Une procédure unique, commencée à Nîmes en 2019, était examinée ce jeudi 6 juin par la Cour de cassation. Il s’agit d’une demande de réhabilitation de Jacques Fesch, exécuté à 27 ans pour avoir tué un policier lors d’un braquage à Paris.
Fils de d'assassin, fils de saint ? C'est le titre d'un livre racontant une histoire hors norme. C'est aussi le combat d'un fils pour rétablir l'honneur de son père. Un combat vieux de 30 ans, celui de Gérard, enfant placé à l'assistance publique peu après sa naissance. Sa mère, qui veut le secret absolu autour de ce bébé, va jusqu'à changer l'initiale de son nom pour brouiller les pistes.
L'enfant, ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil découvre l'existence et l'identité de son père à l'âge de 40 ans en lisant un article dans l'Express. Il s'appelle Jacques Fesch. Fils de famille bourgeoise parisienne, il a été guillotiné en 1957, trois ans après avoir tué un policier lors d'un braquage qui a mal tourné.
Demande de béatification
Durant sa détention, Jacques Fesch devenu mystique, a publié plusieurs ouvrages de référence au point qu'une procédure de béatification a été engagée par l'Eglise catholique. Sa demande de grâce a pourtant été rejetée par René Coty, le président de la République de l'époque. " Demandez-lui, je vous prie d'accepter le sacrifice de sa vie pour la paix de l'Etat", avait-il écrit à l'avocat du condamné à mort.
Reconnaissance
"La veille de son exécution, mon père m'a adressé une lettre de reconnaissance. Elle ne m'a jamais été transmise, ajoute Gérard Fesch, après l'audience devant la Cour de cassation. C'était une audience solennelle, très émouvante. Mon avocat maître Spinosi a rappelé la volonté de mon père de s'amender et la manière dont il l'avait démontré par ses écrits et sa foi".
Exemple d'amendement
"En contradiction avec la philosophie de la peine de mort, son histoire illustre que tout homme n’est jamais définitivement perdu pour la société.
Le cheminement personnel suivi par Jacques Fesch est un des exemples d’amendement les plus aboutis et démontre qu’il ne peut se résumer à son crime.
Me Patrice SpinosiCour de Cassation
En effet, il fait toujours figure d’exemple, plus de soixante-cinq ans après son exécution, à telle enseigne que l’Église catholique envisage sa béatification. Ainsi, le parcours singulier de ce condamné et la portée de son histoire justifient que son honneur soit rétabli", a plaidé Me Spinosi devant les conseillers de la Cour de cassation. Une audience exceptionnellment filmée pour les archives de l'Histoire.
Gérard Fesch, fils de saint ou d'assassin ?
Si la réhabilitation arrive, la boucle sera bouclée. J'aurai été jusqu'au bout des choses. Ce sera une façon de remercier mon père de sa repentance et de sa reconnaissance. Je le lui dois.
Gérard FeschFrance 3 Occitanie
Jacques Fesch a été guillotiné le 1 er octobre 1957, jour de son 27 ième anniversaire.
La Cour de cassation rendra son arrêt le 1er octobre 2024 !