À la même heure, deux manifestations se sont déroulées en parallèle devant les arènes de Nîmes. Les anti et les pro corridas se sont réunis, chacun de leur côté, en réaction à une proposition de loi contre la mise à mort des taureaux.
Les arènes de Nîmes viennent juste de retrouver leur public. Ce vendredi 16 septembre 2022, la première corrida de la feria a amassé la foule. Dans le même temps, un député de gauche, Aymeric Caron, vient de proposer une loi devant l'Assemblée nationale pour mettre fin à ce spectacle qu'il juge "immoral".
Que la corrida soit un spectacle immoral, un spectacle qui n'a plus sa place au XXIe siècle, je pense que c'est un point de vue qui est partagé par une majorité des Français.
Aymeric Caron, élu NUPES de ParisAFP
Il espère voir sa proposition de loi débattue à l'Assemblée nationale en novembre, précise l'AFP.
À Nîmes, la question ravive un débat qui ne s'est jamais éteint. Ce samedi 17 septembre, deux manifestations se sont tenues en parallèle, à la même heure, devant les arènes de la ville.
"Je n'ai jamais supporté et je ne supporterai jamais"
Dans un vacarme général, les anti corrida, émus, dénoncent la maltraitance animale.
Joëlle est née dans une famille de passionnés de corrida. "Mon père m’y amenait quand j’étais petite, je n’ai jamais supporté et je ne supporterai jamais. Et j’espère que ça finira par être interdit définitivement", explique celle qui ne supporte pas ce "spectacle". "C’est horrible du début à la fin, le taureau, arrivé à la fin, est déjà moitié mort. Il a perdu je ne sais pas combien de litres de sang… c’est une horreur", raconte-t-elle.
Je trouve ça lamentable qu’en 2022, on appelle ça de l’art, pour moi c’est de la torture. C’est une boucherie, ça ne devrait pas exister. A Nîmes, je trouve ça horrible que la seule culture que nous ayons soient les corridas. Pour moi c’est impossible de comprendre comment on peut être animé à voir ce spectacle de torture.
Joëlle, anti corrida
Michel non plus ne supporte pas la corrida : "c'est une torture, ça ne peut pas durer au XXIe siècle", juge-t-il. Et de reprendre : "la mise à mort du taureau et tout ce qui est violence animale est une horreur, c’est à supprimer à notre époque, c’est indigne de notre civilisation".
Défendre un "art en danger"
De l'autre côté, les aficionados entendent défendre ce qu'ils considèrent être "un art en danger". Ce sont les mots d'Anthony, 26 ans.
"La corrida c’est légal donc pourquoi nous en empêcher ? L’expression d’un art qui existe depuis des générations et des générations ne peut pas être galvaudé comme ça" soutient-il. Il s'interroge : "qu’est-ce que serait la feria et Nîmes sans la corrida ?"
Même son de cloche du côté de Dominique, aficionado depuis son plus jeune âge. "Je suis là pour la défense de nos traditions", explique-t-il. "Nos anciens nous ont appris ce qu’était la corrida, c’est pour ça que je veux absolument la défendre".
La corrida est une identité qui relie tous les passionnés du taureau, de l’élevage, des grands espaces et de la nature. Parce que la corrida c’est aussi la nature et c’est tout cela qu’il faut défendre.
Dominique, pro corrida
Pour lui, il n'est pas question d'envisager une corrida sans mise à mort du taureau : "ce serait un spectacle banal. La mort est l’ultime étape. C’est inconcevable d'imaginer une corrida sans la mort de la bête".
Les deux manifestations étaient séparées par un cordon de garde mobile, à l'affût d'éventuels débordements.