La maison d’arrêt de Nîmes, la plus surpeuplée de France avec 442 personnes détenues pour 180 places. Des conditions de détention dénoncées comme difficiles pour les détenus et des conditions de travail "insoutenables" pour les personnels. Ils prévoient de bloquer l'établissement pénitentiaire ce lundi pour se faire entendre.
Il devrait être impossible d'entrer dans la maison d’arrêt de Nîmes, ce lundi 18 décembre. L'accès à la prison la plus surpeuplée de France derrière celle de Mayotte devait être bloqué par des personnels à bout de nerfs. 180 places pour un total de 442 personnes détenues. Un agent pour gérer plus de 90 détenus : les chiffres sont parlants. Les conditions de travail deviennent "insoutenables" selon les syndicats, la détention "cauchemardesque".
Murs moisis
"Les bâtiments sont tellement vétustes que les infiltrations sont permanentes dans les murs qui moisissent à vue d'œil. Cet été, les rats et les moustiques ont proliféré dans tous les secteurs. "Y compris chez les surveillants et les détenus qui s'occupaient des cuisines", confie une surveillante, jointe au téléphone. Sans parler des punaises de lits : avec trois détenus par cellule, elles avaient même infesté la buanderie. "On a dû faire venir un camion frigorifique pour régler la question", ajoute la salariée de la pénitentiaire.
Tension extrême
Ces conditions exacerbent les conflits, toujours plus nombreux, entre détenus. Deux ont été condamnés l'été dernier pour en avoir torturé un troisième. "On ne peut pas faire correctement les fouilles : tout est multiplié par trois et, ajouté aux tâches quotidiennes, nous ne sommes pas assez nombreux", ajoute David Dehaye, secrétaire local adjoint de l'UFAP-UNSA Justice.
Hypocrisie
Les secteurs annexes tels que le quartier arrivant, le quartier disciplinaire, le quartier d’isolement, l’infirmerie, le greffe ou encore le vestiaire sont déjà sous-dimensionnés, en raison du sureffectif constant.
Pour tenter de réguler cette surpopulation chronique, deux nouveaux bâtiments (hommes et femmes) sont en train de voir le jour au sein de l’établissement. Le nouveau bâtiment hommes aura une capacité de 120 places. "Et déjà, quelle hypocrisie puisque ces cellules comporteront des lits superposés et accueilleront donc en réalité un minimum de 240 détenus, sans compter les probables matelas au sol".
Restructuration avortée
Depuis plus d’un an maintenant, les organisations syndicales, en lien avec la direction locale travaillaient sur une restructuration des services existants pour s’adapter à cette fulgurante augmentation de la capacité d’accueil de la maison d’arrêt de Nîmes (entre 700 et 800 détenus).
"Alors que tout était ficelé pour augmenter les capacités structurelles des secteurs annexes, la direction locale nous annonce soudainement qu’il n’y a plus de budget pour organiser une telle restructuration (schéma directeur), et que tous les services actuels, hormis les parloirs, ne subiront aucune modification", explique David Dehaye, à France 3 Occitanie.
Schéma directeur
"Nous nous battons pour un vrai schéma directeur. Un budget à part entière. Celui-là n'a jamais été paramétré. C'est une projection sur au moins dix ans pour voir les travaux exacts qui doivent être réalisés, martèle Sébastien Pages, représentant de FO Justice. Ils doivent réhabiliter les vieux bâtiments. Le syndicat milite pour que "ce schéma directeur soit gravé dans le marbre, budgété pour des services annexes autour de la détention digne de ce nom".
A l'heure actuelle, les services comme l'infirmerie, les cuisines qui sont paramétrés pour 200 places théoriques : on sort par miracle plus de 400 repas par jour, on ne pourra pas en sortir 600 ou 700.
Sébastien PagesFO Justice
Sans schéma directeur, aujourd'hui on est incapable de nous dire quand on va refaire les cuisines par exemple. Elles seront peut-être refaites dans trois ou quatre ans mais l'extension aura déjà été ouverte. Dans l'état actuel des choses sans schéma directeur, impossible de se projeter : on ne sait pas si tous les secteurs seront agrandis pour accueillir tout le monde.
On dit "Stop", ajoute Sébastien Pages, à France 3 Occitanie. FO était contre l'extension en cours. Le syndicat a toujours milité pour un établissement neuf. Un vœu pieux pour l'instant.