. Cela change leurs vies et pour moi ce n'est que du bonus.
Ysabel, tatoueuse
"Je fais un métier qui me plaît, c'est de l'art et en plus je les aide, poursuit Ysabel. C'est royal."
Prise en charge par la Sécu
Depuis deux ans, dans le Gard, ces interventions sont prises en charge par la sécurité sociale. Une première en France. Une prise en charge possible grâce à un partenariat entre la CPAM du Gard, et à l'association Diane réseau sein du Gard, un collectif qui rassemble tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux travaillant de manière coordonnée pour assurer une prise en charge médico-psycho-sociale personnalisée de leurs patientes atteintes du cancer du sein.
400 € le tatouage du mamelon
Le partenariat, est à l'initiative du docteur Olivier Rousseau, l'ancien président de Diane. Il est en place depuis deux ans pour rembourser le tatouage des sourcils (350 €) pour les femmes les ayant perdus après la chimiothérapie et le tatouage en 3D des mamelons (400 €) nécessaire après une ablation.
C'est important pour les patientes et cela leur permet de conserver une image corporelle positive qui aide à mieux supporter les traitements et la maladie.
Dr Eric Legouffe, oncologue à Nîmes et directeur du réseau Diane
"La CPAM a aussi compris que c'était important pour la qualité de vie des patientes", précise le docteur Legouffe, oncologue à Nîmes et nouveau directeur de Diane.
Une initiative saluée par un premier prix décerné par l'Institut du sein, qui, on l'espère, incitera d'autres départements à suivre l'exemple.